Ciné-Villeneuve présente Ville à vendre
Le film Ville à vendre, de Jean-Pierre Mocky, sera projeté lundi 15 novembre, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins. (photo : affiche du film)

Ciné-Villeneuve projette, lundi 15 novembre, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins, le film Ville à vendre, de Jean-Pierre Mocky. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film.

À noter que le film aurait dû être projeté en octobre 2020 mais, pour cause de confinement, la séance a été annulée.

Le film

Orphée, parisien, jeune chef d’entreprise écologiste, vend son affaire à plus gros que lui et, nanti de son pactole, entreprend de voyager à travers la France. Il arrive à Moussin, une petite ville minière où se déroule une fête municipale. Il apprend que huit personnes sur dix sont au chômage et que la population touche d’importantes allocations d’un mystérieux personnage. Séduit par l’ambiance trouble qui y règne, il décide d’y demeurer quelques jours. Bientôt, une impressionnante série de meurtres décime le milieu médical de la bourgade : lors de la fête municipale, la pharmacienne, la première d’une longue liste de victimes, passe de vie à trépas. Suspecté, Orphée mène sa propre enquête…

Affiche du film.

Pour Ville à vendre, Jean-Pierre Mocky renoua avec le thème de l’étranger découvrant une ville où se passent des faits pour le moins étranges, comme dans La cité de l’indicible peur (1964), ainsi qu’avec son goût pour les castings hors du commun. Si la plupart des acteurs avaient déjà tourné avec lui – et parfois à maintes reprises – Roger Knobelspiess faisait là ses débuts de comédien – dans le rôle d’un camionneur – après avoir défrayé la chronique judiciaire ancien détenu devenu écrivain. C’est Michèle Delmotte, libraire de province et coscénariste du film, qui fournit la trame du film : les chômeurs de la région acceptaient, pour des raisons alimentaires, de servir de cobayes à des laboratoires pharmaceutiques.

Selon une critique publiée sur un site consacré à Jean-Pierre Mocky : « Ville à vendre est un bon Mocky, bien maîtrisé et photographié, avec une belle pléiade d’acteurs, tous un peu transformés physiquement. La veine du film fait un peu penser à Agent trouble (1987), dont il est un peu proche de l’intrigue, ici les grands groupes pharmaceutiques sont mis à l’index par l’utilisation de cobayes humains, en l’occurrence des chômeurs, pour l’expérimentation de leurs médicaments. Comme d’habitude chez Mocky, on se fiche assez vite de l’histoire générale accumulant les meurtres perpétrés suite aux révélations sur les sources du financement du chômage que s’apprêtait à faire la pharmacienne jouée par Jacqueline Maillan. Ce qui compte, c’est l’atmosphère du film, décalée et proche de la farce, décrivant des comportements individuels bien caractérisés et interprétés, que ce soit le maire ripoux de la ville joué par Michel Serrault, les oreilles décollées, de la ouate plein la bouche pour accentuer un bec de lièvre, au profil mitterrandien, ou un capitaine de gendarmerie, Daniel Prévost, complètement déjanté ou encore Darry Cowl très drôle en chien suiveur, les oreilles toujours aux aguets. Le seul personnage normal dans l’histoire est joué par Tom Novembre, qui essaie de mettre la lumière sur ce qui se passe dans cette bonne ville de Moussin. Comme dans Agent Trouble, Jean-Pierre Mocky interprète celui qui tire toutes les ficelles, ici le directeur de la société pharmaceutique qui finance le chômage généralisé de la ville.

Ville à Vendre, même s’il ne figure pas parmi les réussites majeures de son auteur, est très agréable à voir et porte la marque du style inimitable de Mocky, très à l’aise dans la farce délirante et décalée, bénéficiant du concours de grands acteurs, à fond dans le délire et le contre-emploi. Revenant aux codes du fantastique et de l’irréel, Jean-Pierre Mocky nous offre un film bien plus sage qu’il n’y parait. Du moins lors de la représentation des meurtres tous plus grotesques les uns que les autres. En plus de son casting complet et foudroyant, Ville à Vendre est une œuvre à part dans la filmographie de son auteur ; plus proche des À mort l’arbitre (1983) et Snobs (1961) que de ses productions années 80 qu’il nous a fourni pendant près de dix ans. Un bon retour aux sources donc avec une pincée d’humour et d’orgueil pour mieux faire digérer le massacre que l’on a en face des yeux.

