(Re)cours après tes droits
Cécile Pastre en pleine conférence gesticulée, samedi 17 février. (photo : Thomas Pastre)

Samedi 17 février, au Barathym, une trentaine de personnes ont écouté la conférence gesticulée de Cécile Pastre sur le non-recours aux droits. Les pauvres sont-ils vraiment les assistés ?

Sorte de spectacle solo qui mêle parcours personnel (« savoirs chauds ») et théorie (« savoirs froids », universitaires), la conférence gesticulée est un objet hybride. Pour Cécile Pastre, ce choix de format découle de l’envie de proposer une animation vivante et accessible : « C’était important d’intervenir à la Villeneuve, j’espérais que des personnes se reconnaîtraient dans ma situation, pour les déculpabiliser ou pour les encourager à reprendre les démarches pour leur accès aux droits. »

Mère célibataire pendant ses études, elle a aujourd’hui refermé la parenthèse de la précarité, mais souhaite témoigner de cette période. L’artiste, en mélangeant anecdotes et données scientifiques, dénonce l’hypocrisie des discours qui stigmatisent la pauvreté (« C’est à ce moment là que je suis devenue le cancer de la société, selon Laurent Wauquiez »). Un tournant idéologique a eu lieu au début des années 2000 : si, auparavant, les pauvres étaient perçus comme des victimes d’un système qui ne savait pas les intégrer, ils sont aujourd’hui regardés comme des coupables qui vivent aux crochets de la société.

Pourtant, certains chercheurs, notamment ceux de l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), notent une recrudescence du non-recours, lorsque des individus peuvent bénéficier de certaines aides sociales mais ne les perçoivent pas, pour quelques raisons que ce soit (lire les articles Galerie des inaccessibles allocs et Un plan d’action contre le non-recours). En comparant les chiffres de l’Odenore avec les estimations de la fraude sociale (fraude aux cotisations sociales comme aux prestations sociales), « l’assistanat » est loin d’être une réalité. Chaque année, quatre à six milliards d’aides sociales ne sont pas versées, car non-réclamées, alors que la fraude ne représenterait que 694 millions d’euros.

Encore plus parlant pour Cécile Pastre, la comparaison entre la fraude sociale et la fraude fiscale : la première coûterait donc 694 millions d’euros, tandis que l’évasion et l’optimisation fiscale représenteraient un manque à gagner de 21 (selon le gouvernement) à 80 (selon les associations) milliards d’euros par an. D’où la question de l’artiste : « Qui sont les vrais assistés ? »