Conseiller municipal à la mairie de Grenoble, Hosny Ben-Redjeb est également habitant de longue date de la Villeneuve. S’il siégeait jusqu’à présent dans la majorité, il a décidé de s’en éloigner et s’en explique au Crieur.
Aux élections municipales de 2020, Hosny Ben-Redjeb fait partie des transfuges du Parti socialiste qui rejoignent la liste Grenoble en commun, menée par Éric Piolle, plutôt que celle d’Olivier Noblecourt, soutenue par le PS. Il est élu adjoint aux « Chantiers ouverts au public ». Après l’élection houleuse du président de la Métro (PS) pendant l’été, il rejoint finalement le groupe Actes au conseil métropolitain, composée d’élus PS dont… Olivier Noblecourt. Il siège désormais comme indépendant au conseil municipal et n’a plus de délégation. « [M. Ben-Redjeb] a fait le choix de clarifier sa position après avoir rejoint un nouveau groupe métropolitain. », indique le groupe Grenoble en commun au Crieur.
Le Crieur : Quel regard portez-vous sur l’évolution du quartier ?
Hosny Ben-Redjeb : Je suis habitant de la Villeneuve depuis de nombreuses années et j’ai toujours été attaché au quartier. Il y avait un foisonnement d’initiatives culturelles, sociales et aussi internationales. Puis il y a eu une rupture dans la dynamique. D’une part parce qu’on a peut-être été trop idéalistes, on se reposait sur les années phares de la Villeneuve. D’autre part parce qu’on n’a pas su se remettre en cause, passer le relais. On a aussi été pris de cours par la nouvelle gouvernance politique municipale [Alain Carignon est élu maire en 1983, ndlr] : la Ville est passée d’une politique bienveillante à une politique de gestion. Ça a été un changement radical de modèle.
D’autant plus que c’était une période compliquée : décrochage scolaire, augmentation du chômage, en particulier des jeunes, apparition de mesures sociales qui renvoyaient à une certaine réalité, augmentation de la pauvreté, du racisme, rigueur budgétaire. Et en plus l’introduction de la drogue, qui a été une échappatoire pour certains jeunes. On n’a pas vu, volontairement ou non, la réalité de ces phénomènes sociaux à la Villeneuve, qui ont été très ressentis ici. Ça a été un choc. Cette époque, en nous mettant devant le fait accompli, nous a montré la réalité du quartier.
Aujourd’hui, à Villeneuve, il y a des instruments sociaux et culturels, qui sont ce qu’ils sont, mais qui ne font pas cohésion, en tout cas c’est mon regard. Il y a beaucoup d’équipements mais est-ce que pour autant le cadre de vie s’est amélioré ? On se plaint toujours de la gestion des déchets, du manque de locaux pour les jeunes, du manque espaces économiques. On ne voit pas d’innovation culturelle. Il y a les équipements, mais il n’y a pas le contenu. Ce n’est pas le nombre de permanences des structures d’emploi qui va changer le chômage des jeunes.
C’est pour protester contre cette politique que vous avez quitté la majorité ?
J’ai pris la décision de me mettre en décalage par rapport à la majorité. Je ne suis plus en accord avec l’équipe actuelle. Il y a deux instruments à revoir : le travail en horizontalité et le dialogue avec les habitants, qui doit être établi. À Villeneuve, la politique c’est : on vient avec l’idée, sans prendre en compte la réflexion et les propositions des habitants. La municipalité vient avec une idée préconçue, elle a déjà pris la décision, avant le dialogue. Tu sens qu’il y a de la crispation. La méthode et le fond ne vont pas. C’est difficile pour eux d’ouvrir le dialogue, alors que les gens sont suffisamment grands pour donner leur avis, tout le monde doit pouvoir le donner. Cette absence de dialogue, ça va des choses les plus banales, du lampadaire, jusqu’au projet le plus structurant. Mais je crois au programme électoral annoncé. Le projet qui va être développé pour les quartiers sud est assez intéressant.