Ciné-Villeneuve présente Woman at War
Le film Woman at War sera projeté lundi 23 mars, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins. (photo : image extraite du film)

Ciné-Villeneuve présente en projection exceptionnelle hors programmation, lundi 25 janvier, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins, le film Woman at War, de Benedikt Erlingsson. La projection se fera en partenariat avec l’Organisation Femmes égalité, Comité Lucie Baud de Grenoble. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film.

Le film

Woman at War, film d’action, thriller écologique, comédie, film féministe ne rentre dans aucune case.

L’héroïne.

Véronique Cauhapé, critique ciné au Monde, résume le film : « Au commencement était la terre. Un paysage gorgé d’eau, où se découpe la silhouette d’une amazone pointant la flèche de son arc vers les câbles d’une ligne à haute tension. Halla, femme autour de la cinquantaine, est une guerrière, une militante écologique qui agit seule. Obstinée, déterminée à mettre en difficulté l’industrie locale de l’aluminium. L’un des moyens pour y parvenir est de couper l’alimentation en électricité. Elle mène un combat solitaire contre la multinationale de l’aluminium Rio Tinto qui tente d’étendre son implantation en Islande en défigurant son pays. Elle prend tous les risques pour protéger les Hautes Terres d’Islande…

« Au deuxième jour, Halla, quinquagénaire tranquille, est de retour dans la vie ordinaire où elle enseigne le chant, pratique le yoga et, fait nouveau, s’apprête à devenir maman. Sa demande d’adoption ayant enfin abouti, il va lui falloir aller chercher la petite fille qui l’attend en Ukraine et abandonner définitivement ses entreprises de sabotage. Mais pas avant d’avoir mené une ultime attaque, la plus dangereuse, contre les pollueurs.

Affiche du film.

« Il y a quelque temps, alors que le cinéaste Benedikt Erlingsson assistait, au cours d’un festival, à un atelier pour préparer son second long métrage après Des Chevaux et des hommes, plusieurs participants débarquèrent d’un autre monde, celui de la Banque Mondiale. « Cette interruption a un peu gâché la fête avec les autres réalisateurs. Alors, pour reprendre où nous en étions, nous leur avons promis de nous éduquer sur le changement climatique. Lorsque je suis rentré, je me devais de tenir ma promesse, et de là cette idée a commencé à germer dans ma tête ».

« Merveilleux conteur, Benedikt Erlingsson met en scène une saga foisonnante dans les Hautes terres d’Islande. »

Lors d’un entretien pour la semaine de la critique à Cannes, le réalisateur Benedikt Erlingsson racontait la genèse du film : « Et voilà ! D’un choc avec le réel, puis d’une rencontre avec la productrice Marianne Slot, est donc né un long métrage, sur une femme qui rentre en guerre, au risque de tout perdre, contre l’appareil étatique et industriel derrière le changement climatique. Un combat qui se mêle bien entendu avec celui du cinéaste : « J’avais insisté pour prendre en plus le rôle de producteur. Au cours du tournage, j’ai donc dû faire face, souvent, à mes faiblesses et imperfections », exactement comme son héroïne, courageuse mais aussi débordée par l’ampleur désespérée de son combat donquichottesque, dans une œuvre au croisement virtuose de tous les genres, de la comédie au film de guerre pur. Le tout pour déboucher sur une fin énigmatique et apocalyptique, expliquée ainsi par le réalisateur : « cette fin parle pour elle-même, mais je peux également dire qu’elle est en référence à la chanson de Bob Dylan, The Times they are a-changing. »

« Un film de transition, donc, sur une femme et notre monde, tout à la fois. »

Fiche technique

Distinctions

Le réalisateur : Benedikt Erlingsson

Benedikt Erlingsson (DR)

Toujours dans Le Monde : « Auteur, acteur, metteur en scène, homme de théâtre et d’Islande, Benedikt Erlingsson (51 ans) est, à tous ces titres, un merveilleux conteur d’histoires. Issu d’une culture qui s’est distinguée aux XIIe et XIIIe siècles par la saga, fleuron de la littérature médiévale où se racontait la vie d’un personnage, de sa naissance à sa mort, le cinéaste montre dans chacun de ses films qu’il en est bel et bien l’héritier. Dans Woman at War, comme dans son précédent et premier long-métrage, Des chevaux et des hommes (2013), qui suivait les tribulations, à la fois héroïques et ridicules d’une petite communauté d’éleveurs et de leurs animaux, Benedikt Erlingsson met en scène l’ordinaire d’hommes et de femmes que les actes de bravoure élèvent au rang momentané et parfois fugace de héros.

« Sans trop s’embarrasser de psychologie – considérant que les faits et gestes de ses personnages suffisent à en éclairer les motivations –, le cinéaste trace sa route à sa manière, joyeuse et sérieusement attentive à tout ce qu’il peut relever de cocasse et de grand, d’absurde et de poétique dans la nature humaine. C’est, chez lui, cette matière glanée dans l’action qui suscite les sentiments ou les émotions, encourage l’identification. Et finalement fait réfléchir.

« Benedikt Erlingsson se joue des ressorts du film d’action, d’aventures, de suspense, les mêlant sans en adopter un seul en particulier.

