Les centres de santé n’ont pas connu la crise
Entrée du centre de santé Arlequin, également siège de l’Agecsa, association qui gère les centres de santé grenoblois, au 162 galerie de l’Arlequin, en bas du 170 galerie de l’Arlequin. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Grenoble est assez épargné par la pandémie de Covid-19. Les deux centres de santé du quartier n’ont ainsi pas été submergés. Jacky Dupuy, directeur général adjoint de l’Agecsa (Association gestionnaire des centres de santé) fait le point.

Le Crieur : Comment les centres de santé se sont organisés face à cette pandémie ?

Jacky Dupuy : On s’est mis en ordre de bataille, avec des protocoles pour les patients reçus dans le cadre du Covid-19. On a créé des zones « spéciales » dans les centres de santé en cas de suspicion de Covid-19, des espaces sanitaires. On s’est aussi équipé en masques, blouses, surblouses, même si c’est difficile d’en avoir. C’est un peu limite en terme de masques, mais on reçoit des dotations de l’État toutes les semaines. Au début, il y en avait juste pour les médecins, rien pour les infirmières, mais après avoir protesté, il y en a un peu pour elles. On a aussi contribué à créer un centre de consultations uniquement dédié pour le Covid-19 [ndlr : dans les locaux de la MT2I, association de santé au travail, vers Pôle emploi], en mettant des secrétaires médicales et des médecins à disposition. Comme il n’y a pas eu trop de cas, le centre a fermé.

Les centres de santé auraient été désertés. C’est vrai ?

Pendant le confinement, les gens ne venaient plus au centre, de peur de contracter le virus. On s’attendait à une arrivée massive, ça a été l’inverse. Fin mars, il y a eu un creux dans la fréquentation des centres. Il a fallu passer par la téléconsultation, grâce aux webcams, pour aller vers les patients qui n’osaient pas venir. Les médecins n’étaient pas forcément prêts, il a fallu s’adapter en quelques jours. Les médecins font du suivi médical, ils appellent les patients, ceux qui ont des maladies chroniques, pour avoir une continuité de soins. C’est une autre façon de travailler. Les infirmières vont à domicile, mais elles sont équipées, elles ont des tenues. Maintenant, les patients reviennent dans les centres, les plannings sont bien remplis.

Quelle est la procédure en cas de Covid-19 ?

On fait un filtre par téléphone. Des gens appellent parce qu’ils sont inquiets, ils craignent d’avoir le Covid-19. En fonction des symptômes, on les oriente vers le Samu. Pendant les 15 premiers jours, ça a été le branle-bas de combat, on avait beaucoup d’appels. Les gens appelaient car ils avaient de la fièvre ou de la toux. Mais on n’a eu que des tests négatifs. Pareil chez le personnel, chez les professionnels de santé, on n’a pas eu de cas. Il y a eu un doute pour deux médecins mais les tests étaient négatifs. Heureusement, sinon ça aurait été l’hécatombe dans l’équipe.

Comment va se passer le déconfinement ?

Il risque d’y avoir un afflux de patients au moment du déconfinement. Beaucoup de gens voudront venir voir leur médecin, c’est normal, ce n’est pas la même chose de l’avoir au téléphone et en face de soi. Pour le Covid-19, on attend de savoir si on pourra faire les tests. Mais on a une bonne capacité d’adaptation.

Et sur le port du masque ?

Pas mal de gens en portent, beaucoup en ont fabriqué eux-mêmes. C’est une bonne mesure, surtout dans les transports en commun. Quand ce sera l’heure du déconfinement, les masques seront nécessaires. Il y a eu un fort élan de solidarité : des associations ont fabriqué des visières, l’entreprise ST Micro a fabriqué du gel hydraulique, parfois, des patients nous amènent des masques. Et puis tous les soirs, il y a les chants au balcon au-dessus du centre (lire l’article Au 170, la musique se joue du confinement), c’est sympa d’entendre la chanson sur le coronavirus.