Une ferme urbaine à la Villeneuve ?
Le terrain où s’installera la ferme urbaine, en face d’Alpexpo, à Grenoble. (photo : Agathe Legrand)

En avril, le projet de ferme urbaine du Collectif autonomie alimentaire a été retenu lors de l’appel à projet « Quartiers fertiles » de l’Anru.

Le terrain, entre le parking d’Alpexpo et le terrain de football du gymnase Jean Vilar, à Échirolles, est sauvage. Les herbes hautes arrivent au milieu des mollets et seul un petit passage en terre battue permet de se frayer un chemin pour faire le tour des 15 000 m². Dès l’automne prochain, cette friche sera remplacée par une ferme. Pas de veau, vache ou cochon, mais des fruits et des légumes, cultivés en maraîchage bio intensif, auxquels les habitants des Villeneuves de Grenoble et d’Échirolles auront accès, à condition de mettre la main à la pâte. C’est le Collectif autonomie alimentaire, association grenobloise, qui a lancé ce projet de ferme urbaine.

Carte de l’emplacement de la future ferme urbaine, en bleu. (fonds de carte : Géoportail)

L’idée n’est pas nouvelle : le collectif, créé en 2016, avait déjà fait une proposition similaire en 2018, sans succès, lors d’un appel à candidatures de la ville de Grenoble. En juin 2020, l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) lance son appel à projets « Quartiers fertiles » sur l’agriculture urbaine ; cela fait rejaillir l’idée de ferme urbaine. Le Collectif autonomie alimentaire s’associe alors avec la Régie de quartier et d’autres associations du quartier pour proposer une première version de la ferme, qui est rejetée, faute de terrain. Les villes de Grenoble, d’Échirolles et d’Eybens ainsi que la métropole se joignent alors au projet. Le terrain est finalement trouvé à Grenoble, à proximité d’Alpexpo, et le projet retenu par l’Anru. L’Agence apportera une subvention de 350 000 € (50 % du budget) sur trois ans.

Le choix du quartier de la Villeneuve pour l’implantation de cette ferme urbaine coopérative n’est pas anodin ; « Dès 2013, lors d’une réunion, les habitants avaient souhaité avoir des jardins partagés et, à terme, une ferme urbaine à la Villeneuve. Ils voulaient un projet en avance sur son temps d’un point de vue environnemental. », rappelle David Bodinier, parmi les fondateurs de Next Planning, une association qui organise des ateliers participatifs sur les politiques d’urbanisme du quartier.

Des champs de poireaux en ville ?

Concrètement, à quoi ressemblera cette ferme ? Des serres et quelques bâtiments seront construits mais « pour l’instant, nous devons encore réfléchir à l’aménagement et à la manière de mobiliser les habitants sur la ferme. », résume Brigitte Neyton, présidente du Collectif autonomie alimentaire. Car la ferme urbaine de la Villeneuve sera coopérative : 60 familles seront invitées à venir aider les deux agriculteurs salariés. En échange, ces volontaires auront accès à un panier de fruits et légumes par semaine à un prix que le Collectif souhaite le plus bas possible. « À terme, nous aimerions faire participer 100 familles. », espère Brigitte Neyton.

L’ambition du Collectif autonomie alimentaire est de créer une alimentation saine et accessible à tous. L’association a d’ailleurs réalisé « différentes animations à la Villeneuve au cours de ces dernières années », complète Brigitte Neyton. « Les habitants nous disent qu’ils savent manger, mais qu’ils sont privés de la capacité de se nourrir, en ville, à cause du manque d’espace pour cultiver. La ferme urbaine sera un espace expérimental car elle ne concernera que 60 familles sur les milliers du quartier mais permettra de réfléchir à la question de comment se nourrir en ville. », ajoute-t-elle. Reste désormais à savoir comment la ferme urbaine évoluera d’ici son installation dans quelques mois et si les habitants de la Villeneuve seront au rendez-vous pour cette initiative.