Collège : quelle solution pour la rentrée ?
Le collège Lucie Aubrac, incendié dans la nuit du 10 au 11 juin 2017. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Si les élèves du collège Lucie Aubrac, incendié le 11 juin dernier, ont cours à l’ESPE pour cette fin d’année scolaire, aucune solution n’a pour l’instant été retenue pour la rentrée de septembre. Le Conseil départemental, qui gère les collèges, a avancé quatre pistes.

À la suite de l’incendie, une solution temporaire a rapidement été trouvée pour que les collégiens de Lucie Aubrac puissent reprendre les cours. Depuis le mercredi 14 juin, ils ont cours à l’École supérieure de professorat et d’éducation (ESPE, ex-IUFM), avenue Marcelin Berthelot. Les élèves de 3e, après avoir eu cours pendant deux jours au lycée Mounier, ont rejoint leurs camarades le mercredi 14.

Vendredi 16 juin, l’équipe de direction du collège et les profs étaient invités par le Conseil départemental de l’Isère à participer à une réunion sur « l’avenir du collège ». Deux parents d’élèves, non-invités initialement, se sont joints à cette réunion. Étaient aussi présents des représentants du rectorat et de la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale de l’Isère.

Claudine Schmidt-Lainé, la rectrice de l’Académie de Grenoble, a loué « la qualité de ce collectif autour du collège, les enseignants, les parents d’élèves, les jeunes qui témoignent de l’envie de rester ensemble. Je remercie l’université de les avoir bien accueilli. Ici il y a un phénomène d’équipe, qui est si précieux dans un collège d’éducation prioritaire. Ce phénomène est bien pris en compte. »

Les officiels semblent avoir entendu élèves, parents d’élèves et profs sur le besoin de garder un lieu unique pour la rentrée de septembre 2017. « Nous respecterons le principe de ne pas séparer les enfants. Nous avons des collèges alentours qui auraient des places, mais nous ne casserons pas la dynamique du collège, nous ne séparerons pas l’équipe. » a ainsi promis Jean-Pierre Barbier, président du Conseil départemental.

Quatre solutions

Il a également présenté « quatre solutions temporaires pour la rentrée » :

  • mettre la totalité des élèves au collège Édouard Vaillant, à Saint-Martin-d’Hères, « où il n’y a que 230 élèves pour 700 places ». L’étiquette REP+ (Réseau d’éducation prioritaire renforcé) suivrait. Le Département prendra en charge les cartes de tram des élèves.
  • l’ancien collège des Saules à Eybens. Il a été fermé et muré à la Toussaint 2016, suite à l’ouverture du nouveau collège des Saules, en face. Le Département a annoncé aux profs que « ce ne sera pas une question d’argent, nous mobiliserons les fonds sans regarder à la dépense car nous sommes en situation d’urgence. »
  • le plateau sportif de l’ancien collège des Saules. Si l’ancien collège ne peut pas être réhabilité, le Département pourrait construire un collège préfabriqué, pour 3 millions d’euros. Ce serait une « prouesse technique d’arriver à faire ça en deux mois et demi ».
  • un collège préfabriqué sur le terrain de l’ESPE. Il faudrait avoir l’accord pour cela de l’université. Le département prendra en charge les cartes de tram des élèves.

Du côté des parents d’élèves, c’est la solution de l’ancien collège des Saules qui semble privilégiée, du fait de sa proximité avec le collège Lucie Aubrac (à peine 500 mètres séparent les deux bâtiments). Voué à la démolition, l’ancien collège des Saules pourrait connaître une deuxième vie. Surtout qu’un projet de réhabilitation, la « maison des Saules », porté par des habitants et associations du quartier, est en cours. Il vise la création d’un « lieu de sociabilité » pour accueillir diverses activités culturelles. Cette réhabilitation s’inscrirait dans le cadre du Nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU ou Anru 2), actuellement à l’étude sur le quartier. Le bâtiment pourrait donc être utilisé en remplacement du collège Lucie Aubrac de façon temporaire avant de céder la place à la maison des Saules.

Concertation ?

Si le Département souhaite « continuer le dialogue avec les parents d’élèves, les collégiens et les habitants », le calendrier de ce dialogue interpelle : une rencontre de « concertation » entre Jean-Pierre Barbier et les parents d’élèves est prévue le 29 juin. Mais dans le même temps, le Département explique que l’annonce du site choisi interviendra « à la fin du mois de juin ». La rencontre du 29 juin risque donc d’être le seul et unique moment de concertation avec les parents d’élèves qui « craignent que la décision ait été déjà prise avant ».

D’autant plus que les personnes pouvant assister à cette réunion sont triées sur le volet : en dehors des élus et de techniciens des différents services concernés, seuls les parents d’élèves sont conviés. Volonté de huis-clos ? Joint au téléphone par Le Crieur, le Département refuse de communiquer le lieu et l’heure de la réunion, au motif que cette celle-ci « comme prévu lors de la réunion du 16 juin, ne concerne que les parents d’élèves », mais assure que ceux-ci ont bien été invités. De fait, cette réunion se tiendra le jeudi 29 juin, à 18 heures, dans les locaux du SLS (Service local de solidarité) Grenoble-sud, 28 avenue de l’Europe.

Et après ?

La question se pose encore sur « l’après temporaire ». Principale interrogation : faut-il reconstruire ou non le collège au sein du quartier ? De nombreux élèves et parents d’élèves sont pour son maintien (lire à ce sujet la tribune de Sylvain Boulmé, parent d’élèves : « Maintien du collège à la Villeneuve »). Outre le lien avec les écoles, dans le cadre du Réseau d’éducation prioritaire, le collège est impliqué dans de nombreux programmes avec des associations et des structures du quartier. La déplacement du collège signifierait la perte d’un nouvel équipement au cœur de la Villeneuve, après le gymnase de la Piste, dont la reconstruction est prévue à l’extérieur du quartier, et la fermeture de la piscine Iris. une pétition réclamant le maintien du collège au sein du quartier est en cours de signature. Les partisans de la sortie du collège du quartier mettent en avant le besoin de mixité sociale accrue dans l’établissement.

Le Département souhaite là-aussi mettre en place une concertation, ouverte au-delà des seuls parents d’élèves : « Aucune décision ne sera prise pour l’avenir à long terme sans concertation. Des temps de réunion avec les unions de quartier et les parents d’élèves, puis avec les habitants vont permettre aux uns et aux autres de donner leur avis, de faire des propositions. Étendue à nos partenaires institutionnels, cette consultation s’organise afin qu’une décision soit prise d’ici octobre ».