Une enquête sur les pertes de revenu
Un point d’information sur l’enquête auprès des résidents en HLM s’est tenu sur la place du marché samedi 30 mai. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Depuis trois mois, des associations de locataires réclament un moratoire sur les loyers en HLM. Une enquête sur les pertes de revenus a été lancée.

Samedi 30 mai, une quinzaine de personnes s’est réunie place du marché avec un double objectif : parler de la campagne nationale pour un moratoire sur les loyers (voir le site loyersuspendu.org) et donner le coup d’envoi d’une vaste enquête auprès des habitants de l’Arlequin sur leur perte de revenus pendant le confinement. Raphaël Beth, du Droit au logement 38, explique : « Les bailleurs sociaux ont ouvert des démarches, au cas par cas, en cas de difficulté pour payer le loyer. Or, il faut pouvoir prouver sa perte de revenus pour bénéficier d’une aide. Quand ce sont des revenus informels, ce n’est pas possible de le faire. L’enquête, via des questionnaires à remplir, pourra montrer l’ampleur de la perte de revenus des locataires. »

Des stands sur l’espace public, comme ce samedi 30 mai, permettront de faire connaître l’enquête. Des questionnaires seront aussi mis en libre disposition. Les organisateurs espèrent que plusieurs centaines de questionnaires seront remplis. De leur côté, les bailleurs sociaux invoquent les récentes coupes claires dans le budget du logement social pour refuser tout moratoire. « C’est une erreur stratégique majeure de la part des bailleurs de ne pas s’être retournés contre l’État alors que des secteurs comme l’automobile ou le tourisme ont obtenu quelque chose du gouvernement. On estime que le gel des loyers coûterait de deux à trois milliards d’euros, que l’État pourrait compenser. De toute façon, les bailleurs vont avoir des impayés, ce qui va leur coûter cher… », rappelle Raphaël Beth.

Les élus locaux, à la tête de certains bailleurs sociaux, préfèrent attendre d’éventuelles mesures nationales. Dans un courrier au ministre du Logement, envoyé le 7 mai, et resté lettre morte, les maires de Grenoble, Saint-Martin-d’Hères, Échirolles et Fontaine proposent, entre autres, de revenir sur la baisse des APL et d’abonder les financements de l’Anru. « Si les sous vont à la réhabilitation de logements sans augmentation de loyer et sans éviction des locataires, ok. Si c’est pour poursuivre les démolitions de logements sociaux, on n’y est pas favorable. », répond le DAL.

Dans une récente étude, Pierre Concialdi, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales, explique que « Parmi les ménages en difficulté identifiés dans cette note, on trouve sans surprise une part importante de ménages pauvres ou à bas revenus qui sont, pourrait-on dire, structurellement en difficulté. » Le chercheur rappelle que 52 % des ménages pauvres ont subi une baisse de revenus, plus que tout autre catégorie, partielle pour 35 % des ménages pauvres et totale pour 17 % des ménages pauvres.

D’où l’importance pour le chercheur d’appeler à un moratoire sur les loyers : « Dans ces conditions, des mesures complémentaires apparaissent nécessaires pour agir sur les dépenses des ménages – notamment les dépenses fixes de logement – afin d’atténuer les tensions budgétaires que nombre d’entre eux connaissent aujourd’hui. A côté des mesures de soutien direct aux revenus, plusieurs pays européens ont déjà mis en œuvre un moratoire des loyers. »