Ciné-Villeneuve présente Ragtime
Le film Ragtime, de Miloš Forman, sera projeté lundi 17 juin, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins.

Ciné-Villeneuve présente en projection, lundi 17 juin, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins, le film Ragtime, de Miloš Forman. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film.

Ragtime

Selon Wikipédia, Ragtime peut faire référence à :

  1. un genre musical d’origine américaine ;
  2. une œuvre d’Igor Stravinsky ;
  3. un logiciel de Publication Assistée par Ordinateur et bureautique créé en 1985 ;
  4. un film américain réalisé par Scott Pembroke en 1927 ;
  5. une série télévisée britannique diffusée entre 1973 et 1975 ;
  6. un roman de Edgar Laurence Doctorow (1931-2015) publié en 1975 ;
  7. un film américain réalisé en 1981 tiré du précédent roman. Probablement le film le moins connu des chefs d’œuvre de Miloš Forman. C’est ce film que présente Ciné-Villeneuve lundi 17 juin à 20 heures, salle polyvalente de Baladins. C’est un film plein d’amour, cultivé et soigneusement structuré, avec des personnages bien écrits. On comprend vers quoi chacun d’entre eux tend et la plupart du temps on sait même pourquoi. 

Mais qu’est-ce que le ragtime genre musical d’origine américaine ?

Le ragtime, parfois écrit rag-time, est un genre musical ayant émergé aux États-Unis en 1870 et devenu extrêmement populaire entre 1897 et 1918. Il fut importé en Europe par le music-hall vers 1900. Le rythme est issu du cake-walk, danse style marche syncopée née parmi les Noirs de Virginie (État du Sud des États-Unis), pour imiter avec ironie l’attitude de leurs maitres se rendant aux bals. Ces moments si rares où ils faisaient vivre leurs traditions africaines comptaient beaucoup pour eux. Parfois des colons récompensaient les meilleurs danseurs par un gâteau, d’où le nom de cake-walk (marche du gâteau). Le Français Georges Méliès (1861-1938) réalisa un film Le Cake-walk infernal en 1903 mettant en scène un groupe de danseurs pratiquant le cake-walk en enfer. Claude Debussy composa en 1908 Golliwogg’s cake-walk, pour piano, dans son Children’s Corner.

Le plus célèbre compositeur de ragtime est l’Américain Scott Jopling (1868-1917). Le ragtime est associé au piano mais peut aussi être joué avec d’autres instruments tels la guitare, le banjo et les cuivres et peut être aussi interprété par des ensembles de jazz Nouvelle Orléans ! Il est considéré comme l’un des précurseurs du jazz et à partir de 1920 le jazz a supplanté le ragtime, même si celui-ci a pu continuer à se développer à travers le novelty piano particulièrement entre 1920 et 1940 par des pianistes blancs.

Le ragtime a par la suite connu un regain d’intérêt dans les années 1950 et les années 1970, notamment avec la musique empruntée à Scott Joplin du film The Entertainer (L’Arnaque) de George Roy Hill avec Paul Newman et Robert Redford.

Le film

Le réalisateur tchèque Miloš Forman.

En quelques mots la bande annonce présente le film : « Quelle époque c’était ! Une époque où une nation assouvissait tous ses désirs. Où une obsession sexuelle déclencha le meurtre du siècle. Une époque débordante de vie, de passions et de rebellions. Où la fierté d’un homme pris une ville en otage. Où vedettes et anonymes écrivaient l’histoire en chœur. Une belle époque, une sale époque. L’époque du RAGTIME ! »

Le film sorti en janvier 1982 et ressorti en version restaurée en mars 2019 dure 2 heures 35 minutes (à titre indicatif un film standard a une durée habituelle de 1 heure 30). Une fois le film terminé, il était extrêmement long. Toute la séquence de l’histoire d’Emma Goldman, qui durait vingt minutes, fut coupée. Forman défendit cette séquence. Le producteur fait décider l’auteur du roman, E. L. Doctorow, qui après avoir vu la version abrégée, dit qu’il ne manquait rien au film.

