La Villeneuve « arpente » le droit à la ville
Un arpentage du livre d’Henri Lefebvre, Le Droit à la ville, a eu lieu mercredi 14 mars, à Villeneuve. (photo : EH, Le Crieur de la Villeneuve)

Mercredi 14 mars, dans la mezzanine du Patio de la Villeneuve, une quinzaine de personnes sont venues pour participer à l’arpentage du livre Droit à la ville d’Henri Lefebvre, dont le cinquantenaire de la publication donne lieu à une semaine d’action à Grenoble. Le dynamique David de l’association Planning explique que cet arpentage vise à désacraliser le livre, à expérimenter un travail collectif et à créer une culture commune. « Mais ça vient d’où le terme arpentage ? », ose un assistant à l’abri de l’arbre en bois. « Je me souviens, dit Jeannot l’œil brillant, avoir déjà « arpenté » un livre. On l’avait découpé en plusieurs parties qu’on avait lues en petits groupes. » Le visage de Grégory Busquet, spécialiste d’Henri Lefebvre venu avec l’un des rares exemplaires du Droit à la ville, s’allonge : « On va désacraliser l’auteur, pas le livre ! », dit-il en sortant des photocopies.

Une quinzaine de personnes a arpenté Le Droit à la ville. (photo : EH, Le Crieur de la Villeneuve)

Une quinzaine de personnes a arpenté Le Droit à la ville. (photo : EH, Le Crieur de la Villeneuve)

Henri Lefebvre, rappelle-t-il, a écrit ce livre lorsqu’il était professeur de sociologie à l’université de Nanterre en 1968. L’idée, pour cet adepte du marxisme, était d’élargir le concept de lutte des classes de l’usine à l’espace urbain. Le droit à la ville est à la fois un instrument de lutte et un outil de recherche, dit Grégory Busquet, lui-même professeur de sociologie urbaine à Nanterre. Ce concept recouvre « le droit d’usage et le droit d’appropriation de la ville par ses habitants », ajoute-t-il. Certes, mais nos arpenteurs ont eu parfois bien du mal à s’en saisir. « Intellectuellement, le mec euh, pfuiiiii », siffle l’un d’eux, signalant de la main que ça le dépasse. « C’est bien de lire à plusieurs, parce que quand je lâche, les autres arrivent mieux à suivre ! », avoue Jeannot. Son groupe a retenu un élément fort du droit à la ville. « Il y a cinquante ans, il écrivait déjà que la participation, ce n’était qu’un prétexte pour obtenir l’acquiescement des populations aux projets urbains. La seule vraie participation, écrit-il, c’est l’autogestion. »