Une partie de l’Arlequin bientôt rénovée
Le 150 galerie de l’Arlequin fait partie de la copropriété 130-170 intégrée dans le plan de sauvegarde. (photo : Sabrina Boukhatem, Le Crieur de la Villeneuve)

Depuis la rénovation des 40 et 50 galerie de l’Arlequin, de 2014 à 2017, le reste de la barre se languissait de se voir, à son tour, rafraîchir. Une partie des copropriétés 60-120 et 130-170 viennent d’obtenir un accord financier de plus de 30 millions d’euros pour leur rénovation.

À Villeneuve, la moitié des logements sont des logements privés. Mais ce nombre cache des disparités fortes selon les quartiers. Ainsi, la barre de l’Arlequin abrite un quart de logements privés, répartis sur les montées 80, 100, 130, 150 et 170.

Exemple : pour des travaux de rénovation s’élevant à 60 000 € (HT) pour son appartement, un propriétaire privé aurait dû recevoir une aide de l’Anah de 30 000 €, le reste étant à sa charge. Ici, il recevra 48 000 € de l’Anah. La ville de Grenoble et la Métro compléteront pour qu’il ne reste à la charge du propriétaire que 10 500 €, dans le cas d’un T4. Le bailleur social, qui aurait dû recevoir une aide de l’Anah, sera aidé financièrement par l’Anru et les collectivités locales, dans des proportions non encore définies. (schéma : Le Crieur de la Villeneuve)

Exemple : pour des travaux de rénovation s’élevant à 60 000 € (HT) pour son
appartement, un propriétaire privé aurait dû recevoir une aide de l’Anah de
30 000 €, le reste étant à sa charge. Ici, il recevra 48 000 € de l’Anah. La ville de
Grenoble et la Métro compléteront pour qu’il ne reste à la charge du propriétaire
que 10 500 €, dans le cas d’un T4. Le bailleur social, qui aurait dû recevoir une
aide de l’Anah, sera aidé financièrement par l’Anru et les collectivités locales, dans
des proportions non encore définies. (schéma : Le Crieur de la Villeneuve)

Si la réhabilitation des logements publics est du ressort des bailleurs sociaux, aidés en cela par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) et les collectivités publiques dans le cadre des programmes de rénovation urbaine, celle des logements privés est à la charge des propriétaires. Problème, à l’Arlequin, les proprios sont loin d’être des nababs capables de claquer les 50 000 euros – minimum – par logement nécessaires à la refonte des façades, à l’installation de nouveaux ascenseurs et à la rénovation des installations d’eau et de chauffage.

Les imposantes copropriétés (60-120 galerie de l’Arlequin : 190 logements privés, 531 logements publics et 80 appartements de la maison de retraite du Lac ; 130-170 galerie de l’Arlequin : 166 logements privés et 254 logements publics), qui mêlent bailleurs sociaux et propriétaires privés, ajoutent à la complexité des opérations de rénovation.

Vu l’état « délabré » des deux copropriétés, un « plan de sauvegarde » a été lancé, sur décision du préfet de l’Isère, en 2013 (lire l’article Vers la destruction du 160 galerie de l’Arlequin). L’Agence nationale de l’habitat (Anah), agence gouvernementale, comme l’Anru, participe financièrement à la rénovation de copropriétés privées.

Lundi 5 février, en conseil municipal, le plan de sauvegarde a été approuvé grâce à deux conventions qui lient les collectivités locales, les propriétaires, les bailleurs sociaux, l’Anah et l’Anru. Les propriétaires privés de l’Arlequin se verront ainsi aidés « à hauteur de 80 % du montant des travaux » par l’Anah. Mieux, la ville de Grenoble et la Métro mettront la main à la poche pour que « le reste à charge pour chaque propriétaire soit de l’ordre de 10 500 € pour un T4 », stipulent les conventions (ici pour le 60-120 et là pour le 130-170).

Anah et Anru sont dans un bateau…

Le montage financier de l’aide aux propriétaires est malin. En théorie, l’Anah ne finance que 50 % du montant HT des travaux. Dans le cadre de copropriétés mêlant logements publics et privés, tous les propriétaires, ce qui inclut aussi les bailleurs sociaux, ont droit à cette aide. Pour diminuer la douloureuse des proprios privés, les deux bailleurs concernés, Actis (pour les 60-120) et la SDH (pour les 130-170), renoncent à leur part de cette aide, réattribuée intégralement aux proprios privés (voir le schéma ci-dessus).

De leur côté, les bailleurs sociaux recevront une autre aide publique — de l’Anru cette fois — pour la réhabilitation de leur parc immobilier sur les deux copropriétés. Une décision qui devra être entérinée dans la convention du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU ou Anru 2).

Pour l’instant, seule donc la rénovation des montées purement privées (80 et 100) ou mêlant logements publics et privés (130, 150 et 170) a été budgétée.

1 : scission, 2 : segmentation, 3 : rénovation

La première phase du plan de sauvegarde passera par la scission et la segmentation des copropriétés. Le but ? Séparer les montées purement HLM ou purement privées de celles mêlant logements privés et publics. D’abord grâce à une séparation juridique puis avec une séparation physique, par le biais de la coupure des coursives reliant les différents immeubles, par l’ajout de nouvelles montées et par la création d’issues de secours. La destruction du 160 galerie de l’Arlequin, qui devrait débuter d’ici peu, intervient dans ce cadre.

Comme pour la partie rénovation, l’Anah financera en grande partie la scission et la segmentation. Elle couvrira l’intégralité des dépenses des propriétaires privés. Le montant des travaux dépendra de la qualité de la rénovation votée par  chaque copropriété. Avec un risque, celui d’une rénovation à vitesse variable, selon le temps que mettra chaque copropriété pour effectuer la scission et les appels d’offres. Et une réhabilitation inégale, chaque copropriété décidant de la qualité, donc du coût, des travaux.

Les conventions donnent une estimation de 8,3 millions d’euros pour les 80 et 100 galerie de l’Arlequin pour la partie rénovation, plus 1,1 million pour la scission/segmentation et 19,6 millions d’euros pour les 130, 150 et 170, plus 1,7 million pour la scission/segmentation. Soit une addition de 30 millions d’euros. L’Anah apporterait plus de 15 millions d’euros. La Métro au maximum 7000 € par logement social, la Ville 3000 €, soit respectivement 1,8 million d’euros et 800 000 €. Le reste des coûts serait supporté par les bailleurs sociaux, aidés par l’Anru.

Situation actuelle de la copropriété du 60-120 galerie de l'Arlequin, telle que présentée au conseil municipal, avec en jaune les logements privés et en rouge les logements publics. (schéma : Le Crieur de la Villeneuve, base : mairie de Grenoble)

Situation actuelle de la copropriété du 60-120 galerie de l’Arlequin, telle que présentée au conseil municipal, avec en jaune les logements privés et en rouge les logements publics. (schéma : Le Crieur de la Villeneuve, base : mairie de Grenoble)

 

Proposition de segmentation de la copropriété du 60-120 galerie de l'Arlequin, telle que présentée au conseil municipal, avec en jaune les logements privés et en rouge les logements publics. (schéma : Le Crieur de la Villeneuve, base : mairie de Grenoble)

Proposition de segmentation de la copropriété du 60-120 galerie de l’Arlequin, telle que présentée au conseil municipal, avec en jaune les logements privés et en rouge les logements publics. (schéma : Le Crieur de la Villeneuve, base : mairie de Grenoble)