Mais où est donc Mme Ruetabaga ?
Un atelier de rue de Mme Ruetabaga, place des Géants, avant le carnaval de la Villeneuve en mars 2019. (photo : Benjamin Bultel, Le Crieur de la Villeneuve)

L’association Mme Ruetabaga, qui d’ordinaire anime des ateliers de rue, poursuit son action malgré le confinement.

Pour Mme Ruetabaga, confinement est un mot étrange. Pour elle qui vit de rassemblements dans l’espace public, comment assurer ses engagements et faire acte de présence et de solidarité ? Comment se battre contre l’isolement sans se voir et sans faire communauté ? Comment se passer du rituel des ateliers de rue, sources de rencontre et souvent de joie ?

Pour garder le lien, très vite, nous avons décidé de mettre en place une permanence téléphonique. Appeler tout le monde, prendre des nouvelles, savoir comment chacun·e envisageait les moments à venir, anticiper ce dont pourrait manquer les familles. Plusieurs choses sont ressorties : besoin d’attestations pour sortir, besoin de parler de cette situation inconnue, de réexpliquer ce qui était demandé par les autorités, les gestes barrières, la gravité de la situation. Le tout malgré les doutes et incompréhensions qui nous habitaient tout autant.

Pour la solidarité, nous continuons d’assurer la distribution de la banque alimentaire, tous les mardis [d’autres distributions ont lieu dans le quartier, voir l’agenda du Crieur]. Nous avons fait une visite au bidonville, rue des Alliés, pour s’assurer que les habitant·e·s avaient compris la situation. Comme toute formalité administrative, les attestations sur l’honneur sont compliquées à remplir quand on ne maîtrise pas le français. L’ambiance là-bas était à la rigolade et l’envie de continuer les ateliers bien présente chez les enfants.

Nous avons aussi échangé avec plusieurs parents inquiets de ne pouvoir faire correctement l’école à la maison et de voir leurs enfants pénalisés par la suite. L’école saura-t-elle épauler les parents en matière de transmission et d’apprentissage ? Il y a une grande pudeur des parents à dire qu’ils ou elles ne comprennent pas ce qu’on leur demande de faire, qu’ils ou elles considèrent ne pas assez bien parler français, qu’ils ou elles manquent de matériel.

Refusant de faire une croix sur nos actions pédagogiques propres, nous tentons humblement de relayer des contenus ludiques et pédagogiques ainsi que quelques informations sur notre page Facebook. Parfois aussi du matériel de dessin et des jeux, en respectant les règles d’hygiène ! Dernière idée en date, lancer une collecte de dessins et d’écrits afin de remplir les pages du prochain Ruetabamag. Une édition qui nous rappellera qu’on a tenu bon, qu’on a été séparé·e·s et que l’on s’est retrouvé·e·s.