Conférence-débat sur les discriminations, le racisme, l’islamophobie : lisez la retranscription
Michel Kokoreff (en haut à gauche), Abdelaziz Chaambi (en bas à gauche) et les participants de la rencontre publique sur le thème des discriminations (photos : extraits de la vidéo tournée lors de la rencontre)
Lors des tables rondes, chacun a pu prendre la parole. (photos : extraits de la vidéo tournée lors de la rencontre)

Lors des tables rondes, chacun a pu prendre la parole. (photos : extraits de la vidéo tournée lors de la rencontre)

Le 20 mars 2015, 120 personnes se sont réunies, dans la salle polyvalente des Baladins, à la Villeneuve, pour échanger et réfléchir ensemble sur la question des discriminations. Cette rencontre avait pour objet de s’écouter sans a priori afin de mieux comprendre ce que les uns et les autres ressentent sur cette question.

La rencontre était organisée par un collectif d’associations : Afric’impact, Arc en ciel, Mix’cité, Maison des habitants des Baladins, Modus Operandi, Osmose, coordination nationale Pas sans nous, Régie de quartier, Union de Quartier 2 et Villeneuve debout dans le cadre de l’Université populaire de la Villeneuve en préfiguration.

La réflexion a commencé par un échange en petits groupes à partir de deux témoignages enregistrés. Deux intervenants se sont exprimés à partir de ces échanges :

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Abdelaziz Chaambi, militant associatif, cofondateur de l’Union des jeunes musulmans, en 1987, à Lyon, et président de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI).

 

 

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Michel Kokoreff, sociologue et professeur de sociologie à Paris VIII, auteur de Refaire la cité, coécrit avec Didier Lapeyronnie (Paris, Éditions du Seuil, collection “La République des idées”, 2013).

 

 

Extraits :

Extrait d’un témoignage audio :

Moi je suis convertie et on a continué toute la discussion sur cela. On n’a pas parlé une seule fois pendant tout l’entretien des raisons pour lesquelles j’étais en arrêt maladie.

Un(e) participant(e) :

On pose aussi la question de la réciprocité. On peut être discriminé et on peut aussi de temps en temps être discriminant nous aussi et rejeter l’autre.

Un(e) participant(e) :

C’est incontestable. Il existe des discriminations en France. Mais c’est vrai qu’en discutant entre nous on s’est rendu compte que le SENTIMENT de discrimination était encore plus fort. C’est vrai que souvent, on se sent rejetés… On s’est rendu compte que la discrimination n’avait pas de frontières. C’est vrai que la peur de l’autre, l’ignorance de l’autre, la méfiance augmentent ce sentiment de discrimination.

Abdelaziz Chaambi :

La réunion de ce soir me rappelle la Villeneuve des années 74-75, il y avait à cette époque une mixité de population, de couches sociales qui était extraordinaire. Il y avait ce mélange qui a disparu avec la fin des années 70 début 80. On a laissé les Arabes ensemble, les Vietnamiens ensemble, les Noirs ensemble et les classes moyennes sont parties de ces quartiers. Cette réunion me donne un peu espoir en disant ce n’est pas tout perdu ! C’est peut-être un début de quelque chose ! Il faut arriver à se reparler, à casser ces cloisonnements de classe, de race, de religion, d’ethnies, d’origine. De dire on peut s’asseoir autour de la table et vider son sac.

Michel Kokoreff :

Comment définir les discriminations ? Ce qui est assez frappant dans notre société aujourd’hui, c’est la centralité de la notion de discrimination. Quand on s’intéresse aux quartiers populaires, on a l’impression que la discrimination est le terme qui envahit tout l’espace des discours et des expériences. Alors qu’auparavant c’était un autre vocabulaire qui était présent. C’était le vocabulaire de la domination, c’était le vocabulaire de l’exploitation. C’était un vocabulaire peut-être plus marxiste.

Ce que j’entends par discrimination d’un point de vue sociologique c’est le fait de distinguer volontairement ou non volontairement, intentionnellement ou non intentionnellement, une catégorie de la population, ce qui a pour effet de la tenir à distance, de la mettre à l’écart. Et cette mise à l’écart, d’une population volontairement ou non volontairement, a pour effet de réduire sa participation sociale.

L’ensemble des débats est retranscrit dans le document de 20 pages ci-dessous :

 

1e rencontre POUR COMPRENDRE

1e rencontre POUR COMPRENDRE