Les parents d’élèves réclament des gymnases dignes de ce nom
L’ancien bâtiment du collège Lucie Aubrac, à la Villeneuve, avant qu’il ne brûle en juin 2017. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Depuis l’incendie du gymnase de la Piste, en 2009, la Villeneuve souffre d’un déficit en matière d’équipements sportifs. Jusqu’à présent, un accord avec le Conseil départemental à propos de sorties ski permettait d’endiguer le manque de gymnases. La fin de cet accord a entraîne la grogne des parents d’élèves, qui ont lancé une pétition.

Joëlle Fathallah, de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE, « syndicat » de parents d’élèves), et Geneviève Gachet, de la Confédération syndicale des familles (CSF, confédération d’associations familiales), sont remontées contre le Conseil départemental. Alertées par les profs de sport du collège Lucie Aubrac, en plein cœur du quartier, elles viennent d’imprimer une pétition réclamant des équipements sportifs de qualité et en nombre suffisant, sur le quartier de la Villeneuve.

Tout commence avec l’incendie du gymnase de la piste, en 2009. Le collège Lucie Aubrac perd son principal gymnase. Les profs de sport racontent qu’un accord, tacite, est passé avec le Conseil départemental : face au manque d’équipements sportifs, le département finance les sorties ski pour les classes de 6e et 5e (1). Mais en 2016, le Conseil départemental a décidé d’arrêter le financement des sorties ski des 5e, après avoir sucré celles des 6e l’année dernière. « On se retrouve avec quatre nouvelles classes à qui il faut trouver des créneaux dans les gymnases », explique l’équipe enseignante sport de Lucie Aubrac, qui accueille 314 élèves.

« Non-respect d’un certain nombre de critères »

Le gymnase de la Rampe, à la Villeneuve, dont la rénovation, débutée en 2013, est au point mort. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Le gymnase de la Rampe, à la Villeneuve, dont la rénovation, débutée en 2013, est au point mort. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Le Conseil départemental, contacté par Le Crieur, confirme que ces sorties « collège à la neige » étaient exceptionnelles, « faute de gymnase suite à l’incendie [du gymnase de la Piste, en 2009]. » Cependant, il justifie l’arrêt des financements en précisant que le collège Lucie Aubrac n’aurait pas « respecté le règlement » des sorties ski, pointant notamment un « non-respect d’un certain nombre de critères » de la part du collège : « nombre trop important de classes, plusieurs niveaux de classe différents, cycle de 10 h d’activité ski sur des journées pleines et consécutives ».

Un prof de sport témoigne : « le Conseil départemental nous a dit : cinq ans de suite, maximum, pour les sorties ski, c’est la règle. Or le collège Vercors a de nouveau obtenu cette année les sorties ski, pour la sixième année. Et puis, ils pourraient prendre en compte le manque d’équipements sur le quartier… » Pour le Conseil départemental, « le collège Vercors a obtenu un financement dérogatoire pour la cinquième année consécutive » car il « présente en effet chaque année une action cohérente, conforme à la philosophie de l’action ».

Des créneaux… à côté de la gare

Cet arrêt des sorties ski aggrave le problème des équipements sportifs du quartier, surchargés. Un prof de sport de Lucie Aubrac détaille : « Il y a beaucoup de monde au gymnase de la Rampe [ndlr : gymnase du quartier dont le projet de rénovation, engagé en 2013, est au point mort]. » Alors les profs de sport de Lucie Aubrac se débrouillent avec les moyens du bord. Et dégotent des créneaux libres dans les gymnases proches. « On a trouvé des créneaux au gymnase Malherbe. Mais il faut 30 minutes de trajet, ça réduit le temps effectif du cours. », explique un prof de sport. Le Conseil départemental a bien tenté de trouver des solutions, mais elles frisent le ridicule. Il propose ainsi des créneaux à la Halle Clemenceau, en centre ville, ou à côté de la gare, à l’autre bout de la ville. Le Conseil départemental renvoie la balle à la mairie de Grenoble : « Le Département n’assure pas la gestion des équipements sportifs de Grenoble. C’est le rôle de la Ville de Grenoble. »

Les autres collèges des environs — collège Olympique au Village Olympique et collège des Saules à Eybens, en bordure de la Villeneuve — disposent de leur propre gymnase, à la différence de Lucie Aubrac. Joseph Sergi, le principal de Lucie Aubrac, a bien transformé deux salles de techno en salle de sport, mais rien ne vaut un « vrai » gymnase.

Annonce du permis de construire, sur le gymnase de la Rampe. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Annonce du permis de construire, sur le gymnase de la Rampe. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

D’où un sentiment d’abandon des parents d’élèves. « Lucie Aubrac est le parent pauvre du Conseil départemental », témoignent les deux parents d’élèves. Pourtant, le collège est placé en réseau d’éducation prioritaire (Rep, successeur des ZEP) renforcé et donc doté de moyens financiers supplémentaires. « Pour les collégiens, ces sorties étaient sans doute la seule occasion de faire du ski. » Elles pointent aussi la fermeture de la piscine du quartier, la piscine Iris, par la mairie, en juin 2015. L’équipe enseignante du collège tient à relativiser : « Le service des sports de la ville a fait un gros boulot, ils nous ont retrouvé tous les créneaux, dont nous disposions à la piscine Iris, à la piscine des Dauphins. »

Pas de nouveau gymnase avant 2018

Lors du conseil municipal du 25 janvier, Sadok Bouzaiene, adjoint au Sport de la mairie de Grenoble, a annoncé le début de la construction du nouveau gymnase de la Piste fin 2016. Interrogé à ce sujet par le Dauphiné libéré, dans son édition du mercredi 27 janvier, il annonce une ouverture, « si tout va bien », en… 2018.

La pétition peut être signée — pour le moment que par les parents d’élèves — au Barathym (Le Patio) et à la maison des habitants des Baladins. Elle sera envoyée le 12 février au Conseil départemental.


(1) Selon l’équipe enseignante, le collège Lucie Aubrac bénéficiait depuis l’année scolaire 2011-2012, au même titre que les autres collèges, de sorties ski pour un niveau, l’autre niveau lui étant accordé pour compenser le manque de gymnases dans le quartier.