Pas de registre, pas de (co)construction
Les membres du collectif contre les démolitions réclament l’accès au registre d’expression des habitants, au Patio. (photo : BB, Le Crieur de la Villeneuve)

C’est l’histoire d’un cahier qui devrait être librement accessible dans un lieu facilement identifiable du quartier. Un cahier de doléances, pour que chacun puisse exprimer son ressenti à propos des futurs projets de rénovation urbaine (lire l’article Plus de parcs, moins d’immeubles). Sauf que difficile de mettre la main sur ledit cahier.

Lundi 5 mars, des habitants, notamment des membres du collectif contre les démolitions, avaient convoqué la presse pour témoigner de l’impossibilité d’avoir accès à ce cahier de doléances, registre d’expression des habitants de son vrai nom. La date n’avait pas été choisie par hasard car la concertation devait prendre fin le mardi 6 mars. Finalement, après aller-retours et mobilisation du personnel administratif de la maison des habitants du Patio, le registre a pu été présenté aux habitants.

Plusieurs personnes rencontrées par Le Crieur avaient cherché à avoir accès à ce registre la semaine d’avant, sans succès. « Mardi [27 février], je suis allée au Patio pour demander le registre, les agents d’accueil n’en avaient pas entendu parler. J’y suis retournée le vendredi [2 mars], là ils connaissaient ce registre mais n’ont pas réussi à mettre la main dessus… », raconte Bernadette Richard-Finot, conseillère municipale de la ville de Grenoble et opposante à la démolition du 20 galerie de l’Arlequin. Difficile d’exprimer son avis si le principal outil pour le faire est inaccessible. Les membres du collectif parlent d’un « profond mépris pour la participation citoyenne dans les quartiers populaires ». « Même la consultation règlementaire, inscrite dans la loi Lamy, ils ne la font pas… », ironise André Béranger, habitant et membre du collectif.

Absence de communication

Au delà de l’accès compliqué au registre, les membres dénoncent l’absence de communication autour de ce recueil d’avis. « Nous avons eu connaissance de ce registre lors d’une permanence de Maryvonne Boileau [élue en charge de la Politique de la ville, ndlr] », expliquent les membres du collectif. Avec seulement quatre avis consignés avant le lundi 5 mars, alors que ce cahier était disponible depuis le 8 décembre 2017, le registre n’a pas attiré les foules. Une personne qui a écrit dans ce registre raconte l’avoir fait lors… d’une permanence à Villeneuve de Maryvonne Boileau. Les avis pouvaient aussi être déposés en ligne, sur le site dédié (https://participation.lametro.fr/project/le-projet-des-villeneuves-donnez-votre-avis/presentation/les-enjeux-du-renouvellement-urbain), qui compile les avis déposés volontairement et ceux recueillis lors d’ateliers organisés par la Métro. Avec 83 contributions pour les projets sur les deux Villeneuves (celle de Grenoble et celle d’Échirolles, soit au bas mot 15 000 habitants), le site n’a pas non plus eu un grand succès.

Jointes par Le Crieur, ni la mairie de Grenoble ni la Métro n’ont souhaité répondre à nos questions.