Le film a été tourné dans les villes de Rombas (Moselle), Homécourt et Joeuf (Meurthe-et-Moselle).

Fiche technique

Réalisation : Jean-Pierre Mocky.
Scénario : Michelle Delmotte, Jean-Pierre Mocky & André Ruellan. Dialogues : Pierre Courville.
Image : Jean Badal.
Ingénieur du Son : Adrien Nataf.
Musique : Vladimir Cosma.
Production : Studiocanal, Les Films Alain Sarde & TF Film Production.
Distribution (comme souvent chez Mocky beaucoup d’acteurs très connus et à contre-emploi) : Michel Serrault, Darry Cowl, Bernadette Lafont, Philippe Léotard, Tom Novembre, Valérie Mairesse, Richard Bohringer, Jacqueline Maillan, Eddy Mitchel, Daniel Prévost, Michel Constantin, Jean-Pierre Mocky, Pascale Petit, Feodor Atkine.

Jean-Pierre Mocky

Jean-Pierre Mocky (DR).

Comme le rappelle Wikipédia, « Jean-Paul Adam Mokiejewski, dit Jean-Pierre Mocky, né le 6 juillet 1929 à Nice et mort à Paris le 8 août 2019, est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur de cinéma français. De plus, il contrôle ou cherche à contrôler l’ensemble du processus de production d’un film. Son œuvre compte plus de soixante longs métrages et quarante épisodes de série pour la télévision.

« Il débute en tant qu’acteur au cinéma et au théâtre. Il joue notamment dans Les Casse-pieds (1948) de Jean Dréville, Orphée (1950) de Jean Cocteau et Le Gorille vous salue bien (1957) de Bernard Borderie. Mais c’est surtout en Italie qu’il devient célèbre, notamment grâce à son rôle dans Les Vaincus (1953) de Michelangelo Antonioni.

« Après avoir travaillé comme stagiaire auprès de Luchino Visconti pour Senso (1954) et de Federico Fellini pour La strada (1954), il écrit un premier film, La Tête contre les murs (1959) et projette de le réaliser lui-même, mais le producteur préfère confier cette tâche à Georges Franju. Il passe à la réalisation l’année suivante avec Les Dragueurs (1959). Depuis, il n’a jamais cessé de tourner. Dès les années 1960, il touche un vaste public avec des comédies déjantées comme Un drôle de paroissien (1963) ou La Grande Lessive (!) (1968). Après Mai 68, il se tourne vers le film noir avec Solo (1969), dans lequel il montre un groupe de jeunes terroristes d’extrême gauche, puis L’Albatros (1971), qui dénonce la corruption des personnalités politiques.

« Dans les années 1980, il renoue avec le succès avec un film dénonçant, un an avant le drame du Heysel, les dérives de certains supporters de football (À mort l’arbitre, 1984) puis une comédie dénonçant les hypocrisies autour du pèlerinage de Lourdes (Le Miraculé, 1987).

Image tirée du film.

« Son cinéma, souvent satirique et pamphlétaire, s’inspire généralement de faits de société. Il travaille avec peu de moyens et tourne très rapidement. Il a notamment tourné avec Bourvil (Un drôle de paroissien, La Cité de l’indicible peur, La Grande Lessive (!) et L’Étalon), Fernandel (La Bourse et la Vie), Michel Simon (L’Ibis rouge), Michel Serrault (douze films dont Le Miraculé), Francis Blanche (cinq films dont La Cité de l’indicible peur), Jacqueline Maillan (cinq films), Jean Poiret (huit films) et avec les vedettes Catherine Deneuve (Agent trouble), Claude Jade (Bonsoir), Jane Birkin (Noir comme le souvenir), Jeanne Moreau (Le Miraculé) et Stéphane Audran (Les Saisons du plaisir).

« Il reçoit en 2010 le prix Henri-Langlois pour l’ensemble de sa carrière et le prix Alphonse-Allais en 2013. Le festival international du film Entrevues à Belfort en 2012 et la Cinémathèque française en 2014 lui consacrent une rétrospective intégrale. »

Musique

La musique a été composée par Vladimir Cosma, un compositeur, violoniste et chef d’orchestre franco-roumain, né le 13 avril 1940 à Bucarest (à l’époque dans le Royaume de Roumanie).

