Des médailles pour les héros du quartier
Une partie des sauveteurs récompensés par la ville de Grenoble entourent le maire de Grenoble, Éric Piolle (troisième en partant de la droite), vendredi 31 juillet. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Le sauvetage de deux enfants lors d’un incendie à l’Arlequin, en juillet, a fait le tour du monde. Le 31 juillet, la remise par la mairie de médailles individuelles aux sauveteurs, plutôt qu’une seule médaille collective, a connu quelques couacs.

Dix jours après le sauvetage de deux enfants lors d’un incendie au 54 galerie de l’Arlequin (voir l’article Hommages internationaux au sauvetage de deux enfants lors d’un incendie pour une revue de presse de cet événement), la Ville de Grenoble tenait à fêter ces « héros de la Villeneuve » en remettant sept médailles individuelles et une collective aux habitants ayant participé à ce sauvetage. Lors de son discours de cérémonie, dans le salon de l’hôtel de ville, le maire Éric Piolle a salué « la bravoure et l’héroïsme de ceux qui ont réceptionné les enfants en bas de l’immeuble ». « Nous savons que Villeneuve est emplie de héros du quotidien. », avance le maire, rappelant qu’« il y a dix ans, presque jour pour jour, notre quartier de la Villeneuve était souillé dans les médias nationaux par un discours funeste, celui du président Sarkozy. »

Beaucoup de journalistes ont couvert la remise des médailles. (photo : BB, Le Crieur)

Beaucoup de monde avait fait le déplacement, même si le choix de la Ville de placer la cérémonie le jour de l’Aïd a empêché plusieurs habitants, surtout des habitantes en fait, de venir. La mère des deux enfants rescapés, très émue, a tenu « à remercier les habitants de la Villeneuve » : « Certains disent que le quartier de la Villeneuve n’est pas bien. Ce qu’on dit sur ces gens, ce n’est pas vrai. Je n’oublierai jamais ce que ces gens ont fait pour mes enfants. Les gens du quartier ne nous ont pas laissés tomber. Je ne sais pas si une solidarité comme celle-là existe dans d’autres quartiers. », a-t-elle dit, terminant son discours par « Vive la Villeneuve ! »

Discours de la mère des deux enfants sauvés lors de l’incendie. (images : BB, Le Crieur)

La fin de la cérémonie a connu quelques tensions à propos des médailles nominatives. Plusieurs habitants qui ont participé au sauvetage se sont estimés lésés, à juste titre, de ne pas en avoir reçu, se contentant de la médaille collective (qui sera exposée dans le Patio) et d’une lettre attestant de leur participation au sauvetage. Les médailles nominatives ont été présentées comme remises aux « sept sauveteurs ». Pour établir la liste des récompensés par ces médailles, la mairie s’est basée sur la liste des blessés établie par les pompiers suite au sauvetage. Or certains des principaux sauveteurs n’ont pas été blessés ou ne se sont pas présentés aux pompiers. Pas de blessure, pas de médaille.

Les sept médailles individuelles et la médaille collective remises le 31 juillet. (photo : BB, Le Crieur)

De quoi provoquer une certaine frustration chez les sauveteurs lésés. « La seule fois où on parle bien de nous, on reçoit juste une jolie feuille qu’on pourra encadrer. », dit l’un deux. « Ce n’est pas de la jalousie, on veut juste être considérés au même titre que les autres. » Ils étaient ainsi plusieurs à interpeller le maire à la fin de la cérémonie. Une discussion à laquelle les communicants de la mairie ont tenté d’écarter les journalistes et les curieux. Face aux accusations d’un « deux poids, deux mesures », Éric Piolle a assumé : « Il y a un moment, il faut décider du protocole et des noms. »

Guelord Musumar reçoit sa médaille des mains d’Éric Piolle, maire de Grenoble, tandis qu’un ami lui pose le drapeau de la république démocratique du Congo sur les épaules. (photo : BB, Le Crieur)

« J’en suis malade pour eux… », témoigne un responsable associatif présent à la cérémonie. « Ce n’est pas normal qu’ils n’aient pas reçu de médaille. J’ai de la peine pour ces jeunes. », ajoute un autre. Raison pour laquelle certains sauveteurs et habitants souhaitaient purement et simplement une médaille collective, sans distinction individuelle, arguant que personne ne devait être mis en avant, que c’était un groupe qui avait sauvé les enfants et que la foule les avait soutenus : « On a averti la mairie qu’ils allaient faire une connerie avec cette histoire de médailles nominatives. Ils ne nous ont pas écoutés. »

Reste qu’on ne peut reprocher à ceux qui ont reçu une médaille nominative d’en être fier, surtout quand elle peut servir de tremplin malheureusement nécessaire pour obtenir des papiers.