Villeneuve – Rio, regards croisés
La BatacaVidi (Brésil) et la BatukaVI (France) poursuivent leurs échanges commencés en 2019, comme ici sur la place des Géants, à Villeneuve. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Une douzaine de jeunes, membres de la BatucaVidi, une batucada de la favela de Videgal, à Rio de Janeiro (Brésil), passe deux semaines en France, dans le cadre d’un échange international avec la BatukaVI. Ce séjour fait suite au voyage de la BatukaVI au Brésil, en 2019. L’occasion de parler des quartiers populaires des deux côtés de l’Atlantique.

Après trois reports, la quatrième fois est la bonne ! Les jeunes de la BatucaVidi, une batucada brésilienne, sont arrivés mi-avril à la Villeneuve, pour un échange international avec la BatukaVI, la batucada des Villeneuves de Grenoble et d’Échirolles. Ces Brésiliens et Brésiliennes viennent de Videgal, une favela de Rio de Janeiro (Brésil).

Pendant les vacances, la BatukaVI leur a fait faire un tour du quartier à la rencontre des associations de la Villeneuve. De quoi renforcer les liens déjà forts entre les deux formations musicales. « La BatucaVidi a été créée en février 2018, raconte Isis Maria, la fondatrice de la batucada. Elle a été montée avec l’aide de la BatukaVI et de Willy [Willy Lavastre, coordinateur de la BatukaVI, ndlr], qui nous ont, par exemple, donnés des instruments de percussion. »

Un premier échange a eu lieu en 2019, au Brésil. Par réciprocité, les Français et Françaises accueillent cette fois les Brésiliens et Brésiliennes. Un voyage onéreux, plusieurs fois repoussé à cause de la pandémie de covid-19. « On a commencé à rassembler l’argent il y a un an. On voulait montrer que, même si c’est compliqué de pouvoir voyager à l’étranger, c’était une occasion unique. Beaucoup de gens nous ont aidés
à financer ce voyage, grâce à un financement participatif. », poursuit Isis Maria. « Quand tu viens d’une favela, les gens qui n’y habitent pas pensent que tu n’es pas capable d’accomplir quelque chose. Avec la BatucaVidi, on leur montre que si, c’est possible, qu’on peut voyager. On va même jouer pour l’ONU devant son siège de Genève [le 29 avril, ndlr] ! »

Le Crieur avait déjà rencontré Isis Maria en 2018, quand elle était venue se former auprès de la BatukaVI (lire l’article Une dose de Villeneuve, une dose de Ouaga, une dose de Rio et ça secoue). La Villeneuve a-t-elle changé depuis ? « Les commerces fermés, c’est un peu triste. Peut-être à cause de la pandémie… En tout cas, les gens sont bien plus chaleureux que la dernière fois, sûrement parce que j’étais venue en plein hiver ! »

Natalia Mer, la professeure de chant de la BatucaVidi, complète : « La Villeneuve est un très bel endroit, avec beaucoup de fleurs. Il y a beaucoup de choses qui se passent dans ce quartier. C’est juste un peu dommage que les gens ne connaissent pas toutes les initiatives qu’il y a ici. Par rapport à une favela au Brésil, il y a peut-être moins la notion de communauté, le fait que tous les habitants fassent groupe ensemble. »

En tout cas, l’image qu’elle a désormais du quartier est à l’opposé de ce à quoi elle s’attendait : « Un de meilleurs amis habite à Grenoble. Quand je lui ai dit que j’allais à la Villeneuve, il m’a dit : « Fais attention, tu vas dans le pire endroit de la ville ! » » Dur pour la Villeneuve de se débarrasser de cette mauvaise réputation. « C’est difficile de se dire que la Villeneuve est considérée comme un quartier pauvre. Un quartier comme cela, au Brésil, ça serait un quartier de classes moyennes ! »