Mort de Léo Richaud, ouvrier et habitant de la Villeneuve

Léo Richaud, de son vrai nom Léon Richaud, est mort des suites du Covid-19 le 28 novembre 2020, à l’âge de 90 ans. Ouvrier et syndicaliste, il habitait l’Arlequin depuis de nombreuses années.

Il a d’abord été ouvrier dans l’industrie de la chaussure, à Romans-sur-Isère, ville très réputée pour ses usines de chaussures. Il fait partie des agitateurs du milieu ouvrier pendant 20 ans, victime du « carnet rouge », qui recense les ouvriers syndiqués susceptibles de mener des grèves. Un livre d’un autre ouvrier de l’époque, Marcel Armand, parle ainsi de Léo. En parallèle, Léo est animateur au Relais international de la jeunesse de Cap d’Ail, à côté de Monaco. Le relais fait partie des Club de loisirs et d’actions de la jeunesse (CLAJ), une association qui accueille des jeunes ouvriers pour des séjours de vacances (la troisième semaine de congés payés n’est accordée qu’en 1956, la quatrième qu’en 1969). Leur slogan ? « Le soleil brille aussi pour les travailleurs » !

Avec la crise de l’industrie de la chaussure des années 70, Léo et sa femme Jeannette, elle aussi aux CLAJ, emménagent à Grenoble et Léo devient ouvrier chez Merlin Gerin, grosse entreprise de composants électriques, rachetée par Schneider Electric en 1992. Léo milite au sein de la CGT, devient délégué du personnel puis est élu au CHSCT de l’entreprise. Il continue son activité au sein des CLAJ en montant, avec d’autres, un chalet à Huez pour emmener les jeunes travailleurs en vacances.

Le partage du travail faisait partie de ses thèmes de discussion favoris : « Je dis à ceux qui font des heures supplémentaires : « Vous volez le travail de ceux qui n’en ont pas ! » », racontait Léo.

Autre combat, l’écologie. Léo a ainsi été candidat aux élections cantonales de 1992, pour Les Verts, face à l’ancien maire de Grenoble Michel Destot. Il se mobilisait contre l’amiante, dont il dénonçait la présence dans les murs et plafonds de l’Arlequin et qui était mise à jour par les travaux de rénovation des montées.

Ses amis ont fait parvenir au Crieur ce petit texte :

« Léo, comme Jeannette venaient de l’Ardèche, région au rude climat… Après leur mariage, ils sont venus habiter à Romans-sur-Isère qui était la capitale historique de la chaussure de luxe. Léo y travaillait, menant une action syndicale et amicale. Dans les années 1958-1960 le Relais international de la jeunesse de Cap d’Ail recevait des groupes de 30 à 40 jeunes ouvriers de la chaussure de Romans pour leurs vacances et Léo en était l’animateur. Jeannette travaillait au Prisunic de la ville et de nombreux jeunes de Romans, venus en vacances, participaient aux actions et aux voyages organisés par les CLAJ. Malgré les luttes syndicales, il fallut se rendre à l’évidence : le marché de luxe de la chaussure était en crise, il y avait moins de travail et, de plus, Léo, meneur des mouvements syndicaux, trouvait porte close quand il se présentait… Ils décidèrent donc de partir vers Grenoble au début des années 70 pour postuler dans les usines. Ils habitèrent quelque temps à Échirolles puis s’installèrent à Grenoble quand Léo fut embauché en tant qu’ouvrier à Merlin-Gérin. Léo a poursuivi son engagement syndical (CGT) dans l’entreprise et pendant toute sa vie. Il a été délégué du personnel ouvrier pendant au moins 10 ans jusque dans les années 80, et ensuite au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) jusqu’à sa retraite. Il était un formidable battant, jamais vaincu, jamais à genou ! »