Ciné-Villeneuve projette, lundi 22 mai, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins (85 galerie des Baladins), le film Demain et tous les autres jours, de Noémie Lvovsky. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film.
Le film
Le sixième long métrage de Noémie Lvovsky Demain et tous les autres jours : après Camille Redouble, la cinéaste signe un film poétique, sombre et solaire à la fois, autour d’une touchante relation mère-fille. Mathilde a 9 ans. Ses parents sont séparés. Elle vit seule avec sa mère à la frontière de la folie. C’est l’histoire d’un amour unique entre une fille et sa mère. Pour conjurer la malédiction, Mathilde sort à son tour de la rationalité et ce qui aurait pu être une étude de cas psychiatrique vire au conte de fées
Deux comédiennes pour un même rôle
Luce Rodriguez (Mathilde ado) : « Pour moi, Mathilde est un personnage très fort, qui ne renonce pas, qui persévère. Mathilde est l’adulte en quelque sorte, réincarnée dans l’enfant. C’est ça qui est le plus impressionnant en fait. Beaucoup de personnes ont été l’adulte dans leur famille et je pense que c’est bien de remémorer à tout le monde ces moments de faiblesse et de force en même temps. »
Anaïs Demoustier (Mathilde adulte) : « C’est une vraie héroïne de sa propre vie. Elle vit des choses difficiles avec sa mère. Elle devient assez vite responsable de sa mère. Elle est vaillante. C’est quelqu’un qui a une vraie force. Je dirai qu’elle est très terrienne, très concrète. Elle ne se laisse pas abattre, au contraire. Ce n’est pas un personnage qui a peur. C’est un personnage qui va de l’avant. Elle est frondeuse. »
L’actrice et réalisatrice, Noémie Lvovsky
La carrière de Noémie Lvovsky, résumée par le site Allociné : « Étudiante en Lettres modernes et en cinéma, Noémie Lvovsky intègre en 1986 la Femis (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son) au département scénario, puis réalise deux courts-métrages avec Emmanuelle Devos, alors débutante : le très remarqué Dis-moi oui, dis-moi non (1989) puis Embrasse-moi.
« En 1993, Lvovsky signe son premier long-métrage, le brillant Oublie-moi, portrait d’une jeune femme tourmentée incarnée par Valeria Bruni Tedeschi. Avec Les Sentiments (2003), le cinéma de Noémie Lvovsky accueille des acteurs chevronnés, sans rien perdre de sa fougue ni de son originalité, saluées par le prix Louis-Delluc 2003.
« En 2001, la cinéaste fait ses premiers pas de comédienne dans Ma femme est une actrice d’Yvan Attal : sa composition de sœur obsessionnelle lui vaut une nomination au César du Meilleur second rôle. Amoureuse transie dans France boutique, elle apparait dans des films de cinéastes-amis qui exploitent avec bonheur son tempérament comique : Desplechin (Rois et reine), Berri (L’Un reste, l’Autre part) ou Bruni Tedeschi (Actrices).
« Après avoir fait partie du jury du festival du film asiatique de Deauville cette même année, elle joue dans plusieurs films revenant sur le ressenti féminin, comme 17 filles, premier long-métrage de fiction de Delphine et Muriel Coulin, et Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot. Elle réalise en 2012 son cinquième long-métrage de cinéma, Camille redouble, dont elle est également la scénariste et la tête d’affiche, une première pour la cinéaste. Elle appartient cette même année au jury du festival de Locarno.
« Avec la comédie Tiens-toi droite, Noémie Lvovsky donne la réplique à Laura Smet et Marina Foïs. Après avoir joué des personnages secondaires dans Les Jours venus, Comme un avion et La Belle Saison, l’actrice campe le rôle-titre de Rosalie Blum, l’adaptation de la bande-dessinée du même nom créée par Camille Jourdy. Elle poursuit avec l’original chronique familiale Demain et tous les autres jours, qu’elle écrit et réalise, et prend part à l’ambitieux film historique Un peuple et son roi de Pierre Schoeller. En 2018, elle retrouve la comédienne et réalisatrice Valeria Bruni Tedeschi pour Les Estivants, s’inspirant de la propre histoire de cette dernière.
« Aimant jouer dans des comédies sociales, comme sa prestation dans Les Invisibles en témoigne, Noémie Lvovsky entame l’année 2020 avec la comédie féministe La Bonne épouse et le drame sur la prostitution Filles de joie, qui sortent à une semaine d’intervalle. »
Critiques de la presse
– Le Parisien (Catherine Balle, note 4/5) : « Dans ce drame extrêmement touchant, poétique et fantaisiste de Noémie Lvovsky, la mère n’est pas là le soir quand sa fillette Mathilde rentre de l’école…
« C’est la mère elle-même qui utilise cette formule abrupte : «Je ne suis pas une bonne mère», en ce confiant à la psychologue scolaire de Mathilde… Elle essaie des robes de mariée alors qu’elle n’a pas de fiancé. Déambule dans les rues avec une traîne blanche. Emprunte des trains au hasard le soir de Noël. Tout en aimant infiniment sa fille et en répétant qu’elle va «repartir du bon pied».
