Pour ce troisième épisode des photos de la Villeneuve, Le Crieur a voulu s’intéresser aux traces du passé avant la construction du quartier. Certains arbres, témoins des différents événements qui ont marqué le territoire de la future Villeneuve, sont les témoins de cette époque révolue.
Avant la Villeneuve, il y avait quoi ? Surtout des champs. Jusqu’en 1936, à l’emplacement du quartier, seule une poignée de fermes rompt la monotonie d’une vaste plaine battue par les vents, entre la ville intramuros au nord, le Drac à l’ouest, les villages d’Échirolles, de Bresson et d’Eybens au sud et la vallée du Grésivaudan à l’est. La plaine est entrecoupée par une succession de routes orientées nord-sud qui convergent vers la ville. D’ouest en est, ce sont :
- le cours Saint-André, ouvert en 1684, construit sur une digue pour protéger la plaine et Grenoble des inondations du Drac. Les parties grenobloise et échirolloise (il s’étend aussi au Pont de Claix, où il garde son nom) prendront le nom de cours Jean-Jaurès puis la partie grenobloise nord du cours (jusqu’aux grands bouelvards) deviendra cours de la Libération-et-du-Général-de-Gaulle ;
- le chemin d’Échirolles, qui deviendra la rue de Stalingrad et son prolongement, la rue Aimé-Pupin ;
- le chemin de Bresson, dont la rue Marcel-Peretto, l’avenue Marcellin-Berthelot et l’avenue Marie-Reynoard suivent à peu près le tracé ;
- la route d’Eybens, aujourd’hui l’avenue Jean-Perrot sur sa partie grenobloise et l’avenue Jean-Jaurès sur sa partie eybinoise.
Parmi les fermes de la plaine, la plus connue est la ferme Prémol – aussi appelée tour Prémol ou même château de Prémol – dont certains bâtiments ont été conservés lors de la construction du Village Olympique pour former la MJC Prémol. Les autres fermes ont des noms oubliés sauf des anciennes cartes, comme La Borde (ou Les Bordes), à l’emplacement actuel du parking de la crique sud de l’Arlequin, sur la rue Dodero, ou Quinsonnas, à peu près à l’emplacement actuel de la déchetterie des Peupliers.
Une bonne partie des terres du sud de Grenoble sera ensuite achetée par la Chambre de commerce pour construire un aéroport, ouvert en 1936, l’aéroport Jean-Mermoz. De lui ne subsiste qu’une petite partie d’une des pistes d’atterrissage, au niveau d’Alpexpo. L’urbanisation croissante de Grenoble entraînera la fermeture de l’aéroport en 1967.
Divers jardins ouvriers seront établis après-guerre, au sud de l’avenue La Bruyère, et ne seront abandonnés qu’au tout début de la Villeneuve.
En 1968, l’éphémère stade d’ouverture des Jeux Olympiques sera construit à l’emplacement de l’actuelle crique nord de l’Arlequin, tandis que le quartier du Village Olympique se dresse à l’ouest.
Un des témoins de tous ces événements est un peuplier noir à l’entrée du parc, près du 10 galerie de l’Arlequin. Surnommé par certains « l’Ancien », par d’autres « le Vénérable », il est présent sur de nombreuses photos présentées ici. « Quand je suis arrivé en 1974, je n’avais qu’une trouille, c’est qu’il meure, car le tronc avait été enterré par un remblai d’un mètre. », témoigne Jean-Paul Cugno, un habitant du quartier qui fut responsable des espaces verts pour le parc de la Villeneuve pendant 30 ans. « Mais il s’en est remis. On pourrait aussi l’appeler le Miraculé ! Des arbres comme cela, ce sont des monuments végétaux. » « À mon avis, il a sûrement cent ans, mais on a tendance à surestimer l’âge des arbres urbains. »
Les photos aériennes disponibles permettent déjà de remonter avec certitude sa trace jusqu’en… 1944.
Ci-dessous, une sélection de photos et de plans montrant à quoi ressemblait les terrains de la Villeneuve avant sa construction (passez la souris en survol pour mettre en pause le défilement automatique, cliquez pour afficher les images en plus grande taille).
Ci-dessous une superposition de photos aériennes, issues du Geoportail, superposées entre elles. Elles montrent l’évolution, sur une cinquantaine d’années, du paysage de la future Villeneuve (cliquez dessus pour lancer l’animation).