Ciné-Villeneuve présente The Lunchbox
The Lunchbox, film de Ritesh Batra, sera projeté le lundi 21 mars à 20 heures à la salle polyvalente des Baladins. (photo : images extraites du film)

Ciné-Villeneuve présente en projection, le lundi 21 mars, le film The Lunchbox, de Ritesh Batra, sorti en 2013. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film.

Synopsis

Deux habitants de Bombay vivent chacun dans une prison – la première, dans celle de son mariage, et l’autre, dans celle du passé. Jusqu’au jour où leurs vies se croisent par l’intermédiaire d’un coffret repas livré à la mauvaise adresse…

Ila, une jeune femme délaissée par son mari, se met en quatre pour tenter de le reconquérir en lui préparant un savoureux déjeuner. Elle confie ensuite sa lunchbox au gigantesque service de livraison qui dessert toutes les entreprises de Bombay. Le soir, Ila attend de son mari des compliments qui ne viennent pas. En réalité, la lunchbox a été remise accidentellement à Saajan, un homme solitaire, proche de la retraite. Comprenant qu’une erreur de livraison s’est produite, Ila glisse alors dans la lunchbox un petit mot, dans l’espoir de percer le mystère et Saajan attend avec de plus en plus d’impatience les déjeuners cuisinés par cette inconnue. Les deux êtres qui ne se seraient jamais rencontrés vont peu à peu se lier d’amitié (et plus ?) par cette relation épistolaire.

Les petits mots cachés dans les dabbas sont d’abord laconiques, avant d’être l’occasion pour les personnages d’épancher leur cœur et de soigner le mal qui les ronge tous les deux : la solitude. Mais progressivement cette vie fantasmée menace d’empiéter sur leur vie réelle.

Bollywood (बॉलीवुड)

BollywoodOn ne peu pas faire référence au cinéma indien sans évoquer Bollywood, le nom donné à l’industrie du cinéma indien, basée à Bombay dont les films sont réalisés en hindi. Bollywood est une contraction de Bombay et d’Hollywood. Elle est l’industrie la plus importante dans le monde en nombre de films réalisés. Ses films, largement diffusés en Inde, s’exportent dans le monde entier, notamment en Asie du Sud-Est, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. En Occident, « Bollywood » est souvent utilisé pour désigner le cinéma indien en général.

Il désigne un genre cinématographique qui se caractérise par la présence de plusieurs séquences chantées et dansées, sur fond de comédies musicales. En Inde, le cinéma est bien plus qu’un art ou une industrie, il fait partie intégrante (comme se brosser les dents) de la vie de nombreux indiens qui s’identifient aux héros et aux valeurs qu’ils diffusent. Les danses sont très variées. Il s’agit d’un mélange de danses folkloriques et classiques indiennes et de danses modernes occidentales. Mais, contrairement à la danse indienne classique très codée, extrêmement rigoureuse et lente, la danse Bollywood est une danse très rapide. Le protagoniste ne danse jamais seul. Il est toujours accompagné d’une troupe de danseurs. Nombre de mannequins y trouvent une seconde carrière.

Mais The Lunchbox, n’est pas le buffet bollywoodien attendu !

Le réalisateur et le film

Né à Bombay en 1979, Ritesh Batra fait des études supérieures à New York. Il se lance dans le cinéma et présente des courts-métrages dont Café Regular, Cairo (2011) qui l’a propulsé dans de nombreux festivals dans lesquels il a remporté pas moins de 12 prix (on peut voir ce court-métrage en arabe sur https://www.youtube.com/watch?v=5o4woxWWk_4). Il acquiert une renommée pour ces portraits nuancés de gens ordinaires. Un de ses courts métrages est acheté par Arte.

