La mobilisation pour une famille à la rue paye
À l’entrée de l’école des Buttes, le soutien à la famille hébergée s’affichait. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Une famille de sept personnes, dont cinq enfants, s’est retrouvée à la rue ce mercredi matin. Temporairement mise à l’abri à l’école des Buttes, elle devrait pouvoir bénéficier d’une solution d’hébergement.

« Un toit pour Alexia et sa famille » ou encore « École occupée, un toit c’est un droit, que fait l’État ? », indiquent les banderoles accrochées sur l’école des Buttes, au nord de la Villeneuve. Ce mercredi 30 mars midi, une famille de sept personnes, dont cinq enfants, sans domicile, a été mise à l’abri dans les locaux de l’école, avant qu’une solution d’hébergement ne soit trouvée dans l’après-midi.

Jusqu’ici hébergée dans des conditions précaires (un logement de type 1 pour huit personnes) par une connaissance, la famille s’est retrouvée à la rue ce matin. Sans attendre, à la fin des cours, des parents d’élèves, des professeurs et des membres d’associations d’aide aux réfugiés ont mis à l’abri la famille dans les locaux de l’école des Buttes, où est scolarisée Alexia, une des filles de la famille. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle d’une autre famille mise à l’abri à l’école du Lac à l’été 2019.

Dans l’école, un semblant de vie normale s’organise : les enfants jouent au ballon, des couchages sont installés, des voisins et des bénévoles apportent de la nourriture et des couches pour bébé. Une famille, originaire du Kosovo et sans logement, elle aussi, il y a quelques années, apporte à manger et son soutien.

La famille hébergée à l’école des Buttes vient de République démocratique du Congo. « En RDC, j’ai eu des problèmes politiques, j’étais devenu un élément gênant. », raconte Roger, le père de famille. « J’ai subi des menaces, on a menacé de s’en prendre à ma famille… On est parti se réfugier en France, en 2019. L’OFII [Office français de l’immigration et de l’intégration, qui dépend du ministère de l’Intérieur et qui gère les demandes d’asile, ndlr] nous a installés dans les Vosges où on a fait notre demande d’asile. » Sauf que la demande est refusée au printemps 2021. Assignée à résidence, la famille prend peur quand elle voit « l’expulsion dans son pays d’origine d’une autre famille dans la même situation [qu’elle] » et décide, sur les conseils de proches, de partir à Grenoble. Commence une longue période de logements précaires et d’hébergements d’urgence intermittents, où la mère et les enfants dorment à l’abri mais le père doit dormir dehors. Les enfants sont alors scolarisés dans les établissements scolaires du secteur : une au lycée Louise Michel, deux au collège Olympique et une à l’école des Buttes. Le dernier enfant n’a pas encore l’âge d’être scolarisé. Sans-papiers, les parents ne peuvent pas travailler. Une connaissance les héberge ensuite chez elle, uniquement la nuit, dans son petit logement. Jusqu’à ce mercredi 30 mars, où cette connaissance a dû déménager.

« La mairie, le CCAS et le 115 sont alertés de la situation de la famille depuis novembre. », explique Thibaut, professeur au collège Olympique et soutien de la famille, en début d’après-midi. « On a aussi contacté Élisa Martin [première adjointe à la mairie, élue aux Quartiers populaires et par ailleurs élue déléguée à l’école des Buttes, ndlr], sans obtenir de solution d’hébergement. Il n’y a pas d’autre choix que de rester à l’école tant qu’il n’y a pas de solution d’hébergement. »

Dans l’après-midi, Céline Deslattes, élue municipale déléguée à la Grande précarité, accompagnée d’une employée du CCAS, est venue s’informer de la situation. La famille bénéficie en effet d’une procédure Daho, pour Droit à l’hébergement opposable, obtenue en novembre 2021. En clair, l’État a reconnu à la famille un droit prioritaire à un hébergement et la préfecture de l’Isère était censée lui en trouver un dans les six semaines. Las, le 30 mars, elle ne l’avait toujours pas fait. Mais une bonne nouvelle est arrivée dans l’après-midi. Selon Mme Deslattes, la préfecture s’engagerait à héberger la famille à partir de demain jeudi. En attendant, la famille sera logée à l’hôtel, par la mairie, pour la nuit. « Il y a de nombreuses incertitudes sur l’hébergement proposé par la préfecture, en terme de taille et de situation, donc on va rester vigilants. Mais c’est une bonne nouvelle ! », se réjouit Thibaut. Contactée par Le Crieur, la préfecture de l’Isère a refusé de commenter la situation.

À 150 mètres de l’école des Buttes et visibles depuis la cour, les 190 logements du 10 et du 20 galerie de l’Arlequin sont vides depuis de nombreux mois. Murs en parpaing, portes blindées et caméras de vidéosurveillance ont été installés par le bailleur, CDC Habitat, pour que personne ne vienne les occuper.

Mise à jour du 31 mars 2022 : ajout du refus de répondre de la préfecture.