« Pour ou contre les démolitions de HLM ? »
Au bureau de vote en bas du 20 galerie de l’Arlequin, lundi 14 octobre 2019. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Du 14 au 20 octobre se tient un référendum sur les démolitions de logements sociaux à l’Arlequin. Passage en revue des enjeux.

Depuis lundi 14 octobre et jusqu’au dimanche 20, les habitants de la galerie de l’Arlequin (du 10 au 170) peuvent répondre à une question simple « Êtes-vous pour ou contre les démolitions de logements sociaux à l’Arlequin ? » Ce référendum purement consultatif, « non-contraignant » selon le collectif qui l’organise, est l’aboutissement de plusieurs mois de mobilisation. Il porte sur plusieurs projets inclus dans la convention du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU, ou Anru 2). D’une part la démolition du 20 galerie de l’Arlequin, prévue pour être finie en 2025, et celles, possibles, des 10, 60 sud, 90, 110 et 120 galerie de l’Arlequin, intégrées dans une clause de revoyure de cette convention, qui interviendra en 2021.

La période du référendum a été précédée d’une campagne d’un mois pour « que les habitants puissent se forger un avis ». Le 27 septembre, un débat contradictoire s’est tenu salle 150. « Élus et promoteurs du projet » avaient été invités. Sans succès, la mairie et la Métro ayant décidé d’adopter la politique de la chaise vide. Dans une lettre adressée à un des membres de la table de quartier, Maryvonne Boileau, élue à la Politique de la ville, indique que « la Ville et les élus ne prendront pas part à votre initiative et adopteront la réserve qui s’impose pendant cette période particulière ».

Le collectif organisera donc la votation par ses propres moyens, la mairie ayant refusé d’aider à sa mise en place, en fournissant matériel de vote et urnes par exemple.

Quel choix ?

Un choix difficilement compréhensible sachant qu’Éric Piolle, le maire de Grenoble, s’était montré sceptique face aux démolitions, en 2017, en parlant « de logiques qui ne sont pas celles que nous [la mairie, ndlr] portons ». Lors d’une réunion publique sur le référendum, une habitante a dénoncé le « chantage de l’Anru » : se plier aux conditions de l’agence, en terme de démolitions, pour obtenir les fonds nécessaires à la rénovation urbaine.

Une assertion que le collectif a tenté de relativiser en détaillant les financements de la rénovation urbaine. « On peut faire de la rénovation urbaine presque en se passant de l’Anru ! » C’est aller un peu vite en besogne : sur les 226 millions d’euros du projet de rénovation urbaine à la Villeneuve et au Village Olympique, 19 % sont apportés par l’Anru, l’essentiel étant financé par les bailleurs

Modalités du référendum
Qui ? Les habitants de la galerie de l’Arlequin (du 10 au 170), ayant plus de 18 ans, quelle que soit leur nationalité.
Où ? Dans trois bureaux de vote. Un, fixe, au Patio, et deux bureaux mobiles, en bas de deux montées, qui changeront chaque jour. De 11 heures à 19 heures (les organisateurs avaient prévu une amplitude horaire plus grande mais ont dû la réduire par manque de bénévoles).
Comment ? Un justificatif de domicile est à produire (facture, quittance de loyer, avis de taxe) et une pièce d’identité.

sociaux (36 %) soit, in fine, par les locataires. L’Anru finance 80 % du montant HT des démolitions, mais seulement 20 % de la réhabilitation des logements sociaux ou de l’aménagement des espaces publics. Une ressource financière indéniable après les ponctions financières du gouvernement sur les bailleurs sociaux qui ont réduit la capacité de ceux-ci à financer des projets de réhabilitation.

Le bureau de vote fixe au Patio, lundi 14 octobre. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Les partisan·e·s des démolitions mettent en avant « l’ouverture du quartier » et « le besoin de plus de mixité sociale ». Des arguments battus en brèche par l’opposition aux démolitions : « La réhabilitation coûte moins cher qu’une démolition suivie d’une reconstruction, ce que la mairie admet. » « Alors que Grenoble manque de logements sociaux, pourquoi en démolir ? » « Au prétexte d’améliorer la mixité sociale, on envoie habiter plus loin les gens dont les revenus sont faibles. » « La démolition du CCAS suffirait à donner une entrée sur le parc. » « Ce n’est pas du tout écologique de démolir puis reconstruire. » Si les arguments contre les démolitions sont très nombreux, le risque demeure que le référendum sur les démolitions se transforme en référendum sur le projet de rénovation urbaine global. Car la principale crainte de certains est que la remise en question des démolitions de logements sociaux ne menace le reste des projets de rénovation urbaine. « La convention, bien que signée, peut être amendée par avenants, ce qui a été le cas avec l’Anru 1», rappelle le collectif.

Pour le collectif, quelque soit le résultat, le référendum sera un succès s’il y a plus de votants que lors des dernières élections, les européennes en mai. Le collectif lance un appel à bénévoles pour tenir les bureaux de vote et participer au dépouillement, qui se déroulera le 20 octobre à partir de 20 heures, salle 150. Le collectif incite également la presse à suivre la bonne
tenue du référendum, ce que fera Le Crieur.