Mobilisation contre la loi « asile et immigration »
Le piquet de grève et le point d’information, jeudi 25 janvier, contre la loi « asile et immigration ». (photo : BB, Le Crieur de la Vielleneuve)

Des salariés du milieu associatif de la Villeneuve ont recueilli le témoignage d’habitants et d’habitantes du quartier contre la loi « asile et immigration ». De larges pans de la loi ont été censurés, plus tard dans la journée, par le Conseil constitutionnel.

Ce jeudi 25 janvier au matin, des salarié.es d’associations du quartier de la Villeneuve se sont mis.es en grève pour protester contre l’adoption, en décembre 2023, de la loi « asile et immigration ». Ils et elles étaient une dizaine à organiser un piquet de grève devant le Patio pour informer et échanger avec les passant.es sur cette loi.

Durant la matinée, plusieurs dizaines de personnes se sont arrêtées à la table pour partager un café et leurs réactions par rapport à la loi. « Accueillir l’autre, c’est la fierté d’une communauté, d’un pays. », explique ainsi une salariée qui travaille au Patio. « Cette loi n’est pas constitutionnelle, c’est Macron qui fait sa loi ! », réagit une habitante.

Le recueil des paroles récoltées auprès des habitants et des habitantes du quartier. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Ils et elles nous ont partagé leurs inquiétudes sur leur situation ou celle de proches et le sentiment de rejet qui accompagne cette loi. « En raison de nos origines, de nos handicaps, on est discriminé.e.s alors qu’on a des droits ! Peu importe ce qu’on fait, on est toujours des étrangers. Il faut que ça change ! » Ils et elles ont pointé l’idéologie « fasciste » et « raciste » qui transparait dans la loi et accompagne le débat politique : « La montée du racisme, c’est partout ! » Contrôle et évaluation des profils des personnes autorisées à s’installer dans le pays, préférence nationale et différence de traitement dans l’accès aux droits et aux systèmes de solidarité, etc. « On désunit les peuples au lieu de les unir, ça fout tout en l’air. »

Les personnes rencontrées étaient heureuses de pouvoir partager leurs réflexions et témoignages. Ils et elles ont manifesté leur soutien pour une mobilisation collective, leur envie de faire des actions, de mieux s’organiser et de s’informer sur cette loi.

Nous avons donc poursuivi la discussion au Barathym, ce qui a donné lieu à la proposition d’organiser une réunion publique dans le quartier pour recueillir les inquiétudes et questionnements des habitant.es, informer sur le contenu de la loi et fournir une aide juridique aux personnes concernées. Cette rencontre devrait avoir lieu courant février.

Ces salarié.es associatif.ves se sont mis.es en grève car les associations sont en première ligne dans l’accompagnement des publics touchés par ces mesures. Ils et elles s’inquiètent de la détérioration des capacités à les soutenir dans leurs démarches au quotidien. Les associations de quartier et de solidarité en général sont très au courant de la violence et de la précarisation qui résultent de cette loi et des précédentes. En effet, elle s’inscrit dans la continuité d’une politique raciste, évitant de traiter des réels problèmes sociaux comme la précarité. Au contraire, les valeurs véhiculées par cette loi et les débats politiques qui en découlent prônent la hiérarchisation des personnes face aux droits en fonction de leurs origines, réelles ou supposées, alimentant une vision raciste et erronée de la réalité de ce pays.

Le Conseil constitutionnel, saisi à la fois par des députés de gauche, des sénateurs de gauche, la présidente de l’Assemblée nationale et même le président de la République, a rendu sa décision le même jour, jeudi 25 janvier en fin d’après-midi. Il censure la majorité des articles qui faisaient le plus polémiques dans la loi, notamment ceux concernant le regroupement familial, la caution pour étudier en France, l’amende pour le délit de séjour irrégulier en France, l’allongement de la durée de séjour obligatoire pour le versement de certaines prestations sociales et les inégalités d’hébergement d’urgence entre Français et étrangers victimes d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français). L’instauration de quotas migratoires par le Parlement est également partiellement censurée. Toutefois, certains articles de la loi, notamment ceux imposant un « respect des principes de la République » et l’instauration d’un juge unique (au lieu de trois précédemment) à la Cour nationale du droit d’asile sont validées.