Nimrat Kaur, dans le film The Lunchbox. (photo : image extraite du film)

Nimrat Kaur, dans le film The Lunchbox. (photo : image extraite du film)

Il passe pour la première fois le cap du long-métrage avec The Lunchbox qui se pose en rupture par rapport au cinéma commercial de Bollywood. Effectivement, ici point de genre dont on respecterait les règles à la lettre, ni même de numéro musical puisque le cinéaste semble plutôt s’inspirer des œuvres sociales et s’attarder sur le quotidien morne de la classe populaire à travers une histoire d’amour épistolaire séduisante, lui permettant ainsi de dire deux ou trois choses importantes sur la société de son pays. Durant le premier quart d’heure, il décrit le système très étonnant des Dabba qui offre à des milliers d’Indiens l’opportunité de se faire livrer le repas préparé par leur épouse directement à leur travail. À Bombay près de 200 000 gamelles sont livrées tous les jours par 5 000 livreurs (dabbawallahs). Un système de livraison par couleur est utilisé par les employés — qui sont pour la plupart illettrés — un système presque sans faille selon l’université d’Harvard qui a étudié le principe et a conclu que seulement un repas sur un million était délivré à la mauvaise adresse. C’est ce repas égaré qui est le départ de l’intrigue du film.

Ritesh Batra, qui n’hésite pas à recourir à l’humour pour faire passer certaines situations, signe un script d’une rare finesse où rien n’est appuyé. La tonalité d’ensemble est donc celle d’une œuvre assez mélancolique où l’individu apparaît comme négligeable au sein d’une collectivité écrasante (l’Inde est actuellement le deuxième pays le plus peuplé du monde et devrait arriver en tête d’ici une quinzaine d’années).

Sans jamais s’appesantir, l’auteur nous montre avec beaucoup de recul le tourbillon infernal dans lequel sont plongés beaucoup d’Indiens, voués à travailler toute la journée pour parvenir à développer un pays en pleine émergence. Au passage, il égratigne aussi le modèle familial indien et dénonce l’air de rien la condition des femmes, dont beaucoup sont enfermées à la maison pour servir leur mari et leurs enfants. S’immisçant doucement, l’émotion gagne progressivement le spectateur qui est emporté par cette belle histoire, contée avec simplicité et efficacité. Il faut dire que l’ensemble est servi par d’excellents acteurs dont un Irrfan Khan (le conteur de L’odyssée de Pi) tout en intériorité.

The Lunchbox tisse des liens forts sans Internet, ni portable, uniquement via le montage et les mines incertaines de ses protagonistes. Les personnages ne sont pratiquement jamais présents ensemble à l’écran. Le hors-champ est tantôt comique (le gag récurent de la voisine invisible qui prodigue conseils de cuisine et d’amour à Ila), tantôt tragique (le suicide d’une mère), surtout romantique. De quoi lier ce couple incongru par la parole, qui se répond en voix off par des lettres truffées de confidences – elle veut s’émanciper, lui croit être passé à côté de sa vie.

Venez donc goûter ce mets indien raffiné, vous ne le regretterez certainement pas.

Bande-annonce

L’accueil par la critique

La Croix : Film sensible et délicat qui tisse une jolie histoire de rencontre entre deux solitudes.

Le Nouvel Observateur : Une comédie sentimentale pleine de charme, dont les détours sont souvent inattendus et les deux interprètes principaux particulièrement attachants.

Libération : La mise en scène ficelée par Ritesh Batra et la présence retenue d’Irrfan Khan dépassent le cadre, offrent une réflexion sur les classes moyennes indiennes prises dans le chamboulement moderne et effleurent les sentiments avec justesse.

Le Monde : Cette comédie discrète et pudique développe une jolie histoire d’amour à l’indienne.

Télérama : Hollywood a du souci à se faire : avec cette comédie sentimentale, Ritesh Batra prouve que l’on peut réussir une délicieuse romance épistolaire à partir d’une simple boîte en fer.

L’Humanité : Situé loin de Bollywood, dans les classes moyennes de Bombay, « The Lunchbox » ravive en demi-teinte les jeux de contrastes d’une modernité à grande vitesse quand elle cohabite encore avec les anciennes manières de vivre.

 

The Lunchbox (द लंच बॉक्स, Dabba)
Comédie romantique (Inde, France, Allemagne), 2013
De Ritesh Batra
Avec Nimrat Kaur, Irrfan Khan, Nawazuddin Siddiqui
104 min
Lundi 21 mars à 20 heures, salle polyvalente des Baladins, 85 galerie des Baladins
Adultes : 3 € / soutien : 10 € / enfants et précaires : 1 €
Adhésion donnant droit à tous les films de la saison 2015-2016