Plan d’austérité, fermeture de services publics
La mairie a annoncé la fermeture de la bibliothèque Prémol, au Village Olympique. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Éric Piolle le répète inlassablement, la ville de Grenoble est sans le sou. Jeudi 9 juin, elle annonce une série de mesures visant à faire des économies. Parmi les plus symboliques, la fermeture de deux maisons des habitants et de trois bibliothèques, dont Prémol. Les habitants du Village Olympique montent déjà au front.

Jeudi 9 juin, l’équipe municipale tient une conférence de presse pour officialiser des informations qui avaient déjà largement fuité dans la presse. La ville de Grenoble, « menacée d’être mise sous tutelle par l’État », a les caisses vides. Éric Piolle, le maire, accuse la baisse des dotations de l’État et annonce qu’il faut se serrer la ceinture. Une centaine de mesures sont annoncées, allant de la municipalisation d’équipements culturels à la réduction du nombre de voitures de la ville. À Grenoble, il ne faut pas dire plan d’austérité, mais « plan de sauvegarde des services publics », comme il ne faut pas dire licenciement économique mais plan de sauvegarde de l’emploi.

Lors de la conférence de presse, jeudi 9 juin. De gauche à droite, Alain Denoyelle, Mondane Jactat, Éric Piolle, Élisa Martin et Corinne Bernard. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Lors de la conférence de presse, jeudi 9 juin. De gauche à droite, Alain Denoyelle, Mondane Jactat, Éric Piolle, Élisa Martin et Corinne Bernard. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

Ce « plan de sauvegarde » se traduira par la suppression d’une « centaine de postes » d’agents municipaux, à l’horizon 2019. La mairie promet qu’il n’y aura pas de licenciement, les suppressions de poste consisteront en des départs en retraite ou des mobilités non remplacés.

Des fermetures de services municipaux

Plusieurs services municipaux devraient fermer et les quartiers sud sont les principaux concernés. Deux maisons des habitants font partie du lot, les Eaux-Claires et Bajatière. Élisa Martin, l’adjointe à la Tranquillité publique, explique que ces deux MDH ont été choisies « à cause de leur proximité avec d’autres MDH », respectivement celle de Mistral et celle de Teisseire. Si les services municipaux fermeront, les bâtiments resteront ouverts pour des « animations reportées sur les unions de quartier et les structures d’éducation populaire ». En espérant que la ville leur donne les moyens financiers d’assurer ces animations.

La mairie souhaite aussi tourner la page pour trois bibliothèques : Hauquelin (quartier Notre-Dame), Alliance (quartier des Alliés) et Prémol (Village Olympique). Selon Corinne Bernard, adjointe à la Culture, « nous avons fait le choix de fermer les trois plus petites bibliothèques de la ville ».

Prémol résiste

Les habitants ont du mal à avaler la pilule. Pendant la conférence de presse, une manifestation se tient devant la mairie. Certains manifestants réussissent même à rentrer dans le bâtiment, jusqu’à ce qu’ils se fassent évacuer et que l’alarme de la mairie retentisse, interrompant pendant plusieurs minutes le discours du maire.

Au Village Olympique, les habitants préparent la résistance. Une habitante promet aux élus une fête de quartier houleuse, samedi 11 juin, et prévient : « On ne va pas se laisser faire ! La bibliothèque avait déjà été menacée de fermeture il y a 20 ans [en fait 25, ndlr], les habitants avaient caché les livres ! »

Le blog du Village olympique retrace cet événement : « A l’automne 1991, les habitants apprennent que la Mairie supprime la section adulte de la Bibliothèque du quartier. Ils réagissent en confisquant les livres qui seront cachés en lieu sûr… chez le curé… Il reste dans les archives la convocation du Président de l’Union de Quartier, Louis Marengo, par la police pour affaire le concernant… C’était au temps où il y avait un bureau de police à l’Arlequin. Mais la bibliothèque est devenue une bibliothèque pour enfants… qui, à son tour, a failli ne jamais rouvrir, mais c’est une autre histoire ! »

Le post de blog est accompagné d’un article du Dauphiné Libéré, daté du 26 novembre 1991. Un certain Michel Destot, futur ex-maire de Grenoble, à l’époque conseiller municipal et, déjà, député de l’Isère, parle, à propos de cette fermeture, d’un « désengagement de la ville suite à une gestion financière désastreuse. » Les plans d’austérité, ça ne date pas d’hier.