Ciné-Villeneuve présente Monsieur
Le film Monsieur, de Rohena Gera, sera projeté lundi 30 septembre 2019, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins. (photo : image extraite du film)

La projection du film se fera en partenariat avec l’opération « Juste un regard » dans le cadre des manifestations pour la journée internationale de la non-violence. À noter que la Journée internationale de la non-violence se déroule annuellement le 2 octobre, date anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, figure majeure de l’indépendance indienne et de la non-violence.

Le film

L’amour plus fort que la lutte des classes version indienne ? Un film délicat et sensible qui s’inscrit avec bonheur dans un nouveau courant de films indiens féministes. C’est un film indien mais pas un « Bollywood » — pour ceux qui ne connaissent pas l’Inde, un mot composé de Bombay et Hollywood pour désigner les films musicaux, chantés et dansés réalisés en hindi et qui sont très populaires en Inde, mais aussi en Asie du Sud-Est.

Ratna est domestique chez Ashwin, le fils d’une riche famille de Mumbai (Bombay). En apparence la vie du jeune homme semble parfaite, pourtant il est perdu. Ratna sent qu’il a renoncé à ses rêves. Elle, elle n’a rien, mais ses espoirs et sa détermination la guident obstinément. Deux mondes que tout oppose vont cohabiter, se découvrir, s’effleurer…

Monsieur s’inscrit avec bonheur dans un nouveau courant de films indiens féministes qui a notamment donné La saison des femmes (2016, de Leena Yadav née en 1971), Déesses indiennes en colère (2016, de Pan Nalin) et même le merveilleux The Lunchbox (2013, de Ritesh Batra né en 1979).

Magnifique film du début à la fin. Une grande sensibilité, une mise en scène soignée, des personnages attachants, une histoire simple mais passionnante. Bref, un excellent moment de cinéma.

Les prix

En compétition lors de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2018, le film a reçu le Prix du Public aux Festival du film romantique de Cabourg ainsi que le Prix du Public et le Prix du Jury au Festival de Saint-Jean-de-Luz.

La réalisatrice : Rohena Gera

Rohena Gera, née en 1973, est une réalisatrice, scénariste et productrice indienne. Elle fait ses études aux États-Unis, à l’Université Stanford (Californie) et au Sarah Lawrence College (New-York). Elle a appris le Français à la Sorbonne, épousé un Français et vit souvent à Paris qu’elle aime ! Elle travaille comme scénariste pour le cinéma indien avant de passer à la réalisation en 2013. Parallèlement à ses projets professionnels, elle est engagée dans des campagnes à but non‐lucratif pour les causes de la paix et de l’égalité.

En 2003, Rohena Gera fait ses débuts de scénariste pour la première saison de la série indienne Jassi Jaissi Koi Nahin. En 2013, elle écrit et dirige un premier documentaire What’s Love Got to Do with It ?, qui brosse le portrait amusant d’Indiens urbains privilégiés, qui se réconcilient avec leurs attentes concernant l’amour, le mariage, le bonheur et la tradition. Le scénario entremêle les histoires de huit candidats improbables qui se retrouvent chacun en file pour un mariage arrangé, jouant ainsi sur les règles qui renforcent souvent le statu quo de classe, de caste et de genre. La réalisatrice porte un regard intime sur la quête humaine de l’amour et du bonheur, capturant les obligations ou les pressions sociales présentes au sein de la famille indienne. Ce documentaire est sélectionné au Festival du film de Mumbai.

Rohena Gera présente son premier long-métrage, Monsieur (Sir en anglais), lors de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2018.

Quelques mots de la réalisatrice

Extrait d’une interview de Rohena Gera par Tewfik Hakem pour Le réveil culturel (France Culture) :

« C’est l’histoire d’une jeune domestique et de son jeune patron, dans un appartement de Bombay, c’est l’histoire de deux personnes avec cette intimité qui se crée entre eux, sans pour autant oublier qu’il existe une ségrégation. Je voulais amener ce débat dans mon film. 

« J’ai vécu un peu partout ; j’ai grandi en Inde, j’ai fait mes études aux Etats-Unis, je vis à Paris. Je connais Bollywood, c’est un système très structuré de l’industrie du cinéma indien autour de vedettes. Mes deux comédiens ne sont pas des stars, elle, Ratna (Tillotama Shome) et lui, Ashwin (Vivek Gomber) viennent du théâtre et ont joué dans des films d’auteurs.

« Le personnage masculin est en pleine crise existentielle, très privilégié socialement mais pas heureux ; elle, c’est le contraire, d’une certaine manière. Deux êtres peuvent tomber amoureux l’un de l’autre, peu importe d’où ils viennent. Le problème des classes en Inde, il est temps qu’on en parle. À travers une histoire d’amour, on comprend mieux le point de vue de l’autre. »

On peut retrouver une autre interview en anglais ici : https://www.youtube.com/watch?v=tQqjtuhRK-o

et en français (avec quelques images du film – à lire, à voir et à entendre absolument) sur : https://www.daily-movies.ch/interview-rohena-gera-sattaque-aux-problemes-des-classes-en-inde-avec-sir

Interview en anglais des deux acteurs principaux Tillotama Shome et Vivek Gomber :

Quelques critiques

AlloCiné note les films sur 5 à partir des critiques, et notes éventuelles de la presse et des notes de spectateurs écrivant à AlloCiné. Les moyennes sont Presse : 3,8 et Spectateurs : 4,2. On observe que les meilleurs critiques sont celles de deux journaux féminins :

  • Elle (5) : Un film aussi fin qu’intelligent, à ne surtout pas rater.
  • Femme Actuelle (5) : À voir à tout prix.

Quelques autres critiques avec la note calculée par Allociné :

  • Le Dauphiné Libéré (4) : Loin de toute idéalisation naïve comme de toute noirceur misérabiliste, le film fait entendre une petite musique riche d’harmoniques divers, tout à la fois romance sentimentale, peinture sociale, étude de caractères, et surtout drame intime, lourd de toutes les contraintes mais aussi de tous les espoirs. Un petit bijou.
  • Paris Match (3) : Le film de servante est presque devenu un genre cinématographique. Alors que Roma d’Alfonso Cuaron réhabilite la « bonne mexicaine » à grand coup de panoramiques qui la place au centre du monde et de ses souvenirs, Monsieur de Rohena Gera joue sur un registre plus romantique. C’est bien un amour impossible que nous raconte Rohena Gera, celui qui va naître entre le riche et beau Ashwin et la douce et jolie Ratna. Tout n’est pas d’une folle originalité mais la réalisatrice évite l’écueil de la sur-dramatisation avec sensibilité et délicatesse. Ratna n’est pas une victime, juste une jeune femme qui veut s’émanciper de sa condition et devenir indépendante en apprenant le métier de couturière. Elle n’est pas dupe des dangers de l’amour et c’est elle qui mène la danse, elle qui ne veut pas devenir la « pretty woman » du prince charmant. Les contes de fées n’existent pas, en Inde ou ailleurs, mais nul ne peut empêcher les cœurs de battre la chamade…
  • L’Obs (2 – la moins bonne critique) : C’est pudique, admirablement interprété par Tillotama Shome, mais cousu de fil blanc.

La bande-annonce

Monsieur (Sir)
Comédie dramatique (Inde, France), 2018, vostfr
De Rohena Gera
Avec Tillotama Shome, Vivek Gomber
99 min
Adhésion à Ciné-Villeneuve : enfants et précaires : 1 € ; adultes : 5 € ; soutien : 10 € ; donnant droit à tous les films de la saison 2019-2020, hors projections à l’Espace 600.