Ciné-Villeneuve présente La Meilleure Part
Le film La Meilleure Part, d’Yves Allégret, sera projeté le lundi 21 mars, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins. (photo : affiche du film)

Ciné-Villeneuve projette, lundi 21 mars, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins (85 galerie des Baladins), le film La Meilleure Part, d’Yves Allégret. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film.

Le choix du film

Ciné-Villeneuve a décidé de projeter de temps en temps un film non pas choisi par l’ensemble de son conseil d’administration mais par un de ses membres. Ainsi, La Meilleure Part a été choisi par un de ces membres, pour trois raisons :

  • Le film a été tourné à 2000 m d’altitude, du 25 juillet au 8 octobre 1955, dans la région de naissance du membre de Ciné-Villeneuve : le début de la Haute-Maurienne, sur le chantier de la construction par EDF du barrage-poids à contrefort de 345 m de long et 47,6 m de haut (retenue totale de 8,4 millions de m3) de Plan d’Amont (commune d’Aussois). L’eau est turbinée à son pied avant d’aller alimenter la retenue de Plan d’Aval qui alimente l’usine hydroélectrique d’Avrieux et la soufflerie ONERA de Modane-Avrieux. Ces retenues participent aussi à l’alimentation en eau de la retenue du Mont-Cenis près de la frontière avec l’Italie. Ce barrage est sur la commune d’Aussois mais quelques scènes ont été tournées dans la ville voisine de Modane (départs des tunnels ferroviaire et routier vers l’Italie).
  • Le membre de Ciné-Villeneuve a été présent, avec son père qui travaillait chez EDF, au tournage d’une scène au départ d’un téléphérique en pied de vallée de l’Arc. Mais cette scène n’a pas été intégrée dans le film. Lors du tournage, Gérard Philipe demande au père du membre de Ciné-Villeneuve si son maquillage est correct. Celui-ci lui répond que lorsqu’on travaille, on a chaud et on se passe sa main horizontalement sur le front pour essuyer sa sueur et des traces horizontales restent sur le front. Et, bien sûr, Gérard Philipe fait ce geste !
  • Le membre de Ciné-Villeneuve était alors au Lycée Polyvalent Vaucanson à Grenoble dans le but de réussir un concours d’entrée d’une école d’ingénieur génie civil, ce qu’il rêvait de devenir depuis la classe de CM2. Il y réussira et fera toute sa carrière dans la construction de grands ouvrages liés à l’hydraulique, dont des barrages, mais pas dans l’entreprise comme Gérard Philipe dans le film, mais dans la maîtrise d’œuvre (étude et supervision de travaux).

Le film

La Meilleure Part est un film dramatique franco-italien réalisé par Yves Allégret durant l’été 1955 pour sortir en 1956. En Savoie, Haute-Maurienne, commune d’Aussois, la construction d’un barrage se transforme pour un jeune ingénieur en l’ouvrage d’une vie… Le réalisateur Yves Allégret, qui rêvait, sans doute, d’un néo-réalisme à la française, propose en 1955 à Gérard Philipe La meilleure part d’après un roman de Philippe Saint-Gil où, à travers les revendications ouvrières, la lutte des hommes pour l’amélioration de leurs conditions de vie, l’antiracisme, il pouvait illustrer quelques une des idées qui leur étaient chères à tous les deux !

Le barrage de Plan d’Amont, dont la construction sert de cadre au film.

Perrin, ingénieur d’un barrage en construction, a mis dans son métier toute la passion de sa vie. II aime ceux qui l’aident à l’accomplir et se heurte parfois à son collègue Bailly, dévoué lui aussi à sa tâche, mais qui pense plus souvent aux chiffres, à gagner du temps donc de l’argent, qu’aux hommes, même au prix de la sécurité des ouvriers du chantier. Les femmes ont peu de place dans la vie qu’ils mènent au barrage. L’infirmière, Micheline, n’a été pour Perrin qu’une aventure sans lendemain et Bailly se détache de sa femme légitime qui ne l’a pas suivi et qu’il sacrifie au barrage. Mais un mal ronge Perrin. Micheline le sait. Elle voudrait qu’il prenne un congé. L’ingénieur ne veut rien entendre. Épuisé, il ne veut pas partir avant la mise en eau. Mais les événements auront raison de sa volonté : un accident dont il se croit responsable le contraint à demander son remplacement. Avant de partir, il a la satisfaction de voir couronner un autre effort, celui qu’il a fait pour obtenir un salaire meilleur aux ouvriers qui, eux aussi, donnent leur peine, leurs forces et parfois leur vie pour l’accomplissement de l’œuvre commune, particulièrement en construction de galerie. Il faut savoir qu’à l’époque, la construction de galerie se faisait avec en moyenne un mort au kilomètre !

