Référendum Arlequin : large victoire du non aux démolitions
Lors du dépouillement des votes au référendum, dimanche 20 octobre. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Le RIC a rendu un verdict sans appel. Avec presque 70 % des suffrages, le non aux démolitions l’emporte largement. L’aboutissement de dix mois de travail pour les organisateurs.

Dimanche 20 octobre, peu après 19 heures, l’ambiance est fébrile. Le référendum sur les démolitions de logements sociaux à l’Arlequin vient de se terminer. Le jaune, couleur du référendum, est de mise sur les banderoles et affiches qui recouvrent la salle 150, à l’Arlequin. Organisateurs, Gilets jaunes, simples habitants et observateurs, une quarantaine de personnes se pressent dans une ambiance digne d’une soirée électorale. Les urnes sont renversées sur les tables et le compte commence. Déjà, une première satisfaction pour les organisateurs puisque la barre des 500 votes a été franchie. Le début d’une longue soirée à compter, recompter, vérifier les listes d’émargement et comparer les listes jusqu’au résultat final, après trois heures de travail : une large victoire pour le « Non aux démolitions », avec près de 70 % des suffrages.

https://twitter.com/Crieur_V/status/1186028100238413824?s=20
Proclamation des résultats du référendum, dimanche 20 octobre (images : Benjamin Bultel, Le Crieur de la Villeneuve)

Dans le détail, 526 habitant·e·s ont voté : 365 contre les démolitions (69,6%), 130 pour (24,8%), 24 se sont abstenu·e·s et il y a eu cinq votes blancs et deux votes nuls. Une victoire incontestable pour l’opposition aux démolitions de HLM, sans être un raz-de-marée qui aurait pu faire douter de la légitimité du référendum. Car la fiabilité et la rigueur ont été les fers de lance de ce référendum. Les organisateurs ont tenus à être le plus inattaquable possible sur sa tenue. Chose d’autant moins aisée que la mairie avait refusé d’aider à l’organisation du RIC (lire l’article Un référendum sur les logements sociaux). Des scrutateurs (Bernadette Richard-Finot, élue d’opposition au conseil municipal, des sociologues, des journalistes – dont celui du Crieur –, des membres de la table de quartier) se sont régulièrement rendus sur les bureaux de vote pour vérifier leur bonne tenue. Listes d’émargement, clés des urnes et urnes elles-mêmes étaient entreposées le soir chez des « personnes neutres ».

« Boulot énorme »

Bureau de vote fixe de l’Arlequin, mercredi 16 octobre. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

En attendant que les comptages soient terminés, les participant·e·s refont le référendum et louent le grand intérêt que les habitant.e.s ont porté au scrutin. Pour cette assesseure qui a tenu un bureau de vote au pied du 170 galerie de l’Arlequin : « La plupart des gens ne savaient pas ce qui allait être démoli. Ils ne savaient pas où était le 20 [galerie de l’Arlequin], en particulier les gens installés récemment. Quand les gens avaient voté, on discutait avec eux. Quand ils votaient pour, on essayait de savoir pourquoi. Certains disaient : « Il y a trop de monde à Villeneuve »… Alors pourquoi ils sont venus s’installer ici ? D’autres n’étaient pas d’accord avec la question posée, ils la trouvaient trop limitée. »

André Béranger, figure du quartier et promoteur acharné du RIC, se dit « satisfait d’avoir libéré la parole. On a rencontré des gens avec des positions très différentes. Certains disaient : « Y a qu’à raser ! ». Or on pourrait prendre les sommes faramineuses utilisées pour raser pour améliorer le cadre de vie. C’étaient des discussions chaleureuses, avec des gens simples. Il n’y a pas de nantis ici, à Villeneuve. »

Plus que le résultat, c’est le succès du RIC qui est fêté, même si l’ambiance aurait surement été différente si le oui l’avait emporté. Une habitante venue assister au dépouillement loue le « boulot énorme » accompli par les organisateurs : trois bureaux de vote ont été tenus, huit heures d’affilée, pendant sept jours. Même la constitution des listes d’émargement a été un travail de titan. Raul Magni-Berton, politologue spécialiste du RIC, venu assister au dépouillement, est du même avis mais reste sceptique sur la portée politique de ce référendum : « S’il n’y a pas de résultat derrière, cela aura été trop d’énergie dépensée pour pas grand-chose, une pétition aurait fait même travail. »

Si l’issue indique clairement que la majorité des habitant·e·s de l’Arlequin qui se sont exprimé·e·s sont opposé·e·s aux démolitions de logements sociaux, comment traduire cette expression en actes ? D’autant plus que cette consultation n’avait aucun cadre légal. Les organisateurs du référendum, parmi eux le Collectif contre les démolitions imposées à Villeneuve, indiquent organiser une conférence de presse le lendemain pour tirer les premières leçons de ce référendum et exposer leur position.

Reste la fierté, après dix mois de travail, d’avoir réussi un tour de force en organisant ce référendum. Ce que notera Raul Magni-Berton avec ce mot de la fin : « Vous êtes officiellement le RIC illégal le plus grand de France ! »