Municipales : l’abstention toujours plus haut
Lors du second tour des élections municipales, salle 150, dimanche 28 juin. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Ces élections municipales 2020, avec leurs deux tours séparés par trois mois, en pleine pandémie de Covid-19, resteront surtout celles dominées par l’abstention. Déjà élevée au premier tour, elle atteint des sommets. La peur de la maladie est loin d’être la seule explication.

Dimanche 28 juin, ce second tour des élections municipales à Grenoble n’a pas attiré les foules. L’abstention progresse dans les six bureaux de vote du quartier et suit la tendance municipale, de façon légèrement moins marquée. Ainsi, si l’abstention a progressé de 6 % en moyenne à Grenoble entre les deux tours, elle n’a progressé que de 5 % à Villeneuve. Mais avec des taux déjà élevés au premier tour, elle atteint des sommets : jusqu’à 82 % d’abstention dans le bureau de vote Arlequin 1 !

De quoi faire dire à un habitant : « Un tel score, c’est un plébiscite. Mais à l’envers ! » De quoi surtout questionner la légitimité d’une telle élection et la représentativité d’un tel bureau de vote. Les risques sanitaires de la pandémie de Covid-19 et un second tour presque joué d’avance vu les résultats du premier (la liste du maire sortant Éric Piolle avait recueilli 47 % des suffrages et ses trois concurrents s’étaient maintenus, sans fusion de listes, ce qui divise les scores de l’opposition) expliquent en partie cette abstention.

Le désintérêt et un rejet profond marquent le système électoral actuel. L’abstention est surtout un moyen d’expression politique. Le Crieur avait consacré un article aux abstentionnistes du quartier avant le premier tour des ces élections municipales. Parmi les raisons évoquées, l’écart entre les promesses et les mesures réellement prises et le sentiment que voter ne sert à rien figuraient en bonne place. D’autres moyens de mieux impliquer les habitants dans la vie démocratique existent mais la démocratie locale peine à se renouveler malgré quelques timides avancées municipales (budget participatif, votation citoyenne).

Symbole de ce rejet, le référendum d’initiative citoyenne (RIC), auto-organisé en octobre 2019 et consacré à la question de la démolition de logements sociaux à l’Arlequin, a rassemblé bien plus de votant·e·s que ce second tour (526 votant·e·s pour le RIC, 380 votant·e·s au second tour pour le même périmètre).

Piolle en tête

Comme au premier tour, la liste « Grenoble en commun », menée par Éric Piolle arrive en tête dans les six bureaux de vote du quartier lors de ce second tour. La liste « Un nouveau regard sur Grenoble », menée par Émilie Chalas termine dernière dans les six bureaux de vote. Seule différence avec le premier tour, à l’échelle du quartier, « La société civile avec Alain Carignon » passe devant « Grenoble nouvel air » d’Olivier Noblecourt, bien que, dans le détail par bureau de vote, la situation soit plus complexe (voir les résultats complets ci-dessous).

Deux candidats tirent leur épingle du jeu : Éric Piolle progresse, quoique faiblement, en nombre de voix entre les deux tours (14 voix de plus) ainsi qu’Alain Carignon, encore plus faiblement (cinq voix de plus). Le nombre de voix d’Émilie Chalas s’érode (15 voix de moins). Quant à Olivier Noblecourt, il chancelle, en perdant 87 voix entre les deux tours !

Le report de voix semble avoir été classique : Piolle progresse de 9 % entre les deux tours (53,4 % contre 44,5 %), soit un peu mieux que le score cumulé des deux listes d’extrême gauche « La Commune est à nous ! » (5,60 % au premier tour) et « Lutte ouvrière » (2,30 %). Chalas reste stable (7,96 % contre 7,69 % au premier tour). Les tendances à la baisse de Noblecourt (18,5 % contre 21,1 % au premier tour) et à la hausse de Carignon (20,1 % contre 16,7 % au premier tour) se croisent. Comme au premier tour, la gauche au sens large (Piolle, Noblecourt) obtient de meilleurs scores à Villeneuve qu’en moyenne à Grenoble, tandis que logiquement la droite (Chalas, Carignon) y obtient de moins bon scores.

Les résultats complets