Il a composé la musique de 178 films du cinéma français des années 1960 jusqu’à 2018. Dans les années 70 il a réalisé la musique de 60 films, 50 dans les années 1990 et encore 21 dans les années 2010, dont 15 de films de Jean-Pierre Mocky. Il a aussi fait la musique de 132 œuvres de télévisions (téléfilms, séries). Il a aussi fait 45 œuvres symphoniques, fait la musique de 20 chansons. Enfin il a aussi été acteur dans 2 films.

Distinctions : Vladimir Cosma a reçu deux Césars de la meilleure musique de films pour Diva (1982) et Le Bal (1984), deux 7 d’or de la meilleure musique télévisée, ainsi que divers prix et distinctions en France et à l’étranger.

Critiques

Le site AlloCiné (www.allocine.fr) confère au film une note moyenne de 3 sur 5, fondée sur 52 notes. Six critiques de spectateurs sont publiées, nous en reproduisons trois de la meilleure à la plus critique.

Critiques de spectateurs :

Note de 5 : « Scénario complexe et plutôt bien ficelé, paysages désolés, analyse sociale précise, dénonciation virulente des expériences faites par les grands groupes pharmaceutiques, distribution équilibrée des rôles, comédie intelligemment distillée… La machine fonctionne parfaitement dans ce Mocky plutôt inspiré et franchement jubilatoire. Si cette ville est à vendre, achetez-la ! »

Note de 2,5 : « Comédie-thriller. Une petite ville est sous la coupe d’un mystérieux personnage qui subventionne tous les chômeurs et corrompt tous les élus. De plus, des meurtres ont lieu presque tous les jours, et c’est un homme de passage dans cette ville qui va essayer de comprendre et de résoudre le mystère des assassinats. Puis il repartira.
Avec ce scénario assez rocambolesque, confus et parfois incompréhensible, Mocky nous présente une pléiade d’acteurs assez bons mais pas tous, dans des décors naturels bien choisis et avec une mise en scène rapide et techniquement maîtrisée. Malheureusement, le sujet et le récit sont tellement emberlificotés qu’on peut décrocher de cette intrigue farfelue à laquelle on ne croit guère. Les acteurs font ce qu’ils peuvent ; beaucoup d’entre eux ont disparu : Darry Cowl, Philippe Léotard, Bernadette Laffont, Jacqueline Maillan, Michel Serrault… »

Note de 1 : « Bienvenue à Moussin, ville fictive de Lorraine où bon nombre de bâtiments sont en vente, où il y a huit personnes sur dix au chômage et où les chômeurs sont de « gentils » assistés qui vivent bien à coups de subventions généreuses. Bienvenue dans cette « Ville à vendre » où Jean-Pierre Mocky, fidèle à ce style qui lui est si propre, cogne comme un sourd sur l’industrie pharmaceutique. A vrai dire, il y avait tout pour obtenir une vraie petite pépite d’humour à la fois grinçant et décalé. Ça commençait fort avec cette petite fête où nous est présentée toute une bande de personnages tous aussi repoussants les uns que les autres. Sans oublier cette atmosphère dégueulasse bien rendue. Seulement, plus le temps passe, plus ça dégringole. La faute à une histoire complètement décousue. Ça s’éparpille dans tous les coins et, ce jeu de massacre, fortement jouissif sur le papier en devient chiant à l’écran. Quant aux acteurs, nom de dieu, quelle brochette ! Une des plus belles que l’on ait pu voir. Mais, elle est si dense, que l’interprétation est fortement inégale. Il n’y a pas de place pour tout le monde. Il y a du très bon (Darry Cowl, Eddy Mitchell, Bernadette Lafont…), mais il y a aussi ceux qui ne peuvent exprimer pleinement leur talent (Michel Serrault, Dominique Lavanant, Feodor Atkine, Jacqueline Maillan…) et il y a ceux qui sont vraiment mauvais. La palme revenant haut la main au duo Tom Novembre/Valérie Mairesse, exaspérant de médiocrité. Pour moi, c’est un échec et je le regrette. »

Bande-annonce

Ville à vendre
Comédie policière (France), 1992
De Jean-Pierre Mocky
Avec Michel Serrault, Richard Bohringer, Féodor Atkine
100 min
Adhésion à Ciné-Villeneuve : enfants et précaires : 1 € ; adultes : 5 € ; soutien : 10 € ; donnant droit à tous les films de la saison 2021-2022. Pour rappel, l’adhésion 2020-2021 reste valable en 2021-2022. Le pass sanitaire et le masque sont obligatoires lors des séances de Ciné-Villeneuve.