L’épicerie de la place du marché incendiée
L’épicerie, située sur la place du marché, lundi 26 août 2019. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Un incendie a complétement détruit l’épicerie Afroline, ou « Chez Chantal », de la place du marché. La gérante a tout perdu.

Tout est parti en fumée. Dans la nuit de dimanche à lundi, peu après 4 heures du matin, l’épicerie Afroline, aussi surnommée « Chez Chantal », a brûlé. Située au 103 galerie de l’Arlequin, sur la place du marché, l’épicerie était assez fréquentée, notamment par des personnes issues des pays d’Afrique subsaharienne.

L’intérieur du magasin. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

« J’ai été prévenue dans la nuit par l’alarme. », raconte Chantal Guingand, la gérante, pour qui il ne fait aucun doute que « l’incendie est volontaire ». Dimanche soir, avant la fermeture, une bagarre a éclaté entre des clients de l’épicerie et d’autres personnes. L’incendie du commerce un peu plus tard dans la nuit serait, d’après elle, un acte de vengeance. « Je n’ai rien à voir avec ça… Pourquoi ils s’en sont pris à mon magasin ? » s’interroge-t-elle. Chez elle et ses proches, réunis devant le magasin, lassitude et sentiment d’abandon dominent. « Ici, il faut se faire tout petit… » face aux menaces de certains habitants, explique un proche de la gérante. Chantal Guingand estime avoir subi une « quinzaine de cambriolages » depuis son installation en 2003.

Pour un de ses proches, l’incendie est un « acte raciste » : « Ils ne veulent plus de Noirs dans le quartier… » Comme un écho, la devanture de l’épicerie porte encore une affiche en mémoire d’Olivier Mambakasa, un homme d’origine congolaise poignardé au Village Olympique le 17 août et mort de ses blessures quelques jours plus tard. Les proches du quadragénaire ont dénoncé, lors d’une marche blanche samedi 24 août, « un crime raciste ». Les médias Place Gre’net et Le Dauphiné libéré font le lien entre le meurtre, la bagarre et l’incendie et parlent « d’affrontements entre communautés »… Pour l’instant, rien n’est encore établi et les raisons pour lesquelles la bagarre a éclaté sont encore inconnues. Mais si un tel lien était avéré, le risque d’engrenage de la violence est inquiétant. Contactés par Le Crieur, les services départementaux de la police nationale indiquent qu’une enquête a été ouverte sur les causes de l’incendie.

L’intervention des pompiers pour éteindre l’incendie, dans la nuit de dimanche à lundi. (photo : Le Crieur de la Villeneuve)

Devant l’épicerie, la consternation règne et les réactions des passants fusent. Comme celles de ces deux mères de famille : « C’est malheureux ! », « Ceux qui ont fait ça sont des salauds ! »

Les habitants de la Villeneuve se retrouvent de nouveau pénalisés par un incendie dans le quartier, qui perd encore un commerce, fréquenté par toutes les communautés du quartier. Lundi matin, une employée de la mairie, propriétaire du local, est venue constater les dégâts. Les lieux devraient être sécurisés rapidement. Pour Chantal Guingand, c’est l’inconnu. Comment faire après la perte outil de travail ? « Maintenant, il va falloir survivre… », indique un de ses proches, résigné.