Une famille de huit personnes, à la rue depuis le 11 juillet, est temporairement hébergée dans une salle municipale du quartier, après avoir dormi quelques jours dans la cour de l’école du Lac. Aucune solution d’hébergement n’est pour l’instant envisagée.
C’est l’histoire, comme malheureusement tant d’autres, d’une famille à la rue. Huit personnes du quartier — la mère, le père et leur six enfants — aidés par des parents d’élèves, des instits et des habitants. Hébergés depuis quelques jours dans des tentes dans la cour de l’école du Lac, où sont scolarisés les cinq enfants les plus âgés, la famille occupe depuis lundi soir la salle polyvalente des Baladins, une salle associative du quartier de la Villeneuve.
Le collectif Réseau éducation sans frontières (RESF) de l’école du Lac a mis la famille « à l’abri » dans la salle polyvalente. « Nous refusons de voir dormir dehors une nuit de plus 6 enfants âgés de 22 mois à 9 ans. […] Nous sommes fiers de notre quartier et de la solidarité indéfectible de ses habitant·e·s et de celles et ceux qui y travaillent ; mais ce n’est pas à nous de pallier les défaillances des institutions. », écrit le collectif dans un communiqué.
Deux matelas, quelques couvertures et vêtements, il y avait peu à déménager. Mais la solidarité commence à s’organiser à la Villeneuve. Des habitants du quartier sont venus apporter des affaires, à manger. Les boulistes qui jouent tout proche de l’école sont scandalisés qu’une famille se retrouve sans logement. D’autres habitants, étonnés de voir disparaître les tentes, vont aux nouvelles.
Si pendant quelques jours la famille aura un toit au-dessus de la tête, la solution n’est pas pérenne. Ivana, la mère, témoigne d’ailleurs que ses enfants, stressés par la situation, ont du mal à manger. Rien ne vaut un vrai logement.
Gwenaël Delaval, parent d’élève délégué de l’école et membre du collectif RESF de l’école du Lac, retrace le parcours de la famille : « Ils sont en France depuis 2017, ils viennent de Serbie. Ils ont fait une demande d’asile ici car ils sont menacés de mort en Serbie par la mafia locale et parce qu’ils sont Rroms. » Déboutée de sa demande d’asile, la famille était obligée de quitter son logement, dans un Centre d’accueil de demandeurs d’asiles (cada) géré par l’association La Relève, galerie de l’Arlequin.
« Ils sont sans ressources et le père est malade, donc il ne peut pas travailler. » La famille s’est d’abord maintenue dans le logement avant que « le tribunal administratif de Grenoble ne juge, en mars 2019, qu’ils pouvaient être expulsés de force. » Ils ont obtenu un délai avant leur expulsion puis un deuxième, jusqu’à la fin de l’année scolaire, début juillet. « Ils sont à la rue depuis jeudi dernier [le 11 juillet, ndlr]. », sans solution d’hébergement.
Le collectif RESF de l’école du Lac, qui s’est créé fin 2018 pour aider la famille et qui regroupe parents d’élèves et instits de l’école, a d’abord ouvert la cour de l’école pour les installer. « On veut mettre la pression sur la mairie de Grenoble, la Métro et le département pour leur trouver un logement. », indique le collectif. « La mairie avait dit qu’il était possible que la famille soit hébergée au gymnase de la Houille Blanche [ouvert par la ville de Grenoble pour accueillir des personnes à la rue expulsées de leur campement, fin juin. Lire l’article de nos confrères de Place Gre’net, ndlr] mais on a appris deux jours avant leur expulsion que ça ne l’était pas… »
« La famille est dans le désarroi total. L’école représente quelque chose pour eux, ça les a rassurés d’être hébergés ici. », témoigne une instit de l’école du Lac, qui met en avant le respect du droit de l’enfant et la continuité de la scolarisation.
Le communiqué de RESF Isère :
Un commentaire
Béranger dit: 18 juillet 2019 à 8 h 11 min //
D’autres familles à Villeneuve subissent ces mises à la rue et sont en danger.. L’école La Fontaine a protesté en vain pour une jeune maman seule en charge de 3 enfants..