Ragtime est une adaptation du roman éponyme d’Edgar Laurence Doctorow, publié en 1975, lui-même adaptation littéraire de Michael Kohlhaas roman de l’écrivain allemand Heinrich Von Kleist (1667-1745) histoire d’un Don Quichotte bourgeois à la morale rigoureuse comme le dit son auteur. L’histoire se déroule au milieu du XVIe siècle, pendant la Réforme. Un marchand de chevaux s’insurge contre une injustice qui lui a été faite et veut se rendre justice selon sa devise : « Que la justice s’accomplisse, le monde dût-il s’effondrer. »

Le roman d’Edgar Laurence Doctorow, publié en 1975 se déroule dans la région de New York entre 1902 et 1912 avec de brèves scènes vers la fin évoquant l’entrée des États-Unis en 1917 dans la Première Guerre Mondiale avec une petite référence à la Révolution mexicaine. En 1998, l’éditeur Modern Library classa ce livre 86e dans sa liste des 100 meilleurs romans américains du XXe siècle.

C’est au producteur Dino de Laurentiis que revient l’idée d’adapter au cinéma l’œuvre de E. L. Doctorow qui avait été un événement littéraire lors de sa parution en 1975. Robert Altman accepte de réaliser le film, mais il quitte le projet à la suite d’une mésentente avec de Laurentiis qui approche alors Miloš Forman. Celui-ci adapte le roman en compagnie du dramaturge Michael Weller, avec qui il avait travaillé sur son film précédent, la comédie musicale Hair.

Le scénario du film de Miloš Forman devient : « Au début du XXe siècle, un homme noir devient pianiste de jazz. Il gagne ainsi correctement sa vie et aspire à fonder une famille. Mais peu de temps avant son mariage, il est victime d’une injustice de la part d’hommes blancs qui n’acceptent pas de le voir rouler au volant de sa voiture neuve. Tout le monde autour de lui l’incite à ne pas envenimer la situation. Mais il ne peut accepter de voir ses droits bafoués et nourrit une profonde aspiration à voir reconnaitre ses droits. Après la mort de sa fiancée, un engrenage s’enclenche. C’est le portrait d’une société multiraciale, de ses injustices criantes et de ses scandales à travers les destins croisés d’hommes et de femmes de milieux différents dans le New York du début du siècle qui s’éveille au ragtime… » Le film commence par un montage de scènes d’actualités de célébrités du début du XXe siècle comme l’illusionniste américain d’origine hongroise Harry Houdini (1874-1926),Theodore Roosevelt (1858-1919) et l’architecte Stanfort White (1853-1906) ainsi que la vie courante à New York. Ceci sur fond de ragtime au piano.

L’acteur Moses Gunn, interprète du joueur de Ragtime Booker T. Washington.

Bien que l’action de Ragtime se déroule entièrement aux États-Unis, une partie du tournage a lieu en Angleterre.

À sa sortie, le film bénéficie d’une critique honorable. Le film est en nomination pour huit Oscars, mais n’en remporte aucun.

Le réalisateur

Jan Tomáš Forman, né le 18 février 1932 à Čáslav (République tchèque) et mort le 13 avril 2018 à Danbury (Etats-Unis), connu sous le nom de Miloš Forman, est un réalisateur américain d’origine tchèque, également scénariste et professeur de cinéma. Son père est tué par la Gestapo et sa mère meurt au camp d’Auschwitz. Il suit des études de cinéma à Prague. Son premier long métrage, L’As de pique (1963), le fait connaître au-delà des frontières de son pays. Ses œuvres tchécoslovaques (Les Amours d’une blonde ; Au feu, les pompiers !), auxquelles il donne une couleur de satire sociale, rompent avec le ton conformiste et l’académisme des productions communistes de l’époque.

