Un article et des réactions

L’article « J’ai peur face à la police », publié dans le dernier numéro du Crieur (n° 50) a fait réagir. Dans cet article, Asma, une jeune habitante du quartier, faisait part de sa « peur face à la police » à la suite de contrôles d’identités et de refus de plainte. Si les réactions à cet article ont été globalement positives, Le Crieur a été interpellé par deux fois. Une habitante s’interroge ainsi, par mail, sur « le contexte » d’écriture de l’article et regrette l’absence de « neutralité » du Crieur qui ne contrebalance pas l’article d’Asma par un article « Je n’ai pas peur face à la police ». Rappelons, à toutes fins utiles, que ne pas avoir peur face à la police devrait être une situation totalement normale. D’autre part, le but du témoignage d’Asma était de montrer combien la réalité pouvait être différente de ce « cas normal », notamment en fonction de l’identité de la personne et des discriminations de race, de genre et de classe qu’elle pouvait subir.

Autre réaction, celle de la « commission cadre de vie » de l’Union de quartier Villeneuve 1 (qui regroupe l’Arlequin et La Bruyère) dont les membres se disent « scandalisés par les écrits [du Crieur] ». Nous ne reproduirons pas ici les propos de ce groupe de l’Union de quartier qui, bien qu’ils puissent prêter à rire, sont méprisants envers Asma. (Pour la route, quand même, une phrase assez lunaire : « Vivons avec notre temps, pardonnons le passé néfaste (comme le fait la France avec l’Allemagne). »)

Cette « commission cadre de vie » a été jusqu’à déposer un courrier au domicile personnel du journaliste du Crieur. Rappelons, à toutes fins utiles, que comme de nombreuses associations du quartier nous possédons une boîte à lettres au Patio. À aucun moment les auteurs ne semblent s’interroger sur les origines d’une telle peur. Pourquoi en est-on arriver à ce point de défiance envers la police, l’institution censée protéger les citoyens ? Comme le rappelle le sociologue Sebastian Roché, qui étudie les rapports police-population : « Ce que nous montrent les enquêtes, c’est que moins on a de rapports avec la police, plus on l’apprécie. » Ce courrier montre en tout cas une chose, cette « commission » n’a plus trop de rapports avec les habitants du quartier qu’elle est censée représenter.

Mais profitons de ces réactions pour alimenter le débat et lançons un appel à témoignage : Vous êtes policier et habitez à la Villeneuve ? Témoignez dans Le Crieur !