« Pour protéger ce parent instable, Mathilde, 9 ans, prépare ses repas, ment à son père et se confie à sa petite chouette domestique. Un rapace terriblement attendrissant qu’elle entend parler et qui, lui, n’y va pas par quatre chemins : «Ta mère est un peu folle», lance l’animal… Ce conte fantastique est dédié à Geneviève Lvovsky, la mère de la réalisatrice. Une femme qui, comme l’a révélé la cinéaste il y a quelques années, a passé des séjours en hôpital psychiatrique et a quitté le domicile familial alors que Noémie, justement, avait 9 ans. »
– L’Obs (Jérôme Garcin, note 4/5) : « D’une histoire poignante, la réalisatrice de Camille redouble a réussi la prouesse de tirer une fable heureuse – l’épilogue pluvieux et dansant, avec l’apparition d’Anaïs Demoustier, est d’ailleurs une sacrée leçon de résilience. »
– La Croix (Corinne Renou-Nativel, note 3/5) : « Néanmoins, les interprétations de Noémie Lvovsky, comme toujours émouvante d’humanité, de Luce Rodriguez, d’une profondeur étonnante pour son jeune âge, et d’Anaïs Demoustier, qui surgit pour un post-scriptum bouleversant, gardent au-dessus des eaux ce film bancal comme ses touchantes héroïnes. »
– Le Figaro (note 1/5) : « Noémie Lvosky, qui fait semblant de se détester pour s’admirer autant qu’un Nanni Moretti, déploie des efforts considérables pour rendre humaine, attendrissante, cette quadragénaire loufoque, qui vit seule avec sa fille de 9 ans. C’est une loufoquerie fatigante. »
– Libération (Didier Péron, note 2/5) : « … un film malfaisant et bancal où, dès la première séquence, on comprend qu’il est demandé à l’enfant, Mathilde, de pallier les insuffisances de l’adulte. »
Critiques des spectateurs sur le site Allociné
– publiée le 28 septembre 2017 (note 3,5/5) : « Demain et tous les autres jours, reflète bien l’univers de Noémie Lvovsky…
D’emblée on sent l’esprit et la sensibilité de la réalisatrice avec un cinéma différent, humain et à fleur de peau.
Sous une fausse apparence de légèreté, cette histoire va nous prendre à la gorge et même si certains moments se veulent drôles et décalés dans le vécu de ce duo mère/fille, tout ce qui va émerger sera le plus souvent cinglant de vérité et de réalisme !
Car ici on ne badine pas avec le thème de la folie, d’autant plus que cette mère également sous les traits de Noémie Lvovsky, s’y enfonce sous les yeux de sa fille aimante, bienveillante malgré le trop plein de souffrance qu’elle accumule !
Luce Rodriguez, cette petite brune aux yeux noirs, magnifique dans la justesse de ce rôle ardu, est justement très bien ciblée à travers les sentiments et les impressions qui lui passent par la tête…
De nombreux moments sont extrêmement poignants et beaux, que ce soit ce besoin de poème que Mathilde s’écrira seule pour entendre les mots que sa mère ne peut pas dire, cette main qui serre celle qui devrait au contraire la serrer et la protéger !
Il est juste dommage de voir Noémie Lvovsky s’égarer quelquefois comme dans cette approche de la mort, prétexte avec ce squelette à des instants artificiels presque dérangeants et ambigus qui n’apportent rien…
Il y avait pourtant et justement des tas de façons bien plus poétiques de l’aborder dans ce contexte de l’enfance.
Maintenant débarrassé de ces maladresses, ce film reste éminemment dur et angoissant mais une des scènes les plus touchantes, les plus parlantes, se révèle bien une danse sous la pluie où mère et fille tentent de s’apprivoiser, de se toucher, de s’aimer !
On reste alors tétanisé et ému face à ces deux corps qui hésitent, qui s’esquivent mais qui s’aiment en dépit de tout pour toujours se retrouver… »
– publiée le 27 septembre 2017 (note 4,5/5) : « Un film profond et original, poignant et bouleversant. Un film que je n’oublierai pas tant il touche en chacun de nous notre mémoire d’enfant et notre imaginaire. A voir absolument. »
– publiée le 8 octobre 2017 (note 2/5) : « C’est vrai qu’il y avait pourtant de quoi charmer et susciter la curiosité, ce Demain et tous les autres jours. Une relation mère-fille pour le moins atypique, cette volonté de traiter la question de la folie douce par un mélange de fantastique, comédie et drame me séduisant toute la première partie. Cette enfant s’imaginant que son oiseau lui parle pour échapper à sa solitude, cette mère à la fois tendre et « légèrement » irresponsable, cet univers doux-amer bien retranscrit par une Noémie Lvovsky au regard sensible et décalé sur un sujet qui aurait facilement pu virer au mélo. Seulement, une fois toutes les bases, toutes les pistes lancées, j’ai eu l’impression que le film était terminé au bout de quarante minutes. Certes, l’évolution de la situation maternelle amène le récit vers une mélancolie assez touchante, quelques situations sont éloquentes (notamment lors du « déménagement », mais j’avais l’impression que presque tout avait été dit, sans qu’on ne cherche à aller plus loin que ce qui avait été posé initialement, l’ennui venant alors pointer le bout de son nez. Dommage, car certains aspects (notamment la relation au père ou encore le dénouement) auraient gagnés à être plus exploités, mieux expliqués. Encore un titre qui n’aura pas su quoi faire de ses bonnes dispositions : frustrant. »
La bande-annonce
Demain et tous les autres jours
Drame (France), 2017
De Noémie Lvovsky
Avec : Noémie Lvovsky, Luce Rodriguez, Mathieu Almaric
91 min
Projeté le lundi 22 mai à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins (85 galerie des Baladins)
Adhésion à Ciné-Villeneuve : enfants et précaires : 1 € ; adultes : 5 € ; soutien : 10 € ; donnant droit à tous les films de la saison 2022-2023 hors Espace 600.