Nouvelles fresques
La fresque d’Ernest Pignon-Ernest sur la bourse du travail. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Le Grenoble street art fest débarque à la Villeneuve. Plusieurs œuvres seront réalisées dans le quartier, notamment la rénovation de la fresque d’Ernest Pignon-Ernest sur la bourse du travail.

Florence et Laurent de Médicis avaient Michel-Ange, Grenoble et Éric Piolle auront Space Junk. La galerie de street art fondée par Jérôme Catz organise la deuxième édition, en juin, de son Grenoble street art fest, avec la bénédiction de la mairie et quelques dizaines de milliers d’euros de subvention (42 300 € selon Le Petit Bulletin). L’année dernière, une vingtaine d’artistes urbains avaient orné la ville, tout du moins les quartiers branchés Championnet et Hypercentre.

Cette année, le festival ose franchir le tram C et s’étend aux quartiers sud. Parmi les projets artistiques prévu, la rénovation de la fresque d’Ernest Pignon-Ernest, un des défricheurs de l’art urbain en France, sur la bourse du travail, avenue de l’Europe. Réalisée en 1979, la fresque reprend des affiches historiques des luttes syndicales et des droits des travailleurs. « Il y a une affiche de Louise Michel qui vient dans le Dauphiné, une du 1er mai 1936. J’ai aussi retrouvé la première affiche qui parle de la journée de huit heures », raconte l’artiste septuagénaire au Crieur.

Cooptation

« À l’époque, je faisais un travail à la Maison de la culture autour de la santé au travail, comme les questions du bruit ou de la reconnaissance des maladies professionnelles. L’ensemble des syndicats m’a coopté pour faire la fresque sur le mur. Ils arrivaient dans ce bâtiment neuf, sans âme et ils avaient la nostalgie de l’ancienne bourse du travail. »

Depuis, la fresque a perdu de sa superbe. Quentin Hugard, le respo du festival chez Space Junk, pointe « une malfaçon dans le mur. Il y a eu plusieurs tentatives de rénovation mais sans succès. » Face à l’état de la fresque, Ernest Pignon-Ernest « a souhaité qu’elle disparaisse » et a libéré la ville de Grenoble de ses obligations d’entretien, en 1999. « Je voulais qu’il y ait un renouvellement, qu’un artiste plus jeune prenne la place. », explique l’artiste.

Avant de changer d’avis « étant donné le thème, la mémoire, les luttes des ouvriers. En ce moment, c’est pas mal de se souvenir. Il y a quand même une amnésie collective des luttes. »

Ironie de l’art, pour rénover la fresque, il faut d’abord la détruire. Le mur sera complètement refait, la fresque recréée numériquement,  imprimée sur toile et marouflée sur le mur. Enfin, ça, c’est si Space Junk parvient à réunir les 50 000 € nécessaires, via une collecte sur Internet.

Autres projets

Dans le cadre du festival, plusieurs créations d’œuvres sont prévues. Une fresque devrait être réalisée sur le mur du 50 galerie de l’Arlequin, laissé nu depuis la destruction d’une partie de l’immeuble. « Nous sommes en phase d’échanges avec Actis [le bailleur social, ndlr]. L’artiste américain sera choisi d’ici peu » annonce Quentin Hugard. Mais, promis, « les habitants du 50 et du 60 décideront du dessin à partir de propositions faites par l’artiste. » Parmi les thèmes qui ressortent pour l’instant, « le parc, le vivre-ensemble, l’histoire du quartier, notamment les couleurs de la galerie. » Une anamorphose est aussi prévue à côté de l’arrêt de tram Arlequin, ainsi que la réalisation d’une fresque sur le local de la Régie de quartier.