En 1968, la répression du Printemps de Prague l’oblige à émigrer ; les autorités soviétiques ayant désigné les films de Forman comme symptôme de la dégénérescence du système socialiste sévissant en Tchécoslovaquie. Il se trouve à Paris pour négocier les termes du contrat de son premier film américain. Sa société de production tchécoslovaque le licencie directement, prétextant qu’il est sorti illégalement du territoire. Il se retrouve séparé de sa seconde épouse qui préfère rester au pays avec leurs deux fils jumeaux. Miloš Forman ne les revoit qu’au milieu des années 80.

Son film Au feu, les pompiers !, est en compétition officielle au Festival de Cannes, mais comme d’autres réalisateurs, il se retire en solidarité avec le mouvement social de mai 1968 en France.

Il s’établit à New York, devient professeur de cinéma et, en 1977, est naturalisé américain. Aux États- Unis il réalise une comédie musicale sur la classe moyenne américaine qui est un échec. Il change de registre avec Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975), drame sur les milieux psychiatriques qui lui vaut la consécration internationale et l’Oscar du meilleur réalisateur.

En 1985, il remporte de nouveau l’Oscar du meilleur réalisateur pour l’adaptation de la pièce de Peter Shaffer sur la vie de Mozart, vue par Salieri, le fastueux Amadeus, qu’il a en partie tournée à Prague, renouant ainsi avec son pays natal. Il a dû cependant négocier avec les autorités tchécoslovaques pour pouvoir tourner, s’engageant notamment à ne pas rencontrer de dissidents locaux, dont Vaclav Havel qui venait juste d’être emprisonné.

Il réalisera 35 films.

Hommages

Miloš Forman est membre d’honneur du Club de Budapest. Il a reçu à Lyon le Prix Lumière2010 pour l’ensemble de sa carrière. Depuis octobre 2018, une petite place porte son nom à Prague.

Les acteurs

Coalhouse : Howard E. Rollins Jr. ; Evelyn Nesbit : Elizabeth McGovern ; la mère : Mary Steenburgen ; le père : James Olson ; Moses Gunn : Booker T. Washington.
Musique de Randy Newman.

Quelques critiques

Ce film n’ayant pas connu de sortie importante en France, il y a très peu d’information sur AlloCiné (www.allocine.fr). Aucune critique de journaux, 193 notes et 20 critiques de spectateurs seulement alors que Vol au-dessus d’un nid de coucou a fait l’objet de 28950 notes et 1042 critiques. D’après Allociné, la meilleure et la pire des critiques utiles de spectateurs sont :

La meilleure : « Ragtime » est un vrai petit bijou. Un drame de fiction traitant du racisme dans l’Amérique au début du siècle dernier. La mise en scène à grand spectacle nous offre des portraits de personnages hautement charismatiques dans des décors somptueux d’époque 1900. Sur une excellente bande son d’Andy Newman, le bon scénario nous propose une histoire émouvante, très joliment interprétée par une pléiade d’acteurs de talent avec une attention particulière pour Brad Dourif, étonnant dans le rôle du plus jeune frère, et de Howard E. Rollins tout simplement époustouflant. Après « Vol au-dessus d’un nid de coucou » en 1976, « Amadeus » en 1984 et « Les Fantômes de Goya » en 2005, « Ragtime » est une autre pépite du réalisateur Tchèque.

La pire : Un grand classique de cinéma. Un sujet toujours d’actualité (malheureusement) ainsi qu’un scénario vaste qui présente bien cette Amérique controversée par sa propre immigration. Un beau panorama historique qui souffre pourtant de longueurs, quelques facilités et surtout un enchevêtrement des personnages et de situations croisées qui ratent l’émotion chez le spectateur. Cette violence pourtant justifiée par l’histoire parait à l’écran mal maîtrisée. Vraiment dommage !

Trailer du film Ragtime, de Miloš Forman (en anglais).

Ragtime
Drame (États-Unis), 1981
De Miloš Forman
Avec James Cagney, Mary Steenburgen, Elizabeth McGovern, Moses Gunn
155 min
Adhésion à Ciné-Villeneuve, enfants et précairese : 1 € ; adultes : 5 € ; soutien : 10 € ; donnant droit à tous les films de la saison 2018-2019.