Transition alimentaire et populaire
Le 14 mars, lors de la journée dédiée aux « transitions alimentaires ». (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

L’alimentation des classes populaires est depuis longtemps un enjeu de contrôle social. Au XIXe siècle, les pouvoirs publics convainquirent les ouvriers de manger de la viande à tous les repas. Face aux injonctions actuelles à bien manger — bio, local et équilibré — comment se situent les Villeneuvois·es ?

Le collectif Autonomie alimentaire a réalisé une enquête, à Villeneuve, en 2018, sur les pratiques alimentaires des habitant·e·s du quartier. Les membres du collectif en ont présenté les enseignements lors d’un après-midi dédié aux « transitions alimentaires », jeudi 14 mars au Patio : « Clairement, les courses se font au supermarché, un peu au marché. Les notions de produits bios ou de produits locaux ne ressortent pas des échanges. » L’association de consommateurs UFC-Que choisir a calculé que les fruits et légumes bios étaient en moyenne 79 % plus chers que les non-bios, à cause notamment des marges « exorbitantes » des supermarchés sur les produits bios.

« Les gens cuisinent beaucoup, notamment des légumes même si on ne sait pas dans quelles proportions. 54 % des personnes interrogées souhaiteraient avoir une parcelle de jardin, mais 65 % des gens ne connaissent pas les jardins du quartier. » De toute manière le jardin Terre Neuve, en parcelles individuelles, est complet depuis des lustres.

Plus inquiétant, « une proportion importante d’habitants (37 %) dépense moins de 3,50 € par jour et par personne pour la nourriture. Des nutritionnistes attestent qu’il est impossible de se nourrir de façon correcte avec moins de 3,50 € en France. Il est donc impossible, pour une grande partie de la population du quartier, de se nourrir de façon satisfaisante avec le budget qui est le sien… »

En attendant que les richesses soient réparties pour que les classes populaires puissent se nourrir décemment, des idées pour mieux manger pas cher ont été signalées. Comme les achats groupés, acheter à plusieurs pour réduire les coûts : à Villeneuve, un groupe sous l’égide du Barathym, a fonctionné pendant deux ans avant d’être victime de son succès (une tonne de denrées par mois). Ou le collectif Vive la récup’, qui distribue à bas prix fruits et légumes bios invendus. Le collectif Autonomie alimentaire appelle, lui, à la « résistance contre la malbouffe » grâce à la mise en avant de médiateurs du « mieux-vivre alimentaire », pour partager les bons plans.