
Les démolitions de logements sociaux divisent le quartier. Le collectif contre les démolitions réclame un référendum local, la mairie fait la sourde oreille.
Samedi 19 janvier, une quarantaine de personnes sont présentes salle 150 à l’appel du collectif contre les démolitions imposées à Villeneuve. Quelques jours auparavant, le collectif a proposé à la mairie de Grenoble (lire l’article Le collectif contre les démolitions à Villeneuve veut son RIC) d’organiser un RIC, référendum d’initiative citoyenne, sur les démolitions de logements sociaux dans le quartier. Sans réponse de la mairie, le collectif a donc soumis l’idée aux habitants présents.
Fort de deux pétitions contre les démolitions dans le quartier, dont la deuxième a réuni « plus de 1000 signatures d’habitants de la Villeneuve », le collectif veut maintenir la pression à la veille de la signature de la convention Anru 2. Examinée en conseil municipal le 4 février, elle lie toutes les institutions de la rénovation urbaine. La convention codifie la démolition du 20 galerie de l’Arlequin (95 logements) et celle du 160, déjà entamée, mais surtout elle laisse planer le doute sur la rénovation ou la démolition des 60 sud, 90, 110 et 120 galerie de l’Arlequin (près de 400 logements).
Outil de démocratie directe, le référendum local a été introduit dans la Constitution en 2003 et peut être initié sur décision du conseil municipal, sur un sujet qui relève de ses compétences. En dessous de 50 % de participation, il n’est que consultatif. Dans ce cas, une municipalité peut toutefois s’engager, sans contrainte légale, à suivre l’avis majoritaire.
Si la mairie n’a pas répondu au collectif, Pascal Clouaire, adjoint à la Démocratie locale, réfute, dans le Dauphiné Libéré du 21 janvier, l’idée d’un référendum au prétexte que la compétence d’urbanisme a été transférée en 2015 à la métropole. Sauf que le maire de Grenoble possède toujours le pouvoir de refuser de signer un permis de démolir. Si le refus des démolitions ne relève pas d’une compétence municipale, pourquoi la mairie a-t-elle accepté la seconde pétition du collectif en 2018 ? Le collectif pointe également que d’autres mairies ont organisé un référendum de ce type, notamment Pantin où les habitants se sont prononcés contre la démolition d’un immeuble prévue dans le cadre d’une convention avec l’Anru. Jointe par Le Crieur, la mairie de Grenoble n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.
Enfin, même si la mairie refuse de s’engager sur le résultat d’un référendum, une telle consultation serait la bienvenue. Hors débats lors des réunions publiques, il n’y a pas d’état des lieux de l’acceptation des démolitions dans le quartier. Seule instance de participation des habitants officiellement reconnue, la table de quartier — composée d’habitants et de professionnels travaillant dans le quartier — a voté majoritairement contre les démolitions, en mars 2018.
Samedi, où les habitants présents se sont prononcés pour un référendum, une idée a émergé : décorer ses fenêtres de jaune pour le réclamer.