De plus, aujourd’hui, l’intérêt du film est aussi documentaire. La meilleure part obtint le prix de la mise en scène à Karlovy-Vary ! On notera dans les seconds rôles Gérard Oury, Jean Lefebvre, Michèle Cordoue et Michel François !

Le livre dont est issu le film

La Meilleure Part est un roman écrit par Philippe Gillet, dit Philippe Saint-Gil (1923-2009) et publié par Robert Laffont en septembre 1954 (avec en couverture un barrage-voûte en béton alors que le livre décrit la construction d’un barrage en enrochements, mais le film montre la construction d’un barrage à contreforts en béton).

Gérard Philipe incarne un ingénieur qui construit un barrage dans les Alpes. (extrait du film)

Pour la première fois, un ingénieur (polytechnicien X43 et licencié en droit), qui est aussi un écrivain, révèle la vie d’une poignée d’hommes aux prises avec la construction d’un barrage. Sous la fiction romanesque, il a su retracer la lutte de son héros, Christian Maréchal, entraînant tous ceux qu’il a sous ses ordres, contre la nature hostile des flancs de l’Atlas au Maroc contre l’exigence de ses chefs retenus dans leurs bureaux parisiens. Qu’importe si, malgré sa volonté, son courage et sa foi, Christian Maréchal ne recueille pas toujours les lauriers de la victoire.

Il sait qu’en choisissant de faire « œuvre d’homme », il a eu la meilleure part.

La construction d’un barrage, cette lutte titanesque contre la nature, les routines administratives, le temps qui passe et la fatigue, ne sera jamais — sans doute — aussi remarquablement décrite que dans ce premier roman d’un jeune écrivain. Christian, l’ingénieur, mène son combat jusqu’à la limite de ses forces et, au moment où il croit avoir gagné, arrive de Paris l’ordre terrible « démolir”. Il se rebelle d’abord, puis s’incline, car il comprend que d’autres œuvres, d’autres ouvriers, d’autres problèmes l’attendent ailleurs, et que cette lutte sans cesse renouvelée, c’est la part de l’homme, c’est “la meilleure part”. Tous les commentateurs terminent en concluant qu’un grand film, interprété par Gérard Philippe, a été tiré de cet ouvrage.

Mais il y des différences entre livre et film : le chantier déplacé du Maroc vers les Alpes, la fin moins triste pour le barrage mais davantage pour l’ingénieur qui y avait sacrifié sa santé. Mais Allégret, comme l’insurpassable Gérard Philipe, et comme Saint-Gil lui-même avait su rendre ce qui fait la grandeur de toute œuvre humaine, la noblesse d’un projet comme l’acceptation de sa fragilité.

Du livre à l’écran

Dans la revue La Jaune et la Rouge (revue consacrée à l’école Polytechnique) de mai 1995, Gérard Pilé a réalisé et publié une longue interview de Philippe Saint-Gil, « homme d’engagement et d’amitié, grand admirateur de Saint-Exupéry ». L’auteur y évoque le film tiré de son premier roman.

L’affiche du film.

Premier miracle : alors que Saint-Gil s’était caché à Capri avec sa future femme, il trouve à la poste restante un message de son père « Suis harcelé par Laffont. Producteur souhaiterait faire film avec La Meilleure Part. A besoin de ton accord. Téléphone-lui immédiatement. » Ce producteur venait de tourner La Bataille de l’eau lourde et rêvait de tourner un film sur un grand chantier de barrage. Il était tombé, par pur hasard, sur mon livre en vitrine.