« Dans Woman at War, l’engagement d’Halla (et du cinéaste) pour l’écologie s’exprime dans chacun de ses agissements, plus que par les discours qu’elle pourrait tenir. Il en est de même pour tous les personnages qu’elle rencontre. Il en va ainsi pour la nature aussi, protagoniste à part entière du film. Hostile quand elle abat ses averses glacées sur Halla qui fuit à travers les Hautes Terres d’Islande. Protectrice quand elle met sur le chemin de la militante la peau d’un mouton mort qui, posée sur son dos, trompera les drones de surveillance. Guérisseuse quand elle la réchauffe dans ses sources chaudes.

« La dialectique propre aux sagas islandaises – le destin, l’honneur et la vengeance – se retrouve dans Woman at War,transformée et enluminée par la baguette magique d’une fée. En d’autres termes, par la mise en scène de Benedikt Erlingsson, qui se joue des ressorts du film d’action, d’aventures, de suspense, les mêlant sans en adopter un seul en particulier. Et qui s’amuse à placer dans son décor un groupe de musiciens et un chœur ukrainien, susceptibles, quand ils apparaissent au beau milieu d’une scène, d’insuffler courage et inspiration à l’héroïne.

Orchestre présent dans le film.

« Woman at War a la particularité de montrer à l’écran les musiciens alors qu’ils jouent la bande originale du film. Pour le réalisateur, ils sont comparables à un chœur grec qui s’adresse autant à l’héroïne qu’au public, soulignant par un morceau les décisions importantes. Cette mise en scène permet également un effet de distanciation que le cinéaste use pour rappeler qu’il s’agit bien là d’un conte dans lequel il s’autorise à interpeller le spectateur. Ses clins d’œil sont facétieux, ironiques, en conviant à la table du cinéma l’art théâtral et la littérature. Ils convoquent l’histoire comme dans ce prénom que porte Halla, celui d’un bandit célèbre en Islande, qui survécut plus de vingt ans en se cachant dans les Hautes Terres au XVIIe siècle.

« Et puis, il y a dans Woman at War Halldora Geirharosdottir, apparition sublime de la femme commune, qui pourrait être la voisine de tout le monde et qui, quand elle part en mission, prend des allures de soldat frondeur. Elle est l’interprète d’Halla en même temps que de sa sœur jumelle, Asa, dont le profil tient tout entier dans le projet qui l’anime : une retraite imminente dans un ashram en Inde. Et qui, sans en dire trop, devient figure sacrificielle lors d’un spectaculaire retournement. Halla et Asa, ou les faces de Janus. »

Critiques

Le film reçoit, en France un bon accueil. Le site AlloCiné (www.allocine.fr) confère au film une note moyenne de la presse de 3,8 sur 5 pour 21 titres de presse et une note de 4,1 pour 1074 spectateurs donnant une note et 3,8 pour 122 spectateurs donnant note et critique.

Culturebox France Télévisions (note Allociné 5/5) : « Ce film audacieux se déploie dans d’immenses ciels, à travers des paysages époustouflants, ses couleurs sont chaudes. Aussi poétique que politique, sans manichéisme. Un grand bol d’air, un vrai coup de cœur à partager. »
Télérama (note 2 T sur 3, ramenée par Allociné à 4/5) : « Une étonnante fable écologique au charme fou. »
Le Monde (Allociné 4/5) : « Merveilleux conteur, Benedikt Erlingsson met en scène une saga foisonnante dans les Hautes terres d’Islande. »
L’Humanité (Allociné 4/5) : « Une croisade pleine d’humour contre ceux qui s’évertuent à détruire la planète. »
Les Échos : « Derrière un titre peu engageant, ce portrait d’une Islandaise déterminée, partie en guerre avec un arc et des flèches pour sauver l’environnement, est un petit miracle d’humour et de charme. Une bonne façon de partir en vacances avant l’heure, et l’assurance de sortir de la salle de très bonne humeur. »
Terrafemina (magazine féminin en ligne) : « Woman at War nous emmène dans les paysages magnifiques de l’Islande (…). Film d’action, thriller écologique, comédie, ce film féministe ne rentre dans aucune case. Et cela le rend encore plus passionnant. Un film de super-héroïne comme on les aime, exempt d’explosions mais vivant, poétique et inspirant. »
Les Fiches du Cinéma (Allociné 3/5) : « L’activisme écologique en Islande prend les traits d’une quadragénaire apparemment tranquille mais entraînée comme Jason Bourne pour faire sauter les pylônes qui détruisent notre planète. C’est un peu invraisemblable, mais drôle et stimulant ! »

La bande-annonce

Une analyse du film en vidéo, par Transmettre le cinéma

Une interview de la productrice Marianne Slot par Transmettre le cinéma

Woman at War (Kona fer í stríð)
Thriller (Islande), 2018
De Benedikt Erlingsson
Avec Halldóra Geirharðsdóttir, Jóhann Sigurðarson, Juan Camillo Roman Estrada
101 min
Lundi 24 janvier, 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins, 85 galerie des Baladins
Adhésion à Ciné-Villeneuve : enfants et précaires : 1 € ; adultes : 5 € ; soutien : 10 € ; donnant droit à tous les films de la saison 2021-2022, hors projections à l’Espace 600.