« Start-up nation » sauce ter-ter
La députée LREM de la sixième circonscription Émilie Chalas, le 30 novembre 2018. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Un débat sur l’emploi ? Utile quand seuls 50 % des gens du quartier en âge de travailler ont un emploi déclaré.

Vendredi 30 novembre, une quarantaine de personnes sont présentes salle 150 à l’invitation de la députée La République en marche (LREM) Émilie Chalas, dont la circonscription englobe la Villeneuve.

Parmi les intervenants, des entrepreneurs ayant lancé leur entreprise ou encore des responsables de structures d’insertion. Mais les casquettes peuvent se cumuler. Comme pour Angela Mokondjimobe, membre du public qui se présente comme enseignante. Elle est aussi co-animatrice du comité grenoblois LREM, « responsable départementale du parti pour l’engagement citoyen ». Idem pour Olivier Six. Invité à prendre la parole, il est présenté uniquement comme chef d’entreprise et représentant de l’organisation patronale le Medef. Il est surtout candidat à la présidence de LREM en Isère [il a d’ailleurs été désigné chef local du parti d’Emmanuel Macron depuis, ndlr]. S’il n’a pas de solution au chômage, il aime le travail peu rémunéré : « Je m’engage à ce que dans les 15 jours, je prenne 30 jeunes en stage dans mon entreprise. » « À 25 ou 30 ans, les gens n’ont plus le temps de faire des stages. », lui fait écho un habitant.

Plusieurs habitants souhaitent pointer la situation sociale alarmante dans les quartiers. À Villeneuve, 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. « Les stages c’est sympa, mais quand tu es dans la misère et que tu ne peux plus manger, tu fais quoi ? », interpelle quelqu’un. « Il n’y a plus le même tissu associatif qu’avant. Il n’y a plus d’associations de jeunes. », explique un commerçant. « La suppression des contrats aidés [par le gouvernement pendant l’été 2017] a fragilisé les associations, qui ont un rôle social. », abonde un militant associatif (lire Le Crieur n° 22). Dans les quartiers Villeneuve – Village Olympique, la baisse des contrats aidés se traduit par la perte de 70 emplois entre 2016 et 2017.

Le public aborde longuement les discriminations envers les gens des quartiers. Un invité a beau clamer que « quand vous créez votre entreprise, il n’y a pas de discrimination », un entrepreneur du quartier lui rétorque que la discrimination existe bel et bien, ne serait-ce que pour contracter un prêt auprès d’une banque.

Un débat sur l’emploi empli de bonnes intentions, avec le constat que de nombreux dispositifs existent mais que peu de gens les connaissent. Peut-être, comme le pointe une élue, à cause du « détricotage des acteurs de la prévention spécialisée ».