Autre miracle : Gérard Philipe accepte le rôle principal. « Cet acteur refusait alors les neuf dixièmes des rôles, indifférent aux cachets mirifiques qu’on lui proposait, préférant jouer Le Cid ou Le Prince de Hombourg au TNP [Théâtre national populaire] pour un salaire de misère. Un pur ! À mon retour à Paris, la production m’a téléphoné que Gérard Philipe voulait me rencontrer : J’ai d’abord cru à un gag. » La rencontre se passe comme un rêve : « La discussion a commencé à minuit et ne s’est terminée qu’à sept heures du matin. » Et Saint-Gil d’expliquer la réaction de l’acteur : « Il a déclaré à plusieurs reprises que le personnage qu’il y avait incarné avait été, parmi tous ses films, son rôle préféré… C’était logique. Il en avait plein les bottes des rôles de séducteur cynique. Un personnage sérieux d’ingénieur, copain avec ses ouvriers, les défendant contre les tracasseries des lointaines administrations, ça lui plaisait. »

L’écrivain Philippe Saint-Gil

Dans la revue mensuelle de l’Association des Anciens Élèves et diplômés de l’École Polytechnique La Jaune et la Rouge, Christian Marbach (X56) écrivait à la mort de l’écrivain : « Notre camarade Philippe Gillet, X43, ingénieur et homme de lettres sous le pseudonyme de Philippe Saint-Gil, vient de décéder le 23 septembre 2009. J’étais encore lycéen quand j’ai eu la chance de découvrir un livre qu’il venait de faire éditer à l’âge de 29 ans en 1954, La Meilleure Part. Cet ouvrage fut pour moi une révélation. Saint-Gil utilisait les matériaux que lui avait procurés sa vie professionnelle : il décrivait la vie quotidienne d’un jeune ingénieur responsable de la construction d’un barrage, ses prouesses pour venir à bout des difficultés techniques prévisibles ou non, ses efforts pour diriger ses employés avec un discernement conciliant recherche de productivité et attention aux personnes, son énergie pour sauver les victimes d’un accident, sa volonté de mener à bien son chantier fût-ce aux dépens de sa vie personnelle ou de sa santé. Si c’était cela, la vie d’un ingénieur, comme j’avais raison de me lancer dans cette voie, même si à la fin de l’ouvrage le chantier devait être abandonné.

Saint-Gil ne cherchait pas à se singulariser à tout prix, ni dans son métier d’ingénieur et d’entrepreneur, ni dans ses œuvres littéraires. Mais il y a atteint une excellence modeste et tranquille, tendue vers cet idéal humaniste qu’il disait admirer chez un Saint-Exupéry, et qu’il affichait sans fausse modestie dans l’entretien donné à Gérard Pilé dans La Jaune et la Rouge de mai 1995. Son Jean Perrin de La Meilleure Part était comme le jeune frère du Rivière de Vol de nuit. Bon vol à toi, Saint-Gil, vers les sommets ! »

Bibliographie

  • La Meilleure Part, roman, Robert Laffont, 1954 ;
  • La machine à faire des dieux, Robert Laffont, 1956. ¦ Dialogues à une voix, poèmes, Grasset, 1967 ;
  • Le Barrage, roman pour la jeunesse, Robert Laffont, 1969 ;
  • Romantismes, poèmes, Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1976 ;
  • Le vendredi des banquiers, Flammarion, 1979 ;
  • L’île d’acier, Flammarion, 1983 (avec son épouse, qui écrit aussi sous la signature de Claire Vallières, mais ici sous les signatures Philippe et Janine Saint-Gil) ;
  • Le Prince noir, Éditions G.P., 1977

Yves Allégret, le réalisateur

Yves Allégret, né le 13 octobre 1905 à Asnières-sur-Seine et mort le 31 janvier 1987 à Jouars-Pontchartrain, est un réalisateur français. Il a parfois tourné sous le pseudonyme d’Yves Champlain.

Frère cadet du cinéaste Marc Allégret, il débute en 1930 comme assistant réalisateur aux côtés de son frère, puis occupe différents postes avec d’autres réalisateurs, dont Jean Renoir. Parallèlement à cette formation à pied d’œuvre, il réalise ses premiers courts-métrages et fait partie du Groupe Octobre.

