Quand Le Crieur se fait squeezer par la mairie
Vue de la ville de Zurich, en Suisse. (photo : Kuhnmi, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

Début mars, Le Crieur devait organiser une présentation du média et du quartier à une délégation suisse. Pas de chance, on s’est fait bananés par la mairie de Grenoble.

Tout commence le 1er février dernier. On reçoit un sympathique mail, en français, du secrétaire d’une commission municipale (composée d’une douzaine d’élus) de Zurich, en Suisse, qui organise une visite à Grenoble du 7 au 9 mars. La délégation suisse souhaite nous rencontrer, qu’on présente le journal et qu’on leur fasse un tour du quartier, en allemand ou en anglais, en abordant notamment les problématiques du logement dans le quartier. Ce n’est pas vraiment dans nos habitudes mais on se dit que pourquoi pas. Des Suisses qui visitent la Villeneuve, ça rend bien. Les discussions avancent et le 12 février, nous décidons d’organiser cette rencontre le vendredi 8 mars, le matin, avec deux personnes de l’équipe du Crieur.

La délégation suisse contacte également d’autres structures grenobloises, dont la Ville de Grenoble, qui, le 14 février, leur mitonne un programme aux petits oignons : visite de la Bastille en prenant les bulles, rencontre avec des élus et… visite de la cité des Volets verts, dans le quartier de l’Abbaye [voir encadré ci-dessous, ndlr], le vendredi 8 mars au matin et de la Villeneuve l’après-midi.

La délégation suisse se trouve fort contrite devant ce télescopage de calendrier : deux visites dans la même matinée et deux visites de la Villeneuve dans la même journée ! Le Crieur prend donc contact, le 27 février, avec Aurélie Le Meur, la responsable du service Ville ouverte à la Ville de Grenoble (qui vient de prendre ce poste après avoir été première adjointe à la mairie de Chambéry pendant plus de trois ans). Le même jour, d’un commun accord, la Ville et Le Crieur font trois propositions aux Suisses :

  • annuler la visite des Volets verts, rencontrer Le Crieur le matin et revisiter la Villeneuve avec la Ville l’après-midi ;
  • séparer leur groupe en deux pour faire toutes les visites ;
  • organiser une visite commune Ville-Crieur le vendredi matin et laisser l’après-midi libre.

Le lendemain, les Suisse, bien exigeants, optent pour la troisième proposition, en demandant à ce qu’une visite d’un autre lieu soit organisée le vendredi après-midi.

Le 1er mars, le couperet tombe : la Ville estime qu’il « est très compliqué de caler un nouvel élément de programme » et propose de maintenir son programme initial, empêchant, de fait, la rencontre avec Le Crieur le vendredi matin, à notre grand désespoir et à celui des élus suisses. La Ville n’a, en tout cas, pas daigné répondre à notre rouspétance.

Les Volets verts
Aussi appelées les Vieilles Cités, les Volets verts sont le surnom de la Cité de l’Abbaye, trois ensembles de cinq immeubles de logement social construits dans les années 30, gérés par Actis. Très dégradée, la Cité est vouée à la démolition, vidée de ses locataires et un premier immeuble est détruit en 2017. Un collectif s’insurge contre cette démolition de logements sociaux et du patrimoine architectural de la ville. La Ville rachète finalement la Cité en 2018 et étudie sa réhabilitation. Vides pendant plusieurs années, les Volets verts sont occupés par des familles sans logement en 2021, appuyées par l’association Droit au logement. En février 2024, la mairie vote finalement la vente de 12 des 14 immeubles restants au promoteur immobilier Ogic (propriété du milliardaire Norbert Dentressangle) pour trois millions d’euros, les deux derniers immeubles étant réhabilités par le bailleur social Grenoble Habitat. Ogic prévoit de réhabiliter une partie des logements pour les vendre, d’en transformer une autre partie en résidence étudiante et de construire des commerces.