En octobre 2019, un référendum d’initiative citoyenne sur les démolitions de logements sociaux était organisé à l’Arlequin. Un an après, les organisateurs font état d’un statu quo, alors que le 20 galerie de l’Arlequin est toujours debout.
La nuit, les lumières aux fenêtres du 20 galerie de l’Arlequin se font rares. Pour cause, la majorité des habitants a déménagé. Au niveau de la galerie, le permis de démolir est affiché. La démolition aurait déjà dû commencer courant 2020. Pourtant, le 20 galerie de l’Arlequin se dresse toujours à côté de l’arrêt de tram La Bruyère.
Il y a un an, un collectif organisait un référendum d’initiative citoyenne (RIC), dans des « conditions rigoureuses » a-t-il rappelé, sur la question des démolitions de logements sociaux à l’Arlequin. Le résultat avait été sans appel : 526 votants, soit plus que lors des dernières élections municipales, et près de 70 % de votants contre les démolitions. En octobre 2019, Maryvonne Boileau, à l’époque adjointe à la Politique de la ville, expliquait que la mairie « [n’allait] pas revenir sur la démolition du 20. Il y a les contraintes du contrat avec l’Anru [Agence nationale pour la rénovation urbaine], qu’on a négocié durement pour éviter qu’il y ait trop de démolitions. »
Démolitions
Le 20 galerie de l’Arlequin est voué à la démolition afin de créer « une entrée de quartier attractive [pour] permettre une véritable mise en valeur du parc », selon La Métro. Plus prosaïquement, la démolition du 20 permet aussi de faire baisser le taux de logements sociaux à l’Arlequin, proche de 75 %, trop élevé pour l’Anru. La montée du 10 n’a pas été retenue dans la convention, laissant son avenir en suspens. Rien n’est défini non plus pour les 90, 110 et 120 galerie de l’Arlequin, qui devront attendre une revoyure de la convention pour connaître leur sort, rénovés ou démolis.
Depuis, la situation n’a pas bougé : « Un an après, nous déplorons qu’aucune des propositions faites par le collectif n’a été retenue. », a interpellé le collectif, lors d’une conférence de presse le 19 octobre dernier. Sa principale proposition est de « faire un avenant à la convention Anru pour annuler la démolition du 20 ». La réhabilitation du 10/20 passerait soit par la création d’une « coopérative d’habitants [une troisième voie entre location et propriété privée, où les habitants sont à la fois propriétaires et locataires, ndlr] » soit par le rachat des deux montées par « un bailleur municipal, Actis ou Grenoble Habitat ». Les deux solutions ne se feraient pas sans un « droit au retour des habitants une fois les appartements rénovés ». Actuellement, ni les anciens habitants du 60 galerie de l’Arlequin, relogés pour la réhabilitation de la montée, ni ceux du 20 galerie de l’Arlequin, relogés pour la démolition, ne disposent d’un tel « droit au retour ». La charte de relogement du 60 stipule bien que « [leur] candidature pourra être étudiée prioritairement pour un retour dans le secteur » mais qu’ils devront « signaler leur souhait de retour auprès d’Actis » via une nouvelle demande de logement social et qu’« aucun frais ne sera pris en charge par Actis ». Quant au protocole de relogement du 20, il se borne à indiquer que les locataires relogés seront « informés de la livraison des logements réhabilités » et qu’il leur faudra déposer « une demande de logement social » pour « manifester auprès de SCIC Habitat Rhône-Alpes [leur] intérêt à revenir sur site », sans aucune garantie de réponse positive.
Par ailleurs, le collectif a rappelé qu’il a déposé trois recours administratifs, sur la concertation du projet, le relogement des habitants et la délibération du conseil municipal engageant la réhabilitation du 10/20. « Vont-ils continuer à passer en force ? C’est le projet de l’agglo le plus contesté… »
Relogement
Mireille est une ancienne habitante du 10 galerie de l’Arlequin qui a été relogée à Eybens. Elle a témoigné lors de la conférence de presse : « Pour moi, il ne s’agit pas d’un relogement mais plutôt d’une expulsion. Je me retrouve à Eybens, dans un logement plus petit, avec un loyer 100 € plus important, dans un quartier mort. Notre garage est rempli de cartons qu’on ne pourra pas déballer parce qu’on n’a pas la place. Tous ceux qui sont partis sont dans la même situation, ils ont plus petit et plus cher. Quand j’ai déménagé, j’ai pleuré pendant 15 jours, je revenais ici tous les jours promener mon chien. Moi, j’aimerais bien revenir ici, à la Villeneuve, c’est vivant, il y a de la joie, là-bas, il n’y a rien, j’appelle ça chez les morts. »