Ciné-Villeneuve présente En attendant les hirondelles
Le film En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui, sera projeté lundi 11 février, à 20 heures, à la salle polyvalente des Baladins.

Ciné-Villeneuve présente en projection, lundi 11 février, à 20 heures, en vostfr, à la salle polyvalente des Baladins, le film En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui. Thèmes abordés, synopsis, avis, Ciné-Villeneuve vous raconte tout sur le film

Le film

Aujourd’hui, en Algérie, trois personnages, trois générations. Mourad, un promoteur immobilier, divorcé, sent que tout lui échappe. Aïcha, une jeune fille, est tiraillée entre son désir pour Djalil et un autre destin promis. Dahman, un En-attendant-les-hirondelles-Photo-4neurologue, est soudainement rattrapé par son passé, à la veille de son mariage. Dans les remous de ces vies bousculées qui mettent chacun face à des choix décisifs, passé et présent se télescopent pour raconter l’Algérie contemporaine.

Les prix

Lauréat en 2016 de la Fondation Gan pour le cinéma. Trois médailles d’or du film arabe d’Oran 2017 : meilleur film, meilleur réalisateurs, meilleurs espoirs pour Hania Amar et Mehdi Ramdani. Présenté dans le cadre de la sélection « Un certain regard » au Festival de Cannes 2017.

Quelques explications de Karim Moussaoui, extraits du dossier de presse du producteur Les films Pelléas

La genèse du film ?

À l’orée du 21ème siècle, l’Algérie sort d’une décennie sanglante dont les traumatismes sont encore vivaces aujourd’hui. De nouveaux modes de vie et de pensée s’installent et nous vivons, en quelque sorte, sans nous soucier de l’avenir, sans perspectives, dans un état d’amnésie heureuse. C’est dans ce contexte que j’ai voulu que les histoires de mon film évoluent. Trois histoires dont l’action se situe au temps présent, et qui vont se déployer sur une seule semaine, en différents lieux du pays. Ce sont des personnages ordinaires qui vivent une vie ordinaire. Les événements auxquels ils sont confrontés sont imaginaires mais vraisemblables, inspirés par mon observation personnelle. Il ne s’agit pas ici pour moi de décrire la société, mais d’évoquer les aspects qui m’interpellent.

Pourquoi ce découpage en trois récits ?

Pourquoi trois histoires ou je pourrais dire pourquoi seulement trois histoires ? Parce qu’à travers les récits que j’ai choisi de mettre en image, je voulais traverser le pays dans toute sa diversité. Diversité de milieux sociaux : du couple bourgeois (Mourad) à la famille modeste (Aïcha), de la femme « émancipée » (Rasha et Lila) à la femme « traditionnelle » (Aïcha, pour autant en révolte, en souffrance), l’homme aisé ayant du vécu (Mourad) au jeune idéaliste (Djalil) ou à celui dont l’obsession est de gravir les échelons sociaux (Dahman). Cette multiplicité des personnages, avec, en marge des récits, des digressions qui révèlent ou suggèrent d’autres situations possibles, me permet d’embrasser les questions majeures qui m’interrogent dans mon pays. Les traiter en une seule histoire aurait constitué une singularité, tandis qu’en trio ils dessinent un regard global effaçant ainsi une éventuelle idée d’exception.

Justement, quels sont les personnages que vous mettez en scène ? Qu’attendent-ils ?

0903093Je mets en scène des choix de vie en faisant se côtoyer l’aspiration à une vie meilleure – à travers le désir, la volonté, la stratégie – et l’accomplissement ou non de cette aspiration. Il s’agit également de représenter les relations entre hommes et femmes, la place de chacun au sein de la société. Mourad et Lila forment un couple « moderne » dans un environnement conservateur ; Mourad et Rasha, un couple mixte. Djalil et Aïcha, issus de la classe moyenne, se rencontrent, se perdent, impuissants face à leurs désirs. La femme violée, délaissée d’abord par la famille puis par les amis et le groupe social, attend d’un homme qu’il reconnaisse son enfant « bâtard » pour que celui-ci obtienne des droits comme tous les autres citoyens : avoir une identité, aller à l’école et travailler. Elle cherche à donner un père à son fils car la législation algérienne ne permet pas à un enfant né sous X d’avoir un nom ni une identité.

