Un préavis de grève dans plusieurs collèges de l’agglomération, dont le collège Lucie Aubrac, a été déposé pour le lundi 19 janvier. Les enseignants contestent un projet de réforme de l’accueil des élèves allophones — des élèves dont la langue maternelle n’est pas le français. Un rassemblement est prévu devant le collège à huit heures. Un cortège devrait rejoindre l’Inspection académique, rue Joseph-Chanrion, à 11 heures.

Les 256 élèves allophones de l’agglomération bénéficient aujourd’hui de « 12 heures de FLE [français langue étrangère] par semaine pour les grands débutants et de six heures pour les non-débutants », détaille Candie Callu, professeur de FLE au collègue Lucie Aubrac. À ces heures s’ajoutent des cours de soutien dans différents matières (mathématiques ou histoire-géo par exemple) spécialement destinés aux élèves allophones. « Il y a différents profils, certains ont des bases en français, d’autres n’en ont aucune, avec souvent une absence de scolarisation avant leur arrivée au collège », explique Xavier Lecoq, prof d’espagnol dans le même établissement. À Lucie Aubrac, ce sont 30 élèves qui suivent le parcours UPE2A (Unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants).

« Casse-pipe »

Le projet de l’Inspection académique vise à intégrer davantage les élèves allophones dans les classes ordinaires et donc à supprimer les cours spécifiques de soutien. Une fausse bonne idée pour les enseignants du collège : « On a été accusé de stigmatiser les gamins, mais non, on leur offre les moyens de progresser », se défend M. Lecoq. « Il faut être réaliste : dans certaines matières, c’est compliqué pour les élèves allophones de suivre les cours des classes ordinaires, c’est les envoyer au casse-pipe ».

La réforme ne doit être mise en place qu’à la rentrée 2015. Les enseignants s’en inquiètent depuis plusieurs mois. « Nous avons envoyé un courrier pour rencontrer l’Inspection académique fin novembre, nous n’avons pas eu de réponse. », raconte M. Lecoq. Jeudi 15 janvier, les enseignants ont toutefois été reçus par l’Inspection académique, sans que cette réunion ne débloque la situation. Les enseignants ont donc décidé de maintenir leur grève.

Inclusion

Contacté par Le Crieur, Étienne Morel, le directeur adjoint de l’Inspection académique de l’Isère, explique que ces changements sont dus à l’application d’une circulaire datant de 2012. « L’objectif est de rapprocher la prise en charge des élèves de leur lieu de vie. Il va y avoir une augmentation du nombre de dispositifs d’accueil des élèves allophones : plus de collèges pour les accueillir, donc moins d’élèves allophones par établissement [leur nombre passerait de 30 à 24]. » Le directeur adjoint soutient l’inclusion des élèves dans des classes ordinaires : « ce dispositif existe déjà dans le reste du département, les résultats dans ces collèges y sont au moins identiques ».

M.Morel s’est dit prêt à « travailler avec les enseignants, notamment sur les élèves les plus en difficulté » mais admet que « le schéma global est, a priori, arrêté ». Ce qui laisse peu de place à la négociation.