Villeneuve confinée ne manque pas d’idées
La crique centrale de l’Arlequin, le 25 mars 2020. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

« C’est long ! » se lamentait un voisin au… troisième jour de confinement. Depuis le 17 mars, Villeneuve, comme le reste de la France, est confinée. Une mesure inédite pour la plupart d’entre nous mais qui permet de créer une histoire commune. Et de faire en commun ? Échos des 15 premiers jours de confinement.

Écoles, centres sociaux, lieux publics fermés. Presque toutes les associations à l’arrêt. Beaucoup de commerces clos. Le marché en mode file indienne. Le confinement en place depuis deux semaines est bien présent dans nos vies. L’école est finie ? Pas vraiment, les cours se poursuivent en ligne. Enfin, pour celles et ceux qui ont internet, ce qui est loin d’être le cas partout ici. D’où des partages de connexions, déjà surchargées, entre voisins. Car si les quartiers populaires ont mauvaise presse ces derniers temps, leurs habitant·e·s accusé·e·s de ne pas respecter le confinement, cet épisode souligne surtout les inégalités dans la société : inégalités de santé avec plus de maladies chroniques (facteurs aggravant en cas de Covid-19) dans les quartiers, plus de travailleurs précaires qui ne peuvent pas faire de télétravail, des familles plus nombreuses dans des petits logements et une « continuité pédagogique » plus difficile à tenir (lire l’article Mais où est-donc Mme Ruetabaga ?). Le confinement ne se vit pas partout pareil. Mais les quartiers populaires sont peut-être là où la solidarité est la plus forte. Illustration à Villeneuve.

Choses entendues pendant ce confinement

Depuis le premier jour du confinement, les habitant·e·s du 170 galerie de l’Arlequin, qui abrite plusieurs musiciens pros, se sont lancés dans le pari de jouer et chanter tous les soirs à leurs balcons et à leurs fenêtres. Depuis, ils et elles s’y tiennent. La démarche a été un brin mise en scène (tous les médias locaux avaient été conviés dès le lendemain) mais fait parler de Villeneuve de façon plus positive. Et puis voir jouer de la clarinette ou de la cornemuse par sa fenêtre ne manque pas de piquant. Parmi les chansons entonnées, Bella Ciao, chanson antifasciste en italien, et Corona 170, chanson d’autodérision bobo composée pour l’occasion. Des vidéos et des photos sont à retrouver dans l’article détaillé : Au 170, la musique se joue du confinement.

Chanson toujours : la BatukaVI réenregistre, par téléphones et écrans interposés (et a capella s’il vous plaît), plusieurs chansons extraites du prochain album du groupe BatukaVI autour du monde. Le premier clip est à retrouver ci-dessous :

Choses vues pendant ce confinement

Des gens qui bronzent sur les toits de l’Arlequin.

Des gens qui, à 20 heures, se font coucou grâce à leur lampe de téléphone d’immeuble à immeuble tandis que d’autres applaudissent.

Scène cocasse au début du confinement : des jeunes discutent au milieu du parc, à côté de leur voiture et de leur scooter, à l’arrêt. D’un joli mouvement, des flics surgissent derrière eux, d’une colline, grenade lacrymo à la main. Les jeunes s’enfuient, laissant les deux véhicules derrière eux. Après avoir lancé un « T’as rien à faire dehors ! », les flics s’en vont au volant de la voiture et au guidon du scooter. Chemin faisant, ils rencontrent une autre voiture dans le parc, qui s’enfuit à la vue des uniformes. Le scooter, sur lequel sont juchés deux flics, tente bien de la poursuivre mais abandonne rapidement, avant de rejoindre la voiture saisie, pour sortir du quartier.

Le 18 mars 2020, dans le parc de la Villeneuve. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Allée de la Pelouse, une banderole : « Des euros pour la santé, pas pour fliquer ! »

Choses prévues pendant ce confinement

Des habitants de la crique centrale réfléchissent à la création d’une radio éphémère, avec un répondeur pour laisser des messages qui pourront être diffusés à l’antenne. Intéréssé·e ? Contactez radionrv9@gmail.com.

À plus grande échelle, un appel à un moratoire sur les loyers a été lancé, à l’heure où les plus précaires peinent à joindre les deux bouts (chômage partiel, fin des contrats précaires, indépendant·e·s sans client). Au Canada, des milliers de personne signent des pétitions en ce sens. Et en France, pas de paye, pas de loyer ?

Note de la rédaction : Cet article a été publié dans le numéro 48 du Crieur, avril 2020.