Feu nourri contre la démolition du 20
Le 20 galerie de l’Arlequin (à gauche, motifs verts), prévu à la démolition, et le 10 (à droite, motifs bleus) hébergent encore officiellement 71 foyers. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Présentée en réunion publique en décembre 2016, la démolition du 20 galerie de l’Arlequin est fortement contestée par une partie des habitants, qui multiplient les angles d’opposition.

Mobilisés depuis un an et demi, les opposants à la démolition du 20 galerie de l’Arlequin tirent à feu nourri sur la décision municipale. Ils pointent tout d’abord les ratés dans la co-construction des projets de rénovation urbaine. Le « cahier de préconisations », censé recueillir les avis des habitants, était introuvable certains jours (lire l’article Pas de registre, pas de (co)construction). Difficile de donner son avis dans ces conditions. Le site internet de la Métro permettait aussi de s’exprimer mais il n’a recueilli que 83 contributions en trois mois, pour les deux Villeneuves (Grenoble et Échirolles).

avis TQ démolition 20Autre épine dans le pied de la mairie, la table de quartier Villeneuve – Village Olympique, seul organe officiellement reconnu par la loi pour représenter les habitants, a pris position, le 30 mars, contre la démolition. Ses membres jugent, entre autres, que « la réhabilitation prônée par les habitants coûterait moins cher qu’une démolition/reconstruction, la démolition du CCAS suffirait pour faire une ouverture significative du quartier avec une entrée paysagère, l’amélioration de la mixité sociale est une opération déguisée de chasse aux pauvres, au moins deux maires de France ont proposé un référendum et accepté son résultat majoritairement hostile [à la démolition]. » Rendu public par les membres de la table de quartier le 4 mai, cet avis, uniquement consultatif, n’a pas été commenté par la mairie.

Autre dispositif, la pétition contre les démolitions a recueilli 2092 signatures et dépasse donc l’objectif des 2000. Une seconde pétition après une première qui avait recueilli 1700 signatures, les opposants à la démolition ayant dû en lancer une nouvelle pour suivre le cadre municipal de l’interpellation citoyenne. Sauf que ce dispositif vient d’être retoqué par le tribunal administratif de Grenoble, le 24 mai, au motif de quelques libertés prises vis-à-vis de la loi. La mairie se retrouve face à casse-tête : braver la loi et autoriser un référendum local (si elle refuse de suivre la pétition) ou accepter le jugement du tribunal administratif et s’asseoir sur cette mobilisation d’habitants.

Charte vs protocole

Dernier épisode en date, le vote d’un « protocole de relogement » pour les habitants du 10-20, en conseil municipal, lundi 14 mai. En temps normal, une « charte de relogement », négociée entre les habitants et leur bailleur, détaille les  modalités du relogement. Or, selon la mairie, « malgré plusieurs relances de SCIC Habitat [bailleur social du 10-20, ndlr] vers l’association des habitants, ce travail n’a pu aboutir », obligeant la signature d’un protocole. Ce que contestent les concernés, qui mettent en avant des courriers qui « attestent de leur volonté de participer à cette concertation » et l’envoi d’une proposition de charte, la veille du conseil. Si la municipalité assure que « les conditions de relogement seront les mêmes » avec ce protocole qu’avec une charte, les habitants ne sont pas conviés à l’écriture du protocole.

Sourde pour l’instant aux contestations, la majorité municipale n’avait pas, de son propre aveu, « mesuré la dureté des négociations avec l’Anru ». Coincée entre les pressions de l’Anru et celles des opposants à la démolition, la mairie a adopté la doctrine There is no alternative : si la Villeneuve veut les sous de l’Anru, il faudra passer par la démolition du 20.

Contactée par Le Crieur, la mairie n’a pas voulu donner suite à notre demande d’interview.