Marwan, Ahmed-Bilal et Ismaël, le go se joue en famille
En plein entraînement au club de go du collège Lucie Aubrac. (photo : BB)

Dans la catégorie des jeux de stratégie, il y avait les échecs et les dames. Depuis quelques années, la pratique d’un très vieux jeu, le go, se développe en France. Rencontre avec trois jeunes frères devenus adeptes.

D’abord, il y a l’aîné, Marwan, 13 ans, en classe de 4e au collège Lucie Aubrac. Puis Ahmed-Bilal, 11 ans, en 6e dans le même établissement. Et enfin Ismaël, 10 ans, en CM2 à l’école des Buttes. Et dans cette fratrie, on joue… au go. À un bon niveau puisque les trois ont participé deux fois aux championnats d’Europe, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

De gauche à droite, Marwan, Ahmed-Bilal et Ismaël Fathallah, les trois frères qui jouent au go. (photo : BB).

De gauche à droite, Marwan, Ahmed-Bilal et Ismaël Fathallah, les trois frères qui jouent au go. (photo : BB).

La pratique de ce jeu très ancien, d’origine chinoise (voir encadré), se développe en France. Mais il demeure encore assez confidentiel. Joëlle Fathallah, leur mère, raconte comment ses fils ont découvert ce jeu : « C’était à l’époque où l’école des Buttes a brûlé pour la deuxième fois, en 2012. L’école a fermé et les élèves ont été répartis dans les autres écoles et, pour les plus grands, au collège. »

Grenoble, Paris, Londres, Amsterdam

Marwan, l’aîné, enchaîne : « Lors de l’école ouverte, pendant les grandes vacances, il y a eu une initiation au jeu de go. J’y ai été un peu par hasard, un peu par curiosité. J’ai aimé tout de suite. »

Ses frères s’initient au jeu dans la foulée. Pour Ismaël, le benjamin de la fratrie, « tout lui plaît dans le jeu, surtout les matches ».

Marwan « ça permet de faire beaucoup de rencontres ». Surtout, qu’à la différence d’activités beaucoup plus pratiquées comme le foot, le go permet, dès le début, de partir assez loin. Championnats de Rhône-Alpes, championnats de France et même championnats d’Europe, les trois gamins voyagent beaucoup.

L’an dernier, c’était à Londres, pour les championnats d’Europe. Cette année, à Zandvoort, en banlieue d’Amsterdam. « C’était notre première fois aux Pays-Bas », raconte Marwan, « on a eu un peu de temps libre pour visiter, mais bon, il n’y a que des coffee-shops… » Son plus petit frère poursuit : « Des fois, c’est quand même dur de parler en anglais. » De quoi faire des envieux et des ragots : « certains me font des remarques, ils me disent que c’est nul de partir en Hollande juste pour ce jeu. Moi je pense qu’ils sont jaloux. », raconte Ismaël.

« Ils sont bien occupés »

Une « passion » à gogo pour les trois frangins, qui jouent trois fois par semaine : le mardi au club du collège Lucie Aubrac, le mercredi et samedi au club de go de Grenoble, en centre-ville. « En plus, ils font du basket ou de la boxe. De l’arabe aussi. Ils sont bien occupés… », admet Joëlle. L’aide-soignante à domicile voit plutôt d’un bon œil cette activité : « D’habitude, on a du mal à les canaliser mais quand ils jouent au go, ils arrivent à rester concentrés deux heures d’affilée. »

Le jeu de go :

Le go est un très ancien jeu de stratégie inventé en Chine il y a plus de 2000 ans. Très populaire en extrême-orient (Japon, Corée, Chine), il se joue de plus en plus en Europe depuis une cinquantaine d’années. Le but est de constituer un territoire avec des pions, appelées pierres. Ces pierres peuvent être disposées à tour de rôle (les noirs puis les blancs) sur les intersections d’un plateau quadrillé, appelé goban. Une pierre (ou groupe de pierres) entièrement entourée par l’adversaire est capturée. Le gagnant est celui qui contrôle le plus grand territoire.

Chacun veut être plus fort que les autres

jeu de go - zoom

La fédération française de go comptait un peu plus de 1300 licenciés en 2014, dont 200 en Rhône-Alpes. À Grenoble, le club de go participe aussi à l’animation d’un club à l’école primaire Bizanet et au collège Lucie Aubrac. (photo : BB)

Surtout qu’une certaine guerre d’ego règne entre les trois rejetons : « chacun veut être plus fort que les autres », énonce Marwan. Même avis pour Ahmed-Bilal : « J’ai arrêté pendant un temps, je voulais essayer une autre activité. Mon petit frère m’a doublé, ça m’a donné encore plus de motivation quand j’ai repris. »

Une passion contagieuse puisque Joëlle s’y est mis un petit peu. « Je joue très très mal », tient-elle à préciser. En comparaison de ses rejetons, on ne lui donnerait pas tort.

Les 9 et 10 mai, les trois frères étaient aux championnats de France jeunes, à Cachan, dans la banlieue sud de Paris, où ils ont obtenu des bons résultats : Ismaël a fini 2e, dans la catégorie moins 12 ans, Ahmed-Bilal 14e et Marwan 9e dans la catégorie moins de 16 ans.

Et avis aux amateurs, les championnats d’Europe 2017 auront lieu à Grenoble.

 

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