Fermeture de la piscine Iris, la mairie reste sur sa ligne
Des membres de l’association Gymnastique volontaire des Baladins, forte de 120 adhérents, manifestent contre la fermeture de la piscine Iris, le 30 mai 2015. (photo : BB)

Elle est vieille, elle fuit, elle coûte cher mais elle sert encore beaucoup et draine des gens dans le quartier. La piscine Iris, au milieu de la Villeneuve, devra fermer, a annoncé la mairie.

Samedi 30 mai, la fête de quartier de la Villeneuve bat son plein dans le parc. Vers midi apparaît, sous les tilleuls, un étrange défilé de bonnets de bain, de lunettes de natation et de frites en mousse. Les membres de l’association Gymnastique volontaire des Baladins protestent contre la fermeture programmée de la piscine Iris, située au cœur du parc de la Villeneuve.

Construite en même temps que le quartier, dans les années 70, la piscine Iris est en mauvais état : les fuites sont importantes (1) et les coûts de fonctionnement élevés, selon la mairie. Le fruit d’années de sous-investissement, d’après l’équipe municipale. Lors d’une réunion publique le 6 mai dernier, à la Villeneuve, Sadok Bouzaiene, l’adjoint au sport, expliquait que la rénovation coûterait 1,4 million d’euros.

Ouverture du quartier vers l’extérieur

La piscine Iris accueille les scolaires et les associations. (photo : BB).

La piscine Iris accueille les scolaires et les associations. (photo : BB).

Pour Madeleine Probin, secrétaire de l’association Gymnastiques volontaire des Baladins, la piscine Iris « offre une belle qualité de vie ». Un équipement qui brasse beaucoup de monde, entre les scolaires des écoles du quartier et les 120 membres de l’association, qui parfois « viennent de loin ». Dans un communiqué dénonçant la fermeture, l’association met en avant le fait que « cette piscine, au même titre que tous les autres équipements sportifs et culturels du quartier constitue un outil efficace pour favoriser le vivre ensemble, pour créer du lien social et conserver un minimum d’ouverture de notre quartier vers l’extérieur. »

Un équipement de proximité qui bénéficie « d’un bel environnement avec le parc », explique Madeleine Probin. « Cette piscine était trop bien pour les gamins. Quand j’étais jeune, on se faisait bronzer devant », se souvient une habitante.

La mairie pointe la proximité de la piscine des dauphins, avenue Edmond-Esmonin, à 500 mètres de la piscine Iris. « Nous y allons déjà », explique Madeleine Probin, « mais sur chaque créneau, la moitié des bassins est déjà réservée pour les associations sportives. La mairie nous propose un demi bassin, alors que nous avons 120 adhérents ».

Écoles ou piscines, il faut choisir

Éric Piolle, le maire de Grenoble, répète que la décision de fermer la piscine est « un choix budgétaire ». Dans les travées de la fête de quartier, cerné par la nageurs, le maire maintient sa position : la piscine Iris fermera. « La priorité d’investissement, c’est les écoles. On a cinq écoles à ouvrir, le nombre d’élèves augmente depuis 2002 », explique le maire. « On n’a pas les moyens de rénover la piscine Iris, ni de reconstruire un équipement : il y a eu une hausse de 23 millions d’euros de dépense de fonctionnement de la ville lors des trois dernières années. Nous, on doit les baisser de 18 millions d’euros. » Le tout sans augmenter les impôts, promesse de campagne.

Pour les membres de Gymnastique volontaire, la piscine des dauphins est trop éloignée. Pas pour le maire qui rappelle la dissémination des équipements. « C’est la réalité partout », répond Éric Piolle, « il faut faire un peu de chemin pour aller à la piscine. Il y a six piscines à Grenoble, ça fait une piscine pour 26 000 habitants ». Après la fermeture, ça sera une pour 32 000 quasiment (2).

Eric Piolle, plus à l'aise à propos des vélos qu'au sujet des piscines. (photo : BB).

Eric Piolle, plus à l’aise à propos des vélos qu’au sujet des piscines. (photo : BB).

« Si vous cassez notre piscine, vous cassez notre âme »

N’empêche qu’avec la fermeture de la piscine Iris, le quartier perd un nouvel équipement sportif, après les incendies des gymnases des Géants et de la piste, jamais reconstruits(3). Assez pour que les habitants du quartier se sentent lésés. « Il n’y a pas de différence de vitesse entre les quartiers », se défend le maire, « quand [la piscine] Bulle d’O a été fermée pour rénovation pendant 8 ans (2007-2015), la piscine la plus proche, pour les habitants du quartier, c’était Vaucanson, à 40 min à pied [la piscine Jean Bron est plus proche mais n’est ouverte que l’été, ndlr] ».

Si les créations d’écoles ne concerneront pas la Villeneuve, le maire met en avant, sur le quartier, « l’ouverture d’une classe internationale à l’école des Trembles ». Comme un lot de consolation.

La mairie n’a pas de projet pour le bâtiment bientôt désaffecté. Aucun démantèlement n’est à l’ordre du jour.

Peu à peu, les manifestants se dispersent. La déception se lit sur les visages des habitants face à cette décision qui semble inébranlable. Une pétition circule toutefois, signée pour l’instant par 275 personnes. Elle est disponible à la piscine Iris et à la MDH des Baladins. Lors de la réunion publique du 6 mai, une habitante avait lancé cet avertissement : « si vous cassez notre piscine, vous cassez notre âme ». Pour l’instant la mairie n’a pas l’air de trembler.

Malgré nos démarches répétées, ni le service sport de la ville ni l’adjoint au sport n’ont donné suite à nos demandes d’entretien, ndlr.


(1) Les fuites d’eau sont estimées à 200 litres par jour, soit 73 m3 par an.
(2) Grenoble se retrouverait encore dans une bonne moyenne. Des villes comme Lyon ou Toulouse possèdent une piscine pour 40 000 habitants environ.
(3) Le gymnase des Géants a brûlé en 2000 et celui de la piste en 2009. La reconstruction du gymnase de la piste est programmée dans le cadre du Programme national de renouvellement urbain, ou Anru 1, mais reste pour l’instant en phase d’étude.