À la déclaration de guerre, il est mobilisé. En 1941, il tourne en zone libre son premier long métrage Tobie est un ange, mais le négatif est partiellement détruit lors d’un incendie. Il se fait remarquer ensuite avec des films d’une grande noirceur poétique comme Dédée d’Anvers ou Manèges écrits par Jacques Sigurd, avec Simone Signoret, sa femme à cette époque, en premier rôle.

Yves Allégret meurt en janvier 1987 d’une crise cardiaque.

Vie privée : Yves Allégret épouse en 1929 Renée Naville (1909-2000), dont il divorce en 1947. De 1948 à 1951, Yves Allégret est marié à Simone Signoret. Sa dernière épouse, à partir de 1951, Michèle Cordoue, joue dans plusieurs de ses films, dont Les Orgueilleux et La Meilleure Part.

Il a réalisé 35 films de 1932 à 1981 et a eu fait jusqu’à trois films en une année.

Les acteurs

Gérard Albert Philip, dit Gérard Philipe, né le 4 décembre 1922 à Cannes et mort le 25 novembre 1959 à Paris, est un acteur français. Actif au théâtre comme au cinéma, il fut en France, jusqu’à sa mort prématurée, l’une des principales vedettes de l’après-guerre. Le 5 novembre 1959, il est hospitalisé où on lui diagnostique un cancer du foie. Son épouse et les médecins lui taisent la vérité, lui laissant croire qu’il s’agit d’une opération réussie contre un abcès. Il décède quelques jours avant son 37e anniversaire.

La mort de Gérard Philipe provoque une profonde émotion en France, du fait de sa grande popularité. Conformément à ses dernières volontés, il est enterré revêtu du costume de Don Rodrigue (Le Cid), dans le petit cimetière de Ramatuelle (Var). Le public garde de lui une image juvénile et romantique, qui en fait l’une des icônes du cinéma français. Le nom de Gérard Philipe a été donné à de très nombreuses rues, théâtres, maisons de la culture et établissements d’enseignement français (écoles élémentaires et collèges).

Il a joué dans 44 films de 1944 à 1959 avec jusqu’à six films en une année et joué dans 26 pièces de théâtre de 1942 à 1959. Il est l’un des acteurs français qui a le plus enregistré de disques en aussi peu de temps, en l’occurrence entre 1952 et 1959.

Max-Gérard Houry Tannenbaum, dit Gérard Oury, né le 29 avril 1919 à Paris et mort le 19 juillet 2006 à Saint-Tropez, est un réalisateur, scénariste et acteur français. Il est d’abord acteur de 1942 à 1964 dans 34 films. En tant que réalisateur (17 longs-métrages), ses plus grands succès sont Le Corniaud, La Grande Vadrouille (plus de 17 millions de spectateurs) et Les Aventures de Rabbi Jacob, tous portés par Louis de Funès. Il est le scénariste de tous ses films à l’exception de Fantôme avec chauffeur. Il a été également l’auteur et le metteur en scène d’une unique pièce de théâtre.

Réalisateur de grands succès populaires (13 films avec plus d’un million de spectateurs), il est honoré à la fin de sa carrière d’un César d’honneur en 1993, décerné en l’honneur de l’ensemble du cinéma comique français, d’une entrée à l’Académie des beaux-arts en 1998, au fauteuil de René Clément, et d’une rétrospective consacrée à son œuvre au festival de Cannes 2001. En 1991 il devient commandeur de la Légion d’honneur.

Michèle Cordoue (1920 – 1987), rôle de Micheline, l’infirmière qui s’éprend de l’ingénieur qui dirige la construction du barrage (joué par Gérad Philipe). Elle a tourné dans 10 films dont six avec celui qui a été son mari (Yves Allégret), dont les deux premiers en 1952 et 53 et le dernier en en 1963. Elle est également apparue dans la série télévisée Graine d’ortie en 1973.

Michel François (1929-2010), rôle du docteur Molinier, le chef du service sanitaire du chantier, a joué dans 24 films de 1937 à 1957. Il a également joué dans sept pièces de théâtre et a commencé à jouer comme enfant. Au cinéma il a également doublé des acteurs dans 73 films étrangers de 1940 à 1973 dont des acteurs très connus comme James Dean et Anthony Perkins.

