Ciné-Villeneuve présente La Sociale
Le film La Sociale, de Gilles Perret, sera projeté lundi 22 mai 2017, à 20 heures (photo : affiche du film)

Ciné-Villeneuve présente en projection, lundi 22 mai 2017, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins, le film La Sociale, de Gilles Perret, en présence de Michel Etiévent, écrivain, journaliste, historien et biographe d’Ambroise Croizat, un des intervenants essentiels de ce documentaire. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film.

Le film

C’est en parcourant la France pour présenter son précédent documentaire Les Jours heureux que Gilles Perret a pris conscience de la méconnaissance de l’histoire de la Sécurité sociale, et a ainsi voulu éclaircir le sujet dans La Sociale. Ce documentaire décrit la création de la Sécurité sociale en France par Ambroise Croizat, ministre du travail et de la sécurité sociale de novembre 1945 à mai 1947 (des gouvernements de Gaulle, Gouin, Bidault et Ramadier). À ce poste, il dirige la mise en place du système de protection sociale (assurance maladie, système de retraites, allocations familiales), et la création des comités d’entreprise et de la médecine du travail. On associe un deuxième nom à la création de la Sécurité sociale : Pierre Laroque qui a participé à sa création et qui en a été le premier directeur.

Ambroise-CROIZAT

Ambroise Croizat (photo : droits réservés)

Afin de le faire revivre, Gilles Perret convoque l’écrivain et historien Michel Etiévent, d’abord posté au seuil de l’usine métallurgique de La Léchère. Au milieu de la fournaise, les ouvriers en scaphandres accomplissent une geste risquée, comme couverts d’or par les hautes flammes. En sombre contrepoint, Michel Etiévent raconte la vie d’avant la Sécurité sociale. Une existence dans la peur de la maladie, de l’accident qui, à tout instant, pouvaient en briser les fils. Lui-même fils d’une femme de ménage qui avait à charge huit enfants, Michel Etiévent rend à Croizat ce qu’il sait lui devoir : « Croizat, c’est le droit de vivre ». Tout son itinéraire sera ressuscité avec le témoignage de sa fille Liliane Croizat. À noter que Michel Etiévent sera présent lors de la projection du documentaire à la salle polyvalente des Baladins.

On verra aussi, un nonagénaire souriant qui emprunte en voiture une route qui épouse les rives d’un lac. On le sent habitué du trajet. C’est Jolfred Frégonara qui selon ses termes est un des derniers poilus de la Sécu. Des notes douces de piano, des feuillages qui ondoient sur le pare-brise de la voiture accompagnent son récit. L’homme est né en 1919 dans une famille athée. « Papa était un socialiste révolutionnaire. » Alors, dès la sortie de l’école de mécanique, direction la Bourse du travail pour adhérer à la CGT. Défilent en quelques phrases le Front populaire, la guerre qui le contraint à fuir le STO. Il finit par gagner la Haute-Savoie où il intègre une unité combattante de FTP. Puis la Libération et les acquis sociaux grâce au ministre communiste Ambroise Croizat.

Ce documentaire nous fait aussi découvrir l’inénarrable Claude Reichman, chirurgien-dentiste, écrivain, homme politique flirtant avec l’extrême droite, qui se présente comme un libéral-conservateur et représentant de la société civile. Il a essayé d’être candidat à l’élection présidentielle en 2002. Ses thèmes de prédilection sont le poids de l’État, la diminution des prélèvements obligatoires, l’« islamisation » de la France et les problèmes de la délinquance. Il a surtout acquis sa notoriété en militant pour la fin du monopole de la Sécurité sociale. Dans ce documentaire il s’en prend, face caméra, au régime de protection sociale, instauré selon lui par une France alors rongée par le communisme. Il est d’ailleurs persuadé que nous demeurons l’un des derniers bastions de cette idéologie politique, avec Cuba et la Corée du Nord !

Le réalisateur Gilles Perret

Après des études d’ingénieur en électronique, Gilles Perret décide de s’orienter vers le cinéma et à partir de 1999, il consacre sa caméra à la Haute-Savoie. Préoccupé par les problématiques économiques et sociales, sa production à partir de 2003 est tournée vers les problèmes sociaux.

En 2006 il sort son premier film en salle Ma mondialisation, portrait d’un entrepreneur hors normes. Son film sera aussi diffusé sur Arte et France 3. Plus tard viendront en salle :

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Gilles Perret (photo : droits réservés)

2009 : Walter, retour en résistance. Le film revient sur un ancien résistant Walter Bassan et s’interroge sur l’état actuel de la lutte militante. Walter Bassan, est à l’origine du premier rassemblement le 4 mai 2007 sur le plateau des Glières en opposition à la venue de Nicolas Sarkozy : « M. Sarkozy ne sert pas la mémoire des Glières et de la Résistance, M. Sarkozy se sert des Glières ».

2012 : De mémoire d’ouvriers. Dans le film, Gilles Perret « pose son regard sur un monde d’où il est issu, le monde ouvrier, afin d’analyser ce que sont devenus ces travailleurs du début du XXe siècle à nos jours ».

2013 : Les Jours heureux. Histoire de la genèse du Programme du Conseil national de la Résistance et ce qu’il est devenu après la Libération et aujourd’hui.

2016 : La Sociale.

Critiques

Peu de critiques de la presse, seulement huit (contre souvent plus de 20) avec une note moyenne de 3,3 sur 5. Dans l’ensemble la critique a été plutôt bonne voire très bonne. Très peu de critiques des spectateurs (seulement 44, contre 122 pour le film précédent projeté par Ciné-Villeneuve, Rumba) mais avec une moyenne des notes recalculée par AlloCiné de 4,3 sur 5. En conclusion, le film n’a pas connu une très large distribution mais a été très apprécié par la presse et les spectateurs.

Bande-annonce

Pour en savoir plus

Lundi 29 mai, de 18 heures à 21 h 30, à la maison des habitants des Baladins, l’université populaire de la Villeneuve organise une soirée « Décrypter la Sécurité sociale » avec Michel Dreyfus, historien, et un médecin qui pourront répondre aux questions.

 

La Sociale
Documentaire (France), 2016
De Gilles Perret
84 min
Lundi 22 mai 2017, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins, 85 galerie des Baladins
Adultes : 5 € / soutien : 10 € / enfants et précaires : 1 €
Adhésion donnant droit à tous les films de la saison 2016-2017