La crèche du 120 galerie de l’Arlequin est fermée depuis le 5 janvier à la suite de menaces sur la sécurité des salariés. Après avoir dû se débrouiller, la majorité des parents a désormais une solution de garde.
« Plus de crèche, c’est la dèche », proclame la pancarte sur les marches de l’hôtel de ville. Samedi 9 janvier, une quinzaine de personnes s’est réunie devant la mairie de Grenoble pour protester contre la fermeture de la crèche du 120 galerie de l’Arlequin pour cause de violences envers le personnel. Des parents d’enfants accueillis et des membres de diverses associations ou collectifs de la Villeneuve, comme la CSF, l’Union de quartier Baladins-Géants ou le MIQA (Mouvement inter-associations et habitants pour un quartier apaisé) étaient présents.
Lundi 4 janvier, « plusieurs personnes se sont installées dans la chaufferie de la crèche. Après s’être fait délogé par les services de maintien de l’ordre [la police, ndlr], ce groupe a menacé l’équipement avec des projectiles, puis certains agents [du CCAS] verbalement. », écrivent deux élus dans un courrier adressé aux parents. « Ce sont des individus identifiés depuis longtemps, impliqués dans le trafic, qui ont été dérangés dans leurs activités. La situation n’est pas nouvelle. », rappelle Paul Hazebroucq, du MIQA.
Suite à ces événements, une partie des salariés a exercé son droit de retrait ou a été mis en arrêt maladie. Si aucune dégradation n’a eu lieu dans la crèche, le CCAS a décidé, dès le 5 janvier, de fermer le lieu. « On n’a pas eu beaucoup de communication de la part de la mairie ou du CCAS au sujet de cette fermeture. On n’était même pas au courant du droit de retrait des salariés, qui est légitime. », raconte Florent, un des parents présents devant la mairie qui, s’il n’habite pas le quartier, a fréquenté les écoles et le collège de la Villeneuve. Depuis, sa fille est gardée par ses grands-parents. « Hier [vendredi], le CCAS a trouvé une place pour ma fille, à la crèche du Vieux-Temple, à partir de lundi. », se réjouit-il. Sauf que 13 familles – sur 75 – n’ont toujours pas de solution de garde. « C’est quand même inadmissible de fermer une crèche, même pour ça. », proteste une habitante.
Une délégation de parents et de représentants d’associations a été reçue, samedi, par Chloé Pantel, élue du secteur 6 (Villeneuve, Village-Olympique et Vigny-Musset) et Antoine Fléchet, délégué à la Petite enfance, pour faire le point sur la situation et obtenir une date de réouverture de l’équipement. « Toutes les familles jointes par le CCAS ont eu une proposition de garde. 13 enfants sont encore sans solution parce que la mairie n’arrive pas à joindre les familles. », détaille Léa Persico, parmi les parents mobilisés, à la sortie de l’entretien. « Cette fermeture est triste, c’est un énorme échec de la société… Tout le monde, y compris le personnel, souhaite rouvrir la crèche le plus rapidement », ajoute-t-elle.
Reste qu’aucune date de réouverture n’a été avancée. La Ville se subordonne à l’avis de la police et attendra d’avoir son feu vert pour rouvrir la crèche, indique l’élue Chloé Pantel, pour qui « le service public ne reculera pas. »
Du côté des représentants associatifs, des mesures sont réclamées. « Les élus ont reconnu que, du point de vue de la communication, ils n’avaient pas été à la hauteur. », indique Marc Beetschen, président de l’Union de quartier Baladins-Géants, regrettant ainsi que « des plaintes n’aient pas encore été déposées, pour que ces actes graves aient une suite. »(1)
Plusieurs hypothèses sont étudiées par la mairie pour la réouverture. « Peut-être des agents de la police nationale ou des agents de sécurité » devant la crèche, rapporte Marc Beetschen. Des travaux pour transférer l’entrée de la crèche du côté du tramway (rue Dodero) ont aussi été proposés. Depuis le 4 janvier, la présence policière s’est particulièrement accrue à l’Arlequin. Pas de quoi apaiser les tensions. « Bien sûr, ces violences nous inquiètent. Il y aura une appréhension quand la crèche rouvrira. Mais la solution n’est pas de mettre un policier devant la crèche… », soupire Florent.
Notes :
(1) Le Dauphiné libéré, dans son édition du 12 janvier, précise que deux plaintes ont été déposées depuis.