Moins de blabla, plus de concret

Après avoir réfléchi chacun de leur côté sur les projets du nouveau volet de la rénovation urbaine, habitants et élus ont échangé leurs idées.

Ce samedi matin, les bannettes sont remplies de croissants, les thermos de café s’alignent sur le comptoir, tout est prêt pour un petit-déjeuner remue-méninges. Au restaurant L’Arceau, rue Marie Reynoard, une cinquantaine d’habitants de la Villeneuve et du Village-Olympique côtoient une bonne partie de l’équipe municipale de Grenoble.

Habitant(e)s et élu(e)s (ici, à gauche, Élisa Martin, adjointe au Parcours éducatif et à la Tranquilité publique) mettent en commun leur réflexion. (photo : BB)

Nouvelle étape de la coconstruction des projets de rénovation urbaine, cette rencontre habitants – élus doit servir à la fabrication d’un « projet partagé entre élus et citoyens ». Les habitants des quartiers concernés par le NPNRU (Villeneuve et Village-Olympique à Grenoble) ont déjà beaucoup produit de pistes de réflexion, notamment lors de la concertation au 1^er semestre 2014 et de la semaine dite de coconstruction en avril 2015.

De leur côté, les élus ont eu le droit à un séminaire de réflexion en juin. Il s’agit désormais de confronter les idées.

Smileys

Réunis par table thématique (culture, emploi, habitat), habitants et élus, cette fois-ci mélangés, échangent pendant plus de deux heures. Il y avait la politique du post-it (l’utilisation massive de ce système de prise de décision dans les réunions publiques, voir Le Postillon, février-mars 2015), il y a maintenant la politique du smiley. « Des smileys sont là pour vous aider à exprimer votre niveau de convergence », explique la responsable d’Attitudes urbaines, le bureau d’étude en charge de recueillir la parole des habitants. Smiley content 🙂 lorsque habitants et élus sont d’accord, smiley sceptique 😐 lorsqu’il reste des points à approfondir. Méthode qui a le mérite d’être simple.

Après la mise en commun, les propositions serviront de base de travail à la future équipe pluridisciplinaire. (photo : BB)

Rapidement, un constat s’impose chez les habitants, partagé par une partie des élus : les propositions des habitants sont souvent beaucoup plus détaillées que celles des élus. Mondane Jactat, élue à la Santé, s’étonne : « Je suis surprise que le thème de l’emploi durable, présent chez les habitants, n’apparaisse pas chez les élus. »

Blabla

Amenés à commenter les propositions faîtes, les habitants utilisent leur expertise d’usage. Najet : « C’est beaucoup de blabla, on est d’accord sur tout ça mais quelles actions concrètes ? Quels moyens humains ? » Mohamed abonde : « Pour l’emploi, ça reste au niveau des paroles. Personne n’a été embauché pour l’instant. » Loin d’être dupes, les habitants réclament ainsi le bilan des embauches du premier volet de la rénovation urbaine (Anru 1 ou PNRU), encore en cours.

« N’importe qui peut signer ce document de propositions… », critique Léo. Cet habitant n’est pourtant pas avare en suggestions : « Quand la Métro ou la mairie signe un contrat avec une entreprise privée, qu’elle exige des embauches. » Moins de belles phrases, plus de propositions concrètes, l’adage de cette matinée. Guy, un habitant, résume avant de partir : « Un peu de temps perdu pour beaucoup de blabla. Mais bon, peut-être qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement.Et quelques petites choses en sont sorties. »

Équipe pluridisciplinaire

Éric Piolle (maire de Grenoble) et Renzo Sulli (maire d’Échirolles) ont conclu la rencontre élus-habitants. (photo : BB)

À la fin de la mise en commun, les deux maires – Éric Piolle, maire de Grenoble, et Renzo Sulli, maire d’Échirolles – prennent la parole. Principale annonce : l’arrivée de l’équipe pluridisciplinaire en charge de la rénovation urbaine. « Le conseil de la Métro [qui a récupéré les compétences en matière d’urbanisme depuis le passage en métropole de l’agglo grenobloise, ndlr] du 18 décembre actera la décision de l’équipe retenue. », explique Sulli. Cette équipe sera chargée d’élaborer les projets de rénovation urbaine, en lien avec les habitants et les élus.

Piolle, lui, loue « la volonté de dialogue de la mairie symbolisée par la présence de la moitié de l’équipe municipale. » Et met en avant les nouvelles instances de démocratie locale mises en place par la mairie : « Les tables de quartier sont fondamentales. Ce sont un lieu d’intégration fort. Sinon, on repart comme avec l’Anru 1, en construisant des silos. »

Du côté des habitants, point de volonté de silos. Mais des propositions un peu plus concrètes.