Nicolas Virapin, l’athlète en or
Nicolas Virapin avec ses trois médailles obtenues aux Trisome Games, à Florence, en juillet. (photo : Benjamin Bultel, Le Crieur de la Villeneuve)

Si la Villeneuve a vu émerger plusieurs sportifs de très haut niveau, Nicolas Virapin sort un peu du lot. Avec trois médailles, dont deux en or, pour sa première compétition internationale, l’athlète promeut le sport adapté.

C’est un trentenaire d’une grande timidité et pourtant Nicolas Virapin possède déjà un palmarès à rendre jaloux bon nombre de sportifs : deux médailles d’or, une de bronze et une très honorable 4e place, le tout dans la même compétition.

Dans son appartement de la galerie de l’Arlequin, où il vit avec sa mère, il n’est pas peu fier de montrer ses trois médailles glanées aux Trisomes Games, l’équivalent des Jeux olympiques pour les personnes atteintes de trisomie 21. Du 15 au 22 juillet dernier, à Florence, en Italie, Nicolas Virapin a couru pour l’équipe de France de sport adapté. C’est un défi de lui faire décrocher un mot. Le plus souvent, c’est Catherine, sa mère, qui prend la parole.

Deux titres mondiaux

« C’était la première fois qu’il y avait un sportif français en athlétisme. », explique Catherine Virapin. « Ils [la Fédération française de sport adapté, FFSA, ndlr] ont décidé de l’inscrire en combiné alors qu’il n’avait jamais fait de lancer de poids. La veille, l’entraîneur était encore à lui montrer le geste ! ». Nicolas obtient la 9e place en poids mais cumulée à ses premières places en saut en longueur et au 100 mètres, il décroche le titre mondial en combiné.

Dans la foulée, il obtient la médaille d’or en saut en longueur, le bronze au 200 mètres et finit 4e de l’épreuve du 100 mètres.
« J’ai su qu’il y avait cette compétition, j’ai sauté sur l’occasion et je l’ai inscrit. », raconte Gabriel Courbon, responsable d’activité et secrétaire de l’ALESA (Amicale laïque Échirolles sport adapté), le club où s’entraîne Nicolas. « Il fallait vaincre les réticences de Catherine et de Nicolas, mais j’étais persuadé qu’il pouvait être titré. » Il a eu le nez creux.

« Dans l’absolu, les trisomiques pourraient participer aux Jeux paralympiques », explique Marc Truffaut, président de la FFSA, « soit dans les catégories réservées aux déficients intellectuels, soit dans celles réservées aux personnes de petite taille, mais les trisomiques cumulent les deux handicaps. » Or « le niveau a beaucoup progressé aux Jeux paralympiques », ne laissant aucune chance aux trisomiques d’y briller. « Il y a donc eu la volonté de créer une compétition – les Trisome Games – qui prenne en compte la singularité des trisomiques. », complète le président de la FFSA.

Vedette ?

Nicolas deviendrait-il une vedette pour son club ? « Absolument », répond Gabriel Courbon. « On a déjà 35 sportifs en sport adapté, c’est pas mal ! », mais la pub faîte par les titres de Nicolas « va permette d’inciter jeunes à venir à l’ALESA. » La FFSA revendique 61 000 licenciés.

Nicolas connaît bien l’ALESA pour y pratiquer l’athlétisme depuis 17 ans. Son père, mort alors que Nicolas était encore ado, était marathonien et entraîneur à l’ALESA. C’est lui qui a initié Nicolas et son frère au sport.

Quel cirque !

En plus de l’athlétisme, Nicolas travaille à l’ESAT (Établissement et service d’aide par le travail), pratique le tennis et fait partie de la compagnie de cirque La Troupe de Pas Sages, destinée aux déficients intellectuels.

Handisport et sport adapté
Aux handicapés moteurs le handisport, aux handicapés mentaux le sport adapté. Le public connaît surtout les Jeux paralympiques, ouverts aux handicapés moteurs et mentaux, qui ont lieu tous les quatre ans, (été et hiver). De 2004 à 2012, les athlètes handicapés mentaux ont été interdits de participation (suite à un scandale impliquant l’équipe d’Espagne de basket-ball en 2000 (1)). Les sourds disposent de leur propre compétition, les Deaflympics. Les handicapés mentaux peuvent prendre part aux Jeux olympiques spéciaux et aux INAS Global games (Fédération internationale de sport pour personnes avec un handicap mental). Les seconds sont réservés aux athlètes de haut niveau. Enfin, les trisomiques 21 ont depuis cette année leur compétition dédiée, les Trisome Games.

Sa mère est très impliquée auprès de son fils : « Nicolas bénéficie de ces structures. Il ne faut pas être que consommateur, il faut donner de son temps. » Ainsi, elle est responsable de l’activité athlétisme à l’ALESA : « Quand j’accompagne Nicolas à l’entraînement, plutôt que de rester à rien faire, autant filer un coup de main ! »

Avec sa moisson aux Trisome Games, Nicolas Virapin va être reconnu comme sportif de haut niveau. Il bénéficiera d’horaires aménagés à l’ESAT. Il doit aussi penser à l’après compétition surtout que la reconversion, déjà difficile pour les sportifs de haut-niveau « ordinaires », est « plus complexe encore pour les athlètes en sport adapté ».

Pour le moment, il souhaite se concentrer sur la compétition. En ligne de mire, le record du monde de saut en longueur, 4 m 28, à 4 cm du sien. Et dans quatre ans, les Trisome Games.


(1) Dix des 12 joueurs de l’équipe n’avaient aucun handicap. Voir : http://www.francetvsport.fr/paralympiques/sport-adapte-aux-paralympiques-une-parenthese-de-huit-ans-357743