Les personnages semblent se confondre avec les paysages, les décors, avec l’Algérie toute entière…

Pour suggérer que nous disséquons un territoire, le récit nous a conduits du Nord vers le Sud du pays. Mes personnages évoluent dans des paysages toujours en mouvement : la banlieue et le centre-ville d’Alger, les vastes terres semi-arides des Aurès, les routes aménagées à la va-vite en relais à la faveur des récentes constructions autoroutières. Dans différents décors aussi : un intérieur bourgeois, un appartement modeste, un hôpital, un hôtel ordinaire, une boîte de nuit, une baraque dans un bidonville… Autant de lieux suffisamment divers pour rendre compte de l’Algérie d’aujourd’hui.

Je ne cherche ni à enlaidir ni à embellir les lieux ou les personnages, ni surtout à souligner tel ou tel détail qui conforterait, des préjugés ou clichés. J’ai voulu que mon regard, soit une observation dynamique, agissante, parfois poétique, mais jamais définitivement tranchée.

On peut retrouver les explications complètes de l’auteur avec d’autres informations et photos sur le site du producteur Les films Pelléas : http://www.lesfilmspelleas.com/img/pelleas_films/dossierpresse159.pdf

On trouve aussi des informations et la bande annonce sur le site du distributeur Ad Vitam : http://www.advitamdistribution.com/films/en-attendant-les-hirondelles/

L’auteur : Karim Moussaoui

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Le réalisateur Karim Moussaoui.

Karim Moussaoui est né en 1976 à Jijel. Jijel, appelé Djidjelli à l’époque française, port et ville touristique sur la mer Méditerranée, au Nord-Est de l’Algérie, en Petite Kabylie, à 145 km à l’est de Bejaïa (145km), à l’extrémité d’une côte à falaises.

Karim Moussaoui est membre fondateur de l’association culturelle de promotion du cinéma Chrysalide à Alger. Il a également assuré la programmation cinématographique de l’Institut français d’Algérie à Alger pendant plusieurs années. L’Institut français est l’établissement public chargé de l’action culturelle extérieure de la France.

Avant En attendant les hirondelles, il a réalisé trois courts métrages Petit déjeuner (muet, 6’ en 2003), Noir sur blanc (documentaire, 2005) et Ce qu’on doit faire (25’ en 2006) puis un moyen métrage Les Jours d’avant (47’ en 2013), qui a été sélectionné dans plusieurs festivals (dont Locarno, Clermont-Ferrand et Brive) et nommé au César du meilleur court métrage en 2015, il a obtenu le Grand Prix du jury au Festival Premiers Plans d’Angers en 2014.

Quelques critiques

AlloCiné note les films sur 5 à partir des critiques de presse et des notes de spectateurs. Les moyennes des deux, presse et spectateurs, sont identiques : 3,7.

Quelques critiques en quelques mots avec la note calculée par Allociné :

  • Libération (5) : Une première œuvre d’une rare maitrise.
  • Positif (5): La structure du film s’avère en effet composer un virtuose Marabout-Bout de ficelle, récit ad libitum qui laissera entrevoir un prolongement virtuel inquiétant.
  • Cahiers du cinéma (4) : Moussaoui n’attend pas : il avance par-delà le désenchantement lucide de son écriture et nous promet de beaux lendemains.
  • Le Monde (4) : Karim Moussaoui signe un film à la fois sensuel et rageur, où l’histoire pèse sur les consciences.
  • Les Inrocks (4) : Une alternance de figures imposées et de figures libres, de situations familières et d’échappées belles.
  • Télérama (3) : Portrait d’une Algérie lasse, désabusée, perdue : le réalisateur débutant mêle trois histoires … La dernière, un homme est confronté à son passé : enlevé par des islamistes, il a assisté, jadis, au viol d’une femme, aujourd’hui mère d’un enfant qui ne fait que hurler leur douleur… Cette dernière partie l’emporte, de loin, sur les autres par sa force et son intensité. Le reste manque, par moments, de flamme et de fluidité.

La bande-annonce

En attendant les hirondelles
Drame (France), 2017
De Karime Moussaoui
Avec Mohamed Djouhri, Sonia Mekkiou, Mehdi Ramdani
113 min
Projection en version originale (arabe) sous-titrée en français
Adhésion enfants et précaires à Ciné-Villeneuve : 1 € ; adultes : 5 € ; soutien : 10 € ; donnant droit à tous les films de la saison 2018-2019