Critiques

Le site AlloCiné ne rapporte que 4 critiques et 12 notes de spectateurs avec une moyenne de 2,9 sur 5.

Trois critiques de spectateurs classés par note croissante sur 5 donné par le spectateur :

Note 2,5 – Publiée le 7 janvier 2016

Alors qu’il vient de tourner un pur chef d’œuvre avec Gérard Philipe (Les Orgueilleux), le cinéaste Yves Allégret confirme son lien avec l’acteur, tout en s’intéressant une fois de plus aux déclassés dont on ne parle jamais dans ces années 50 entièrement tournées vers la reconstruction et le miracle économique des Trente Glorieuses. Allégret rappelle ici que ce miracle a un prix et qu’il est réalisé grâce à des gens qui vouent leur vie à un travail complexe et harassant. Il souligne le rôle important des immigrés, non seulement italiens, mais aussi maghrébins et leur rend ici un hommage salutaire. Malheureusement, il choisit pour cela un style documentaire proche du néoréalisme italien qui ne parvient jamais à se débarrasser de ce lourd héritage pour nous plonger dans une fiction passionnante. Du coup, on reste capté par l’aspect documentaire indéniable, mais l’intrigue ne passionne guère et l’on s’en fiche un peu, d’autant que la réalisation est raide et guindée. Considéré comme une déception à l’époque, le film a tout de même attiré près de deux millions de spectateurs, preuve de l’énorme popularité de Gérard Philipe. Depuis, le film a sombré dans l’oubli. Il n’est pourtant pas déshonorant, juste un peu plat.

Note 3,0Publiée le 16 avril 2020

Il n’y a pas vraiment d’intrigue, tout est très prévisible, mais plus de 60 ans après le tournage, ce film constitue un excellent documentaire sur les conditions de travail à l’époque. On est effaré de voir aujourd’hui ce manque de protection des ouvriers, pas de casques ou très peu, pas de ceintures de sécurité, des accès branlants.. On se dit qu’il y a tout de même eu du progrès, même chose pour les protections sociales. A voir pour cet aspect documentaire, pour Gérard Philippe si jeune et déjà condamné par la maladie sans le film (même s’il ne s’agit pas là d’un cancer). On découvre Gérard Oury (!) et Jean Lefebvre dans des seconds rôles.

Note 3,5 – Publiée le 19 octobre 2011

Yves Allégret était un cinéaste clairement engagé à gauche et ce film qui se veut la chronique de la vie sur un chantier de travaux publics dans les années 50 en est la parfaite traduction. Le film d’Allégret va au-delà du néoréalisme italien en donnant une place prépondérante au versant documentaire de son propos. Cette tonalité documentaire que certains ont pu trouver rébarbative dénonce peut-être de manière encore plus évidente l’exploitation faite de la main d’œuvre étrangère, essentiellement composée d’italiens et d’algériens, en cette période d’expansion que l’on nomme aujourd’hui les trente glorieuses. Là où un Rossellini ou un De Sica auraient poussé à son paroxysme un drame humain pour renforcer leur démonstration militante, Allégret préfère inscrire celui-ci dans la routine d’un chantier d’envergure où les pertes humaines sont comptabilisées en pourcentage. Les acteurs doivent donc placer leur jeu dans ce contexte particulier, ce qu’ils arrivent fort à faire sous la houlette d’un Gérard Philippe parfait en ingénieur déconfit par le sort réservé aux ouvriers et que sa maladie de cœur viendra à point nommé sortir du conflit intérieur qui le ronge entre sa passion pour son métier et son humanité. Un beau film qui demande à être réévalué dans l’œuvre du cinéaste. A noter la figuration de Charles Denner et les très courts rôles de Marcel Bozzuffi et de Jean Lefèvre.

La Meilleure Part
Drame (France, Italie), 1956
D’Yves Allégret
Avec : Gérard Philipe, Michèle Cordoue, Gérard Oury
90 min
Projeté le lundi 21 mars à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins (85 galerie des Baladins)
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