Suite à la mise en rétention d’un père de famille, habitants, membres d’associations et professionnels du quartier de la Villeneuve se sont réunis pour réclamer l’arrêt de la procédure d’expulsion.
Une trentaine de personnes de sont réunies lundi 1er juin, vers 17 heures, en face de la préfecture de l’Isère, place Verdun, pour protester contre la procédure d’expulsion de M. Ben Aïssa, un parent d’élèves étranger, vers l’Algérie. La plupart étaient des habitants de la Villeneuve — où sont scolarisés deux des enfants de M. Ben Aïssa — venus en soutien. Des membres du collectif RESF Villeneuve (Réseau éducation sans frontières), à l’initiative du rassemblement, étaient aussi présents. Les enfants de la BatukaVI, la batucada de la Villeneuve, ont joué pour leurs deux camarades, dont Chaïma, la cadette, membre du groupe.
Suite à un contrôle d’identité, M. Ben Aïssa a été placé en centre de rétention vendredi soir, à Lyon. Son portable a été confisqué mais Mme Ben Ratmia, sa femme, présente au rassemblement, a pu le contacter. L’ainé et la benjamine du couple, les traits tirés, étaient aussi présents.
Parmi les personnes rassemblées, la professeur de FLE (français langue étrangère) du collège Lucie Aubrac, où est scolarisé Kamel, l’ainé des enfants. Kaddour Belaïd, le président de l’AJAT Villeneuve, le club de football du quartier où joue Kamel, était aussi présent. Chaïma est scolarisée à l’école des Buttes.
Les personnes sont aussi venues en soutien de Mme Saoud, venue déposer un dossier de réexamen de sa demande de titre de séjour.
« Destins parallèles »
Marie-Thérèse Lloret, habitante de la Villeneuve et membre de la Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants (CISEM), a raconté « les destins parallèles de ces deux familles » :
Mme Ben Ratmia, après avoir commencé à étudier en France pendant son adolescence, a dû suivre son père qui revenait en Algérie. Elle se marie alors avec M. Ben Aïssa, un joailler. Après son installation à Alger, celui-ci fuit en France après les « années noires » algériennes. Une demande d’asile en 2004 suivie d’un refus, M. Ben Aïssa est contraint de rentrer en Algérie. Lui et Mme Ratmia divorcent par la suite. Elle s’installe en France en 2012, chez sa sœur, avec ses deux enfants. M. Ben Aïssa les rejoint et le couple vit de nouveau maritalement. Une petite fille est née depuis.
Hinda Saoud a grandi en France, étudiant notamment au lycée Argouges. Elle épouse un Tunisien qu’elle suit en Tunisie. Elle revient en France quelques années plus tard, divorcée, avec ses deux enfants. La majeure partie de sa famille vit en France. Ses frères (dont un est commerçant au marché de la Villeneuve) et sœurs sont français. Elle a fait plusieurs demandes de séjour, refusées jusqu’ici.
Une pétition de 1200 signatures
Un dossier a été remis à la responsable du service immigration de la préfecture, venue à la rencontre des manifestants. Dans ce dossier, la pétition de 1200 signatures (dont 900 du quartier) demandant le réexamen des demandes de titre de séjour pour M. Ben Aïssa et Mme Ben Ratmia, une lettre de Michel Destot, député de l’Isère et une lettre d’Éric Piolle, maire de Grenoble. « C’est bien la première fois que je vois quelqu’un du personnel de la préfecture aller à la rencontre des familles », témoigne Marie-Thérèse Lloret. Une demande d’audience au préfet était restée sans réponse.
À la responsable de la préfecture, les habitants réunis en soutien ont décrit une « famille parfaitement intégrée dans le quartier, dans la famille de la Villeneuve ». Ils ont souhaité une intervention rapide du préfet pour « éviter que la famille ne se désintègre ».
Mme Saoud a transmis son dossier à la responsable de la préfecture. Là aussi, le dossier comporte une lettre de soutien de M. Destot et d’Olivier Véran (suppléant de Geneviève Fioraso comme député de l’Isère), une de M. Piolle, une pétition et le jugement de divorce de Mme Saoud.
Mercredi matin, M. Ben Aïssa et son avocat doivent rencontrer le juge, suite à un recours déposé contre la rétention. Mercredi après-midi ou jeudi matin, le Tribunal administratif de Lyon doit statuer sur l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) de M. Ben Aïssa. À l’issue de cet entretien, M. Ben Aïssa pourrait être envoyé en Algérie à tout moment. Sa femme et leurs trois enfants pourraient, eux aussi, être conduits en centre de rétention.
Pour Mme Lloret, ces recours ne règlent cependant pas « la question des refus de demandes de titre de séjour ».
Mise à jour : cet article, publié mardi 2 juin matin, a été mis à jour en fin d’après-midi.
Mise à jour du 5 juin : Mauvaises nouvelles pour la famille Ben Aïssa – Ben Ratmia, le juge des libertés et de la détention s’est prononcé mercredi sur le maintien de M. Ben Aïssa en rétention pendant 20 jours. Jeudi matin, le Tribunal administratif de Lyon a validé l’OQTF et le refus de séjour de M. Ben Aïssa. Celui-ci a déposé une demande d’asile expresse, « sans grand espoir » selon Mme Lloret. « Après le refus probable » de sa demande d’asile, il sera expulsable à tout moment. La CISEM et RESF ont envoyé une lettre au préfet pour lui demander de ne pas mettre à exécution le jugement du Tribunal administratif et lui réclamer le réexamen du dossier de demande de titre de séjour.
2 Commentaires
Benyoub ABDELKADER dit: 3 juin 2015 à 8 h 08 min //
Bonjour,
Il y a plus de 70 ans nous étions en première ligne durant les combats contre le fascisme.
En mai 45, on nous faisait comprendre que malgrés tout nous étions toujours des demis citoyens.
Aujourd’hui,on nous renvoie, en Oubliant ce que nous doit ce continent.
A nous de rappeler à la population de ces pays qu’elle est redevable,qu’elle n’oublie pas que l’on a une histoire commune et que beaucoup de nos anciens sont morts pour que leur enfants naissent libres et fiers.
Il serait intéressant d’expliquer l’histoire Franco – Algérienne à notre jeunesse……..ré écrire l’histoire est contre productif.
BERANGER dit: 19 juin 2015 à 11 h 59 min //
envoyons des mails de protestation au préfet et au ministre de l’intérieur.