In Situ, et maintenant le disque !
Le groupe In Situ sur scène, le vendredi 25 mars. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Le projet de collectage musical In Situ vient de franchir une nouvelle étape avec la sortie, vendredi 25 mars, d’un double album rassemblant 38 chansons. Malgré la fin de Sasfé, l’association qui portait jusqu’à présent le projet, In Situ peut tirer sa révérence.

Un par un, ils sont appelés à une petite table. Comme pour une remise de diplôme. En récompense, point de papier officiel mais un beau disque : In Situ, l’album. Mardi 15 mars, au soir, chez Marie Mazille et Christophe Sacchettini, deux des musiciens professionnels du groupe In Situ, les participants du projet musical viennent chercher le précieux sésame. Fruit de mois de travail, entre sessions d’enregistrements, répétitions et concerts, le double album est l’apogée de ce concept musical né il y a plus de deux ans.

Les habitants se congratulent, admirent les illustrations du livret, vérifient l’orthographe de leur nom. Beaucoup ne se connaissaient pas avant de monter sur scène mais, à voir la franche camaraderie qui règne entre eux, ils ressemblent plus à un groupe habitué à écumer les concerts sur les routes.

Chez ces musiciens – pour la plupart amateurs – c’est un sentiment de joie et de fierté qui domine quand ils tiennent « leur » disque dans les mains. « Je vais l’écouter chez moi, en rentrant ! », s’exclame un participant.

Collectage musical

Lise Leider reçoit le disque d'In Situ des mains de Christophe Sacchettini, le 15 mars 2016. (photo : Benjamin Bultel, Le Crieur de la Villeneuve)

Lise Leider reçoit le disque d’In Situ des mains de Christophe Sacchettini, le 15 mars 2016. (photo : Benjamin Bultel, Le Crieur de la Villeneuve)

In Situ, c’est du « collectage » musical : aller chercher les chanteurs et les musiciens du quartier, pros ou amateurs, pour leur faire pousser la chansonnette. Et dans un quartier comme Villeneuve, où se côtoieraient 40 nationalités, le résultat est forcément multiculturel. Chants en français, en arabe, en espagnol, en polonais, en perse ; accompagnement à la guitare, au violon, à l’accordéon, au thérémine ; In Situ est un mélange.

Le Crieur avait rencontré, en février 2015, Marie et Christophe, deux des quatre musiciens qui composent l’équipe artistique (avec Norbert Pignol et Patrick Reboud). Marie racontait la genèse du projet, en 2008 : « Je me souviens très bien de la scène : j’étais en bas de l’allée de la pelouse, je rentrais de Saint-Marcellin, où je faisais un collectage de comptines d’assistantes maternelles. Et là, ça a fait tilt ! Je me suis dit que le collectage, ça serait un truc génial à faire à la Villeneuve, que le quartier avait un énorme potentiel. »

In Situ mettra cinq années à voir le jour lorsque, fin 2013, une nouvelle équipe reprend Sasfé, la principale association culturelle du quartier. Marie et Christophe seront associés à cette reprise.

Les habitants s’expriment

Au même moment, la mobilisation des habitants contre le reportage d’Envoyé spécial, Villeneuve, le rêve brisé, donne au projet In Situ une dimension revendicative : montrer le quartier de la Villeneuve sous un autre jour, loin de l’image de « ghetto », de « chômage, pauvreté, délinquance et violence », présentée par France 2.

Le disque en est l’antithèse : les habitants qui prennent la parole, le professionnalisme de la création multiculturelle, l’illustration de la diversité du quartier. Les petites intros sonores des chansons, composées de sons emblématiques de la Villeneuve – sonnerie du collège, bruit des ascenseurs, commerçants du marché – rappellent l’ambiance inimitable du quartier.

À la clé, deux concerts : en juin 2014, lors du festival Quartiers libres, organisé par Sasfé, et le 1er octobre 2015, pour l’ouverture de la saison 2015-2016 de l’Espace 600, le théâtre de la Villeneuve.

Précisions
In Situ a été porté pendant deux ans par l’association Sasfé, jusqu’à la fin programmée de l’association, minée par les baisses de subventions publiques dans le domaine de la culture (lire l’article Est-ce ainsi que les associations meurent ?). Aujourd’hui, le projet est suivi par le label MusTraDem (musiques traditionnelles de demain) et par le festival Les Détours de Babel, dans le cadre d’un concert sur la place des Géants, vendredi 25 mars.

Le lancement officiel de l’album, pressé à 1500 exemplaires, s’est fait lors du concert du groupe sur la place des Géants, dans le cadre du festival Les Détours de Babel